SUJET CO-PRODUIT PAR AAAR & N20 (BANDITS-MAGES)
L’association Labomedia s’est initialement constituée à partir d’une envie partagée de plusieurs associations d’investir le champ des arts numériques. En 1999 Mixar, Lumen, Radio Campus, l’Oreille et l’Otre Oreille fondent ainsi l’association Ultimédia devenue aujourd’hui Labomedia. Dès lors, Labomedia place son projet d’activités à la croisée des pratiques artistiques, articulé ainsi autour d’un pôle dédié à la création artistique, au développement de projets culturels, à la diffusion, matérialisé par un Laboratoire Multimédia, d’un atelier de fabrication numérique « l’atelier du c01n » et d’un Centre de Ressources. Ces dispositifs sont animés d’une même volonté : une appropriation critique des technologies contemporaines au profit d’une expression sensible, d’une production symbolique susceptible de fertiliser un écosystème culturel individuel et collectif.
Situé au sein de la friche « Le108 », à Orléans, Labomedia cohabite dans cette ancienne chocolaterie avec un centre social, des ateliers de l’école d’art et une trentaine d’associations culturelles croisant les musiques actuelles, le théâtre, les arts visuels et plastiques, la danse, les arts de la rue. Son activité s’organise donc autour de la question du développement de la « culture numérique » d’un public très large, mais aussi de la maîtrise des outils et des processus de création, de production et de diffusion de contenus multimédias via les médias.
Pour mettre en œuvre ce projet Labomedia travaille avec des pédagogues, des artistes, des chercheurs, des développeurs et « bidouilleurs » et cherche à croiser les regards, à nourrir les activités pédagogiques des activités artistiques et réciproquement. Dans le cadre de leurs activités, ils interviennent sur des événements consacrés aux arts numériques mais aussi dans le cadre plus large de festivals multidisciplinaires en France et à l’étranger.
Labomedia propose ainsi au cours de l’année des temps de résidence, des ateliers orientés sur diverses pratiques artistiques numériques, des espaces – temps de diffusion résolument tournés vers des démarches expérimentales, transdisciplinaires, des pratiques émergentes. Le projet artistique est plus particulièrement tourné vers des artistes et projets qui intègrent une dimension réflexive ou critique sur ces technologies médiatiques, numériques, en réseau et sur les modes d’appropriation, de consommation, d’utilisations détournées ou innovantes que chacun de nous peut en faire.
RÉSIDENCES
À Labomedia les résidences peuvent être des résidences de recherche, des résidences « techniques », des co-productions, des soutiens à des projets en phase de maquette ou de production…
Pour les résidences les plus établies, sont fournies : atelier, logement, parc technique, accompagnement humain, encadrement professionnel et critique. Pour des temps de résidences moins formels, les apports de Labomedia se modulent selon les besoins et les moyens rassemblés, mais l’accompagnement des artistes est systématique, doublé souvent d’apports techniques.
Bien que Labomedia accueille chaque année des artistes en résidence, il n’y a toujours pas à ce jour de budgets spécifiques permettant d’assurer d’une année sur l’autre cette part d’activités. Dans ce climat budgétaire restreint, chaque demande d’accompagnement, de soutien ou d’accueil en résidence est étudiée au cas par cas. Lorsqu’un projet remporte l’adhésion de l’équipe de Labomedia, chaque membre participe à la recherche de financements, de solutions techniques ou de cadres d’actions permettant de le rendre possible.
Par exemple, 3 projets de création bénéficiant de l’aide du DICRÉAM sont actuellement soutenus par un apport en industrie et en production par Labomedia.
Par ailleurs, Labomedia reçoit et étudie de nombreuses demandes d’artistes qui ont rassemblé un budget par eux-mêmes mais souhaitent bénéficier d’un accompagnement technique, voir rétribuent cet accompagnement pour réaliser l’œuvre projetée.
Historiquement, Labomedia a initié son programme de résidences par une collaboration avec le collectif Mixar :
- Résidence de Dominique Leroy – Projet « Lignes d’air » en mars-avril 2004
- Résidence de Marie Denis « La coulée de farine » de mars à juin 2005
- Résidence d’Etienne Boulanger & Thomas Tilly « Contre-formes Ligne A », en mars-avril 2007.
Labomedia a développé également des résidences plus souples et moins formelles, à l’exemple de l’accueil d’Horia Cosmin Samoila et de Marie-Christine Driesen en 2008. Ainsi, plusieurs formes de « résidences » ont été menées sans pour autant impliquer à chaque fois une bourse de production, mais à minima un accueil et un accompagnement de la part de Labomedia.
En collaboration avec Ciclic, en partenariat avec Studio XX et les éditions à la Criée, Labomedia a réalisé un programme de deux résidences en 2011-12.
- En 2011 Pascale Gustin a été accueillie durant le mois de janvier pour travailler sur la performance « 857 clusters » dans le cadre du programme « Futurs écrits ».
- En 2012, Labomedia a accueilli le collectif nantais « À la criée » pour travailler sur la transposition numérique de la deuxième édition du « guide indigène de (dé)tourisme de nante-s et saint-nazaire ».
Enfin, Labomedia s’est associé en 2010 au réseau Géographies Variables.
Labomedia a rejoint ce réseau pour deux intérêts complémentaires : participer aux échanges entre artistes québécois(e) et français(e), participer à un réseau international de lieux partenaires.
Quatre sessions de résidences ont été organisées jusqu’à présent :
- Adelin Schweitzer et François Quévillon en 2010,
- Annie Abrahams et Alexandre Quessy en 2011,
- Jean François Lahos et le Collectif français Art-Act en 2012.
En 2013, Labomedia a accueilli l’artiste français Fabien Zocco et la québécoise Natalyia Petkova qui ont présenté mi-décembre les travaux qu’ils ont respectivement menés dans le cadre de la 4ème édition de « Géographies Variables».
Plus d’informations : http://labomedia.org/residences/
Nataliya Petkova – Résidence à LABOMEDIA (Géographies Variables) / AAARevue – N20 from AAAR on Vimeo.
Natalyia Petkova a réalisé un travail de recherche, que nous avons l’honneur de partager par un texte inédit au sein de l’AAARevue >> LIRE.
Par ailleurs, elle a réalisé une installation supplémentaire, in situ et éphémère, avec des objets trouvés sur place, dans l’espace de Labomédia (Orléans, France) : « Composition in V+ ». Cinq moteurs de vibration engendrent des compositions aléatoires et évolutives, tout en se nouant aux plantes suspendues.
nataliyapetkova.com/
Nataliya Petkova articule sa recherche autour de deux axes principaux : d’abord, l’engendrement et l’étude de micro territoires, ainsi que la mise en question de la notion d’identité culturelle et la promotion d’une infraculture dynamique ; et ensuite, le processus de traduction — le transfert de sens de médium en médium, de langage en langage —, et toutes les anomalies qui s’y révèlent. Son travail se veut un récit sur l’hétérogénéité du savoir qui émerge au point de croisement entre l’expérience perceptive de l’individu et les compositions aléatoires, visuelles et sonores, engendrées dans l’acte exploratoire. Organisée autour de la curiosité et de l’expérimentation, son processus de recherche et de création fait preuve d’une nécessité de tracer et inventer de nouveaux territoires, subvertir l’habitude perceptive et imaginer des rencontres possibles entre l’organique et le non organique. Dans l’utilisation de diverses matières, se transformant tout au long d’un processus de transfert de sens, des géographies modulables apparaissent.
Fabien Zocco – Résidence à LABOMEDIA (Géographies Variables) / AAARevue – N20 from AAAR on Vimeo.
Fabien Zocco a développé le projet « Searching for Ulysses ».
Cette installation en réseau (programme sur ordinateur et connexion réseau) reconstitue le roman « Ulysse » (« Ulysses » en anglais) de James Joyce à travers twitter. Le texte initial est lu automatiquement à raison d’un mot toutes les 25 secondes. À chaque nouveau mot lu, un programme recherche sur le réseau social twitter le dernier message émis contenant le mot en question. Le tweet ainsi saisi vient s’afficher à la suite du précédent. L’œuvre de Joyce transparaît en filigrane du processus qui se déroule, et se juxtapose à un hypertexte cumulant les fragments d’expressions d’internautes anonymes.
fabienzocco.net/
La recherche plastique de Fabien Zocco interroge les notions de temps, d’espace et d’écriture à l’heure de l’omniprésence technologique caractérisant notre monde contemporain.
Ses réalisations articulent et combinent différents « matériaux » (flux de données en réseau, sons, textes, éléments électroniques…) afin de constituer des objets processuels à l’esthétique froide et minimaliste.
S’écrivant en continu, ces objets/processus se déploient de façon autonome et constituent des lignes temporelles sans début ni fin. Ces lignes se développent dans des espaces confrontant l’humain et la machine, le physique et le virtuel, la mémoire et l’instantané, la forme et l’information.
Fabien Zocco collabore également avec le musicien Franck Vigroux (Resonant), le plasticien Vincent Lamouroux (ATLS), la plasticienne sonore Méryll Ampe, et le net artist Agente Doble.
Le programme de résidences Géographies variables tire son nom de la variété et spécificité des lieux d’accueil (où la variabilité et la mutation sont quasi-quotidienne), où l’artiste peut aborder un contexte de création avec une pratique intégrant la réalité physique/géographique et ses propres expériences teintées d’une forte subjectivité. Mis en place par incident.net / Julie Morel (France) & la Chambre Blanche (Québec), l’objectif de « Géographies Variables » est de favoriser des échanges entre les communautés artistiques (pratiques liées au numérique) de France et du Québec, et de créer des liens pérennes entre ces deux réseaux. Dans un deuxième temps, il s’agit d’offrir au public Français et Québécois une programmation en art numérique et interactif de qualité en diffusant ces productions.
Démarche : 12 à 16 artistes au total – 6 artistes français, 6 artistes québécois – sont sélectionnés tous les ans. Ils partent en résidence pour produire une œuvre d’art numérique dans des centres d’art partenaires. Chaque lieu accueille, au même moment, pendant 1 à 2 mois 1/2, 2 artistes/collectifs à la fois : 1 français,1 québécois. Ce temps de résidence est pour ces artistes l’occasion d’échanger. Le choix tient donc compte de la proximité du travail artistique et des potentielles passerelles entre les pratiques ou problématiques, en préférant choisir des artistes qui ne se sont jamais rencontrés, pour les aider à créer autour de nouvelles discussions et recherches, de nouveaux réseaux.
Plus d’informations : http://incident.net/geo/wordpress/