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24 mars 2017

TOMATES — SALADE — OIGNON

TOMATES — SALADE — OIGNON

Qu’est-ce que la politique culturelle

pour les petites et moyennes villes françaises ?

Voici une vingtaine d’année que je vis dans une ville de province de taille moyenne, à Tours (France). En tant qu’acteur culturel bénévole, j’ai eu l’occasion de m’imprégner des pratiques de la vie politico-culturelle dans un cadre local comme à l’échelle régionale. Après avoir observé d’autres villes de province et discuté avec quelques-uns des acteurs en place, il apparaît que la Ville de Tours illustre une politique culturelle similaire à d’autres villes moyennes, entre 50.000 et 300.000 habitants. Mon objectif n’est pas de comparer les contenus des programmations municipales, ou de citer la meilleure des politiques culturelles en province ; je ne traiterai pas non plus des orientations politico-artistiques des acteurs culturels ni des chapelles qu’ils défendent. Mon entreprise est subjective et révèle des façons de faire comme des manières de voir propres à « une gestion culturelle centralisée à la Française » depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Car si la décentralisation a eu lieu dans les régions en termes de délégation des pouvoirs, il apparaît que la culture est encore centralisée.

LA CULTURE POLITIQUE

En termes d’actions territoriales, le maire d’une ville de province m’est toujours apparu plus puissant qu’un ministre, il peut avoir une vision politique qui le mène à construire un tramway, à développer une industrie chimique, automobile ou pétrolifère, ou au contraire laisser les choses telles qu’elles sont et gérer les affaires courantes. Comme chacun sait, et concernant les élections de petites ou moyennes villes, rien ne sert de courir, il faut pointer son nez au bon moment ; c’est à la fois une question de climat ainsi que de cycle plus ou moins long entre La droite et La gauche, voire les extrêmes. En conséquence, l’élection des maires dans les petites ou moyennes villes de province tient parfois du pur hasard.

Les habitants veulent « un bon maire », une femme ou un homme ayant la tête sur les épaules et proche des citoyens. La plupart n’attendent pas d’un maire de province une politique de droite ou de gauche, ils sont suffisamment aliénés et stupéfaits par la politique people et parisienne surexposée par l’ensemble des médias. La tâche d’un « bon maire » devrait se réduire à gérer et compter : pas (trop) d’endettement, une vision heureuse et ouverte sur « l’avenir de nos enfants », une justice sociale maintenue à bout de bras et sur le bout des lèvres, juste ce qu’il faut d’initiatives éducatives et touristiques, des réponses concrètes aux doléances des commerçants et des entrepreneurs, etc. La République française produit parfois des visionnaires, il reste que la majeure partie des maires ambitionnent d’avoir le même tramway, le même complexe sportif, le même festival national drainant des entreprises et des devises touristiques sur leurs territoires.

Tout comme nos élus nationaux, la majorité des maires de France a un énorme défaut, elle veut à tout prix rester accrocher aux lustres de la salle des fêtes jusqu’à la retraite. En conséquence, il s’agit d’encourager et d’obtenir coûte que coûte les voix des futurs électeurs — dans les limites des alliances acceptées par les centrales politiques. À ce titre, nous assistons régulièrement à des dérapages tactiques qui finissent par alimenter nos médias nationaux — ce qui, en outre, confirme notre diagnostique concernant « la maladie de la réélection ». De ce point de vue, La politique culturelle d’une ville moyenne n’est ni plus ni moins qu’une stratégie au service de la raison municipale, donc au service du « Bureau des réélections ».

LA POLITIQUE CULTURELLE

La politique culturelle dans nos provinces françaises s’orchestre sous la forme d’une triangulation intéressante, elle obéit à trois axes et se réfère à un pivot. Le pivot est bien entendu Paris, telle une centrale d’achat pour les acteurs culturels de province. Il reste que dans le domaine de la culture les achats sont parfois décentralisés, comme à Avignon (théâtre) ou à Cannes (cinéma). Deux des trois axes qui préoccupent un maire sont la Culture Bourgeoise (parce que trop dépensière) et la culture populaire (réservoir inépuisable de voix). Le troisième axe est en dehors de la vision du Maire, tel un angle aveugle, un territoire souterrain où il existe peu d’électeurs. En d’autres termes, un maire de province ignore la culture dite underground, ou encore crypto-contemporaine.

Dans la locution « politique culturelle », le mot « politique » précède le mot « culturelle ». Il n’est donc pas question de culture au sens propre du terme, il s’agit toujours de savoir comment la culture est utile à la raison municipale (départementale, régionale, nationale), et dans quelle mesure elle accompagne et sert les projets municipaux (départementaux, régionaux, nationaux) se rapportant à la bonne gestion de la ville (département, région, nation). Il s’agit d’organiser le territoire, de distribuer les cartes, de ventiler un portefeuille d’actions pour contenter le maximum d’électeurs (potentiels). En règle générale, le travail ne consiste pas à évaluer le nombre d’électeurs qui pourrait être touché par telle ou telle politique culturelle, puisqu’au fond, toutes les politiques culturelles des petites ou moyennes villes sur le territoire français sont similaires, voire identiques — et soutenues par les automatismes des administrations municipales, ceux-ci étant entretenus, complétés et renouvelés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale au gré des évolutions du paysage culturel tout droit issu des « créations parisiennes » — à titre d’exemple : La Fête de la Musique, les centres chorégraphiques, les théâtres nationaux, les centres d’art ou les FRAC, la vague des médiathèques, etc. Bien entendu, la création de structures culturelles originales (issues de coutumes ou d’histoires locales) se superpose aux diktats culturels nationaux. Ces forces sont incarnées par des acteurs culturels (souvent enracinés localement) ; elles sont accompagnées par les techniciens municipaux (départementaux, régionaux, nationaux) représentant la zone tampon entre ces mêmes acteurs et les élus locaux (départementaux, régionaux, nationaux).

DE LA CULTURE BOURGEOISE

La ville de Tours n’échappe pas aux catégories suivantes : culture bourgeoise patrimoine ; culture populaire ⇒ divertissements ; cultures underground ⇒ police municipale. Le patrimoine et la culture bourgeoise incarnent le socle idéologique des professions libérales et des notables de province (de droite ou de gauche). Ce socle représente également un symbole démocratique ainsi que sa manifestation critique tout droit issue des Lumières. En d’autres termes, pas de démocratie sans actions culturelles, produites en des lieux désormais quelque peu feutrés et sous perfusions parisiennes, qui remettent en cause l’esprit veule et cloisonné du bourgeois de province. Dans les villes moyennes, et en dehors des acteurs culturels, « l’esprit critique » a son public représenté la plupart du temps par des femmes, des retraités, des étudiants, ou encore des groupes scolaires (souvent contraints et forcés) d’apprécier les circonvolutions de la langue française.

À Tours, les structures telles que le CCNT, le Théâtre Olympia, l’Opéra, le CCC OD, le Musée des beaux-arts, le Conservatoire de Région, L’Académie Francis-Poulenc, voire Le Petit Faucheux et Le Temps Machine, etc., entretiennent les symboles élitistes et disciplinaires de la Culture avec un grand C. Du point de vue d’un maire lambda, il est évident que ce type de package culturel coûte beaucoup plus cher qu’il ne rapporte — du moins si l’on en croit le nombre d’électeurs concernés par ces hauts lieux de culture. Il reste que le coût et l’entretien de ces structures sont indispensables. Dans le cas contraire, l’esprit des Lumières, socle symbolique de la culture bourgeoise, démocratique et républicaine s’effondrerait. La rupture des liens avec l’étrange et l’étranger réduirait le sens critique à peau de chagrin (rupture avec laquelle les extrêmes sont par ailleurs en accord). D’un autre côté, et au-delà des vertus démocratiques de la culture bourgeoise, et de façon plus pragmatique, il s’agit de transformer la culture en patrimoine, donc de générer une économie touristique et commerciale de prestige.

À TOURS DE BRAS

Questionnons justement les effets de la culture bourgeoise sur le patrimoine, ou pour le dire autrement, interrogeons les effets de la patrimonialisation. Ça tombe bien, nous avons un exemple sous la main avec la création du CCC OD — Centre de Création Contemporaine Olivier Debré. La consécration-réhabilitation tardive d’un peintre des années 50 exposé dans les murs d’un centre d’art participe pleinement des effets de la patrimonialisation. Ici, nous trouvons un cas exemplaire d’instrumentalisation politique de la culture (bourgeoise) au profit d’une famille bourgeoise (les Debré). L’exposition inaugurale du CCC OD propose par ailleurs deux expositions événementielles réglées sur la rencontre entre l’âme d’Olivier Debré et l’aura de la Reine de Norvège. À la vue des précédentes propositions du CCC, sommes-nous descendus de quelques degrés en termes de programmation ? À moins que ce nouveau et gigantesque bâtiment ait pour vocation de lessiver et de blanchir les contenus ? Ou bien faut-il requalifier le CCC OD et le nommer CCM OD, Centre de Création Moderne Olivier Debré ? En d’autres termes, a-t-on anticipé qu’une institution d’art contemporain expérimentale et scientifique puisse naître des cendres du feu CCC ? Ou bien est-ce encore un musée lardé de quelques tranches d’art contemporain ?

Donc, serait-il possible d’imaginer d’autres perspectives dans le cadre d’une politique culturelle ambitieuse, pédagogique et publique ? Par exemple, pouvons-nous imaginer une politique d’acquisition commune articulée avec la Section contemporaine du Musée des Beaux-Arts (ayant pour le moment toutes les qualités du vide intersidéral), elle-même renforcée par un comité composé d’acteurs régionaux, voire d’amateurs d’art et d’experts internationaux ? Mais aussi, et à la vue du bâtiment (réhabilité) dont bénéficie l’École d’art de Tours, pouvons-nous imaginer de créer des partenariats invitant des étudiants de fin de cycle à exposer dans des conditions professionnelles comme le fait, par ailleurs, le Creux de l’Enfer à Thiers ? Et au-delà, pouvons-nous imaginer travailler conjointement, ne serait-ce qu’en termes d’agenda et de parcours, avec les associations locales ? Mais aussi avec les artistes régionaux (contemporains) ? Comme de développer des commissariats transversaux avec le Transpalette (à Bourges) ou le Confort Moderne (à Poitiers), voire l’Atelier Calder (à Saché), ou avec des curateurs internationaux et locaux ? En outre, et au-delà des cycles de conférences en lien avec l’université, pouvons-nous imaginer des séminaires ouverts sur les pratiques artistiques post-coloniales, féministes et queer ? Et si l’on parle de pratiques transversales, le CCC OD peut-il accueillir des formes performatives du CCNT (éloigné du centre ville), ceci en regard de l’histoire contemporaine de la danse s’imprégnant et s’inspirant (aussi) des performances des artistes plasticiens ? Mais aussi des expositions autour du livre d’artiste, une invention des années 60 qui n’a pas cessé d’évoluer ? Mais aussi la relation art contemporain et cuisine, et pas seulement sous la forme de petits-fours ? Mais aussi entretenir des rapports fructueux avec la création numérique qui couvre 50 ans d’histoire, de l’art vidéo au net-art en passant par le documentaire d’auteurs indépendants ? Mais aussi inviter régulièrement des professionnels du Design se rapportant au textile, au graphisme, à l’espace, et aux pratiques sonores contemporaines ? Etc. Bref, même si l’imagination est un concept parisien, sera-t-il un jour possible d’imaginer un VRAI centre d’art contemporain à la mesure de ce grandiose bâtiment ? Donc, une direction sous la forme d’un think tank permanent ?

DE LA CULTURE POPULAIRE

La politique culturelle d’une ville moyenne de province se doit d’entretenir une culture élitiste, c’est autant une question de prestige, de préservation du patrimoine que d’économie locale. Il reste que ce prestige ne rapporte que peu de voix et coûte cher en termes de fonctionnement et d’investissement ; bien qu’il dynamise le secteur du tourisme, et motive parfois l’installation et la création d’entreprises — comme à Nantes. Bref, les élus doivent aller battre la campagne afin de récupérer les voix du peuple.

Dans le cadre de la culture populaire, la politique culturelle change de visage. La culture devient subalterne de l’événement. C’est sur la base d’une politique de l’événement qu’un maire maintient en l’état son électorat. De ce point de vue, tous les coups sont permis, car tout participe d’une culture, tout participe de la-politique-culturelle-en-général : les fêtes nationales, le sport, le tourisme, le handicap, les fêtes de confédérations, des Saints ou des Compagnons de France, les congrès, toutes les formes de festivals, les déambulations urbaines, jusqu’aux kermesses d’écoles primaires en passant par les fêtes commerciales importées des États-Unis (Halloween), ou les fêtes de quartiers dont l’initiative revient à l’association des Anciens Combattants ou à l’association des Enclumes peintes avec la bouche.

À TOURS DE RÔLE

Comme toutes les autres villes, la Ville de Tours est exemplaire en termes de ressources événementielles issues d’initiatives pour la plupart privées ou citoyennes : le Tour de France passant à Tours, l’équipe de volley-ball pour la 3ème fois Championne de France, les foires aux vins comme Vitiloire, le Marché de Noël avec en prime une scène « rock » implantée sur le parvis de la gare, Le feux d’artifice du 14 juillet, la venue de stars du cinéma français au CGR Tours Centre, les 10ème Rencontres François Rabelais (section culinaire), Le Congrès de la fédération Française de Cyclotourisme, Le 168ème Salon international de l’oeuf décoré de Tours, Le Tours Vintage Legend (40.000 visiteurs et Johnny Hallyday en prime), Les vingt kilomètres de Tours, l’exposition de L’Art au quotidien, le Salon de l’auto de Tours et tous les Salons du mariage, le Salon de l’érotisme, les marchés où l’on rencontre « les vrais gens », la fête foraine, la grande roue de la Place Anatole France, le Rassemblement de véhicules anciens, Le paradis des loisirs, « Le Petit Train », À Tours de Bulle, le Championnat du monde FMX, le Salon du chocolat, le défilé de la Confrérie des Tameliers en Indre-et-Loire, Le salon Choiseul, Les journées nationales de l’archéologie, Le Japan Tours Festival, Les studios et le marché aux fleurs, La fête de la musique, La foire à l’ail et au basilic, Le bal de pompiers, La Cérémonie du 11 novembre, et, bien entendu, La Guinguette ; sans oublier Saint-Martin fêté durant toute l’année 2016, mais aussi en 2017, et jusqu’en 2066.

À elle seule, la Ville de Tours comme toutes les villes moyennes de France est capable de réunir les savoir-faire et les connaissances sous la forme d’événements de toute nature. Ces cultures sont orientées vers le commerce, la pédagogie, les tout-petits, le social, voire le lien social et les loisirs. Excepté les micro-événements spécifiquement pédagogiques dans les bibliothèques ou les universités, nous assistons à l’étalage et à l’expansion d’une culture du divertissement et des « loisirs publics ». En ce lieu précis de la vie et de la conscience populaire, l’opinion est reine, la critique est réduite à des détails techniques et aux désaccords d’un pari. Il n’y a pas d’expression contradictoire qui pourrait nous faire douter du bien-fondé que nous procure une politique de l’événement. En cet endroit, le maire rencontre l’électorat susceptible de le réélire, c’est-à-dire le peuple — a priori servile et consommateur bien qu’épuisé par les constants jeux contradictoires des politiques qui impliquent la naissance systématique de double bind dans nos esprits déjà torves et handicapés. De plus, lorsqu’on regarde plus attentivement les contenus événementiels des petites et moyennes villes de province, nous constatons qu’ils sont instruits par des discours élaborés à Paris. En d’autres termes, la programmation culturelle et populaire des villes de province est le reflet à peine déformé des programmes de télévision généralistes tels que TF1, France 2 ou 3 — dont la qualité principale est d’être accompagnés par les publicités de sponsors, qui privilégient les événements locaux déployant un maximum de visibilité commerciale.

DE LA CULTURE ALTERNATIVE

Les cultures alternatives sont plus difficiles à définir. Elles recouvrent des pratiques hype et branchées, et désignent souvent une communauté, un clan, une caste. Elles sont plus élitistes que l’élite elle-même, à la fois snob et éthérée, inspirées des tendances les plus en vogue à Paris, Berlin, Londres, New-York et Shanghaï. Elles sont foncièrement « anti-sociales » et prônent la différence en affirmant un franc dédain pour les classes populaires comme un parfait mépris envers les classes possédantes. Au-delà des postures un peu sottes et belliqueuses qu’incarnent les acteurs des cultures alternatives — telle une montagne d’arrogances qui accouche d’une souris, il faut au moins leur reconnaître un esprit prospectif et critique. Si la culture bourgeoise de province préserve les traditions conservatrices et dix-neuviémistes, au même titre que la culture populaire qui instruit les belles expressions du haut-moyen-âge-motorisé, il apparaît que les cultures alternatives veulent « changer le monde », réinventer notre époque, secouer nos habitudes, bousculer nos esprits aliénés. Effectivement, ces cultures sont « jeunes », métissées et électriques, elles croient en un au-delà du patrimoine, elles imaginent des futurs mirifiques, mais prennent le plus souvent le présent réactionnaire en pleine gueule.

Les cultures alternatives développent des stratégies culturelles en marge. Ce qui compte, c’est en premier lieu la passion et l’énergie, et un nombre d’heures de travail qui dépasse très largement le programme d’un week-end familial organisé par la plus maniaque des mères de familles nombreuses. La lutte consiste à sortir du lot comme la tête de l’eau, à ne pas vouloir faire partie de la masse bêlante comme de la bourgeoisie 4X4. D’un côté, il s’agit d’être entier, autonome et parfaitement singulier, ce qui induit toutes les formes de snobismes, de branchitudes et de dandysmes pour le coté vestimentaire ; d’un autre côté, il s’agit d’engagements militants à l’image des cyberpunk-biomécanistes, des hackers-bientôt-féministes, des anarcho-libertaires de droite et de gauche, des athées-matérialistes-dream-pop, des radicaux-queer, des coiffeurs-tatoués-post-coloniaux, des métaleux-shoegaze, etc. Bref, ces cultures reflètent des pratiques autonomes, transversales et en marge de la circulation des symboles pop-bourgeois illustrés par T.V.Tours et FR3 Val de Loire.

Les acteurs des cultures underground mobilisent leurs énergies souvent par le biais de la création d’associations ou de collectifs. Comme tous les acteurs locaux, ils passent par des demandes de subventions (ou pas) afin de légitimer leurs actions territoriales ainsi que leurs pratiques déterritorialisées. « Une pratique déterritorialisée » veut dire que ces acteurs sont mobiles et diffusent leurs actes de création comme leurs discours en dehors du cadre municipal, départemental ou régional. Ces déplacements ont pour effet de souligner en gras la vie artistique et culturelle en province, et de préciser en italique qu’il existe des créateurs au-delà des périphériques pékinois.

TOURS DE FORCE

La Région Val de Loire est le Texas français : une forte culture céréalière en Beauce, des ranchs viticoles en Touraine, et des cow-boys chasseurs de gros gibiers en Sologne. Dallas se trouve à Dreux, et la frontière mexicaine à Argenton-sur-Creuse. Dans ce contexte, et sur ce territoire ravitaillé par les chansons de Michel Delpech, il n’est pas évident d’ouvrir des lieux consacrés à l’art contemporain comme de les maintenir en l’état. Il est donc important de saluer les exploits réalisés par les dinosaures de la culture en Val de Loire… Bravo, le CCCOD est né ! Aux générations du futur de s’en emparer !

Sammy Engramer