Que sont ces Rencontres Bandits-Mages ?
La programmation annuelle de Bandits-Mages propose d’aborder des thématiques contemporaines et historiques, tout en mettant en place les conditions nécessaires aux différentes façons de montrer les images (et d’entendre les sons) aujourd’hui : séances de cinéma, analyses filmiques, installations multimédias, plateaux vidéos ou encore performances sonores et visuelles. Pendant huit jours, les Rencontres Bandits-Mages sont le point focal de cette programmation venant prolonger et enrichir nos regards.
Les Rencontres invitent les artistes, les étudiants, les visiteurs venus d’un peu partout, autant que les habitants berruyers à entrer dans des mondes qui leurs sont proches et étrangers.
L’articulation entre des problématiques artistiques et des politiques partagées par les artistes et les cinéastes invités ouvre un espace à explorer dans tout ce qu’il offre d’esthétiques différentes mais aussi de sens commun. Elle nourrit une volonté de relier tout ce qui compose un univers global et complexe.
Qui ?
Boris Lehman, cinéaste de la première personne qui ne vit et ne filme rien sans l’autre, parrain des Rencontres Bandits-Mages a failli en 2013 croiser l’écrivain et vidéaste de la pop-culture, l’exégète et déconditionneur Pacôme Thiellement à Bourges.
Pourquoi ?
Ils ont un point commun (et peut-être d’autres), ils sont tous les deux pleinement impliqués dans une vie artistique dont Bandits-Mages est le vecteur. Pacôme Thiellement est apparu ces derniers mois comme un membre de la famille, revenant enfin après
un long voyage pour nous révéler des histoires secrètes que nous ignorons et qui pourtant constituent toute une part de notre culture.
Il nous amène à entrer dans un programme qu’il nomme «anti-alchimique», c’est-à-dire un programme «de transformation de l’or en plomb». C’est nous faire entrer dans les mondes souterrains et cachés, ceux qui loin de mettre en exergue les qualités de l’être
humain, mettent en évidence ses troubles et ses monstruosités, ainsi que ses capacités à créer de nouvelles politiques de vie et des espaces de création hors normes.
C’est un fil conducteur possible des Rencontres. Et c’est la rencontre entre la galerie Kapelica en Slovénie, invitée par Ewen Chardronnet, et l’association Emmetrop qui les ouvrira. Les deux structures nourrissent une proximité qui trouve sa racine dans les questionnements sur le genre, l’humain et le non-humain, l’animal et le cyborg.
Bare Life ! It’s Time ! Quimera Rosa !
Mais avant cela, nous avons demandé à Pacôme Thiellement un récit, qui prendra la forme d’un feuilleton radiophonique, qui creuse et décortique un espace potentiellement fictionnel et fantasmatique de la ville de Bourges : l’hôtel Lallemant. Ce feuilleton sera construit en amont des Rencontres avec le groupe RadioRadio de l’école Nationale supérieure d’art de Bourges, François Angelier (créateur et animateur de l’émission Mauvais Genres sur France Culture) et Hermine Karagheuz (actrice qui a joué pour Roger Blin, Patrice Chéreau, Laurent Terzieff, et au cinéma avec Jacques Rivette).
Encore en amont, Pacôme Thiellement et Thomas Bertay, coréalisateurs de la série Le Dispositif, interviendront dans la master class VJing Digitale Pourpre : atelier de dé-conditionnement et de dé-construction des corps et des images, piloté par Laurent Carlier (coordinateur du Vision’R VJ Festival) et A-li-ce, tous deux artistes Vjs. Nadège Piton, performeuse, emmènera, elle, les participants dans une exploration de leurs corps et de leurs attitudes jusqu’à la restitution qui viendra en première partie de la soirée de clôture des Rencontres. La deuxième partie est confiée à Pacôme. Il convoque sur scène Antonin Artaud et d’autres fantômes via les bien vivants Eyving Kang, Marie Möör et Scott Batty.
Des souterrains fantastiques devenus radiophoniques et perfomances VJ, nous irons aussi vers une exploration des arts sonores et de la science-fiction. Entre, ici, Gail Priest artiste australienne en résidence conjointement à la BOX et à Bandits-Mages pour trois mois (programme EMAN#EMARE : réseau européen d’échange de résidence).
La fabrication d’espaces de recherche et de créations collectives se manifeste aussi tout particulièrement dans la naissance de Hall Noir, un espace prototype de programmation des étudiants, piloté par David Legrand. Les étudiants y expérimentent le processus de programmation et de workshop, mais surtout choisissent de montrer des corps et des images, états des questions actuelles. Freaks et queer à nouveau à l’honneur.
Cette dimension collective était le sujet des précédentes Rencontres pendant lesquelles nous avions assisté au tournage de Cloud Berry, film multi-temporel et multi-espaces réels et virtuels de Bertrand et Arnaud Dezoteux. Le film touche à sa forme finale. Il est prêt à rencontrer à nouveau ses spectateurs et ses acteurs.
Dans ce scénario programmatique, que se passe-t-il alors si chacun des acteurs présents rencontre le cinéaste et curateur spécialiste du cinéma undeground d’Europe de l’Est, Claus Löser, le cinéma indépendant proposé par Peter Hoffmann de Kino im Sprengel en Allemagne, ou par Giuseppe Spina de Nomadica en Italie? Car enfin, nous avons un cinéma à défendre.
Rappelons-nous que Boris Lehman est notre parrain. Il est probable que vous le croisiez. Ce cinéma défendu est aussi au centre du travail quotidien de transmission que nous menons à travers la Zaap, Zone d’activités artistiques et pédagogiques de l’association. La séance proposée cette année réunira des réalisateurs-monteurs. Parions que la rencontre entre ces personnalités et les jeunes apprentis du cinéma sera mémorable.