Le quarantième anniversaire du Centre Georges Pompidou (1977/2017) fait halte à Bourges.
L’événement Traversées Ren@rde est né de l’alliance créative de l’ENSA, de Bandits-Mages et d’Emmetrop, qui investissent trois lieux dédiés aux pratiques contemporaines : la Box, le Centre d’art Transpalette et le Château d’eau/ Château d’art.
Notre traversée commune se refuse aux normes, à la fixité et aux frontières pour encourager le furetage, le mouvement, la dérive, l’étonnement, la Relation et l’archipel.
Traversées Ren@rde : ce sont des expositions, des projections, des lectures, des performances, des concerts, des ateliers, des conférences, invitant à la rencontre, à l’hybridation, aux fécondités, aux frottements et aux écarts.
Les 40 ans de Beaubourg, une volonté dé/centralisatrice. En octobre 2015, afin de fêter les 40 ans de sa création, le Centre Georges Pompidou lançait un appel à projets auprès des musées et centres d’art français pour imaginer des expositions et événements qui participeraient d’une célébration voulue comme nationale. Dès l’annonce de cette possibilité partenariale, il nous est apparu que la création de Beaubourg en 1977 s’insérait dans une période historique particulière, celle décrite par Michelle Zancarini-Fournel et Philippe Artières dans leur ouvrage 68, une histoire collective (1962-1981). Au-delà de l’événement même, 68, il s’agissait alors de l’émergence de nouveaux imaginaires et d’êtres au monde qui allaient laisser place à un écheveau de narrations porteuses d’autres types de subjectivités, d’autres corps et d’autres interrelations.
À l’occasion de cet anniversaire, nous souhaitions « mettre en recherche » cette collection constituée depuis lors, au regard des mouvements contemporains esthétiques et micro-politiques qui agitent aujourd’hui nos vies et nos imaginaires.
Cette opportunité collaborative nous a permis d’accéder à la collection du musée et de proposer à Bourges une quarantaine d’oeuvres : photos, dessins, vidéos, installations et films.
40 villes françaises participent à cet anniversaire en présentant pas moins de 75 expositions, le plus souvent à caractère historique.
ORIGINE DU CONCEPT DE LA MANIFESTATION TRAVERSÉES REN@RDE
Le texte théorique de Paul B. Preciado initialement publié dans l’ouvrage collectif Géo-esthétique (2012), édité par la plate- forme curatoriale Le Peuple qui Manque, nous apparaît comme essentiel pour penser la question des identités aujourd’hui.
Imaginé comme un manifeste, « Cartographie queer : le flâneur pervers, la lesbienne topophobique et la travailleuse sexuelle multicartographique, ou comment faire une cartographie « ren@rde » avec Annie Sprinkle », l’article définit assez précisément la dichotomie entre deux types de cartographies, deux modes de perception de la construction des identités (ou, pour reprendre le terme de Preciado, des « processus de subjectivisation »).
Le concept avancé, la Cartographie ren@rde, ne prend sa pertinence qu’en opposition à celle du lion. Antonio Negri oppose ainsi les stratégies politiques du lion et du renard. Le premier abuse de la force et s’inscrit dans un courant visant à normaliser les identités alors que le second s’inscrit dans l’imagination et la mise en place de tactiques plus souterraines se refusant aux antagonismes évidents. En cela, Paul B. Preciado rejoint par moments Édouard Glissant qui, du Discours Antillais au Tout Monde oppose « l’identité racine-unique » à « l’identité rhizome ». Il en appelle donc à une poétique de la Relation : « l’imaginaire de mon lieu est relié à la réalité imaginaire des lieux du monde, et tout inversement. »