Alain Biet dessine méthodiquement, grandeur nature, les objets de son environnement quotidien. Invité à en proposer une sélection dans la Petite Galerie du centre d’art cet automne, il présente un ensemble de dessins exclusivement en lien avec le corps. Ils laissent apparaître, en creux, une figure dessinée par ce monde d’objets qui nous entourent.
Depuis 2004, Alain Biet (né en 1959 à Montrichard, vit et travaille à Blois) a entrepris de dessiner et de peindre, à l’aquarelle, TOUS les objets qui entrent chez lui.
Brosses à cheveux, brosses à dents, dentifrices, vernis à ongles, lotions pour le corps, pommades, blaireaux, rasoirs électriques, ciseaux, lunettes de ski, montres, téléphones, écouteurs, tous et d’autres encore trouvent une place dans l’opération au long cours entreprise par l’artiste, qu’il présente comme une « mise à plat ethnographique« .
À travers une scénographie épurée reposant sur un principe de face à face, Alain Biet sélectionne et agence ces relevés précis d’une réalité domestique, par paires ou en grandes séries, faisant émerger de leur incroyable profusion des similitudes et des dissemblances.
Si les dessins d’Alain Biet peuvent rappeler le flot des images qui s’inscrivent sur nos écrans ou encore les « instantanés » photographiques, ils n’en demeurent pas moins les résultats d’une entreprise artistique artisanale méticuleuse, inscrite dans un temps long d’élaboration des formes, qui leur confère un relief supplémentaire.
Au fil des années, les modèles changent, les rasoirs se mécanisent, leur design s’épure… Là se situe peut-être le cœur du riche paradoxe sur lequel repose l’œuvre d’Alain Biet, qui s’évertue à capter à la main les expressions momentanées d’une modernité en constante évolution.
À la croisée des planches encyclopédiques et des imagiers Google, en passant par les jeux des sept différences ou de Memory, les dessins d’Alain Biet offrent un large spectre d’appréhension et d’interrogation du réel et de sa représentation.
Entre approches ethnographique, empiriste et ludique, l’artiste procède à un drôle d’inventaire dont émergent petit à petit des familles de figures, usuelles et familières.
Véritables mise à plat du réel, les Similitudes d’Alain Biet renvoient à des processus de construction d’imaginaires communs autant que personnels, soulignant avec la subtile justesse du pinceau les entrelacements de l’intime et du collectif.