À travers ces formes sculpturales de grandes dimensions, Nicolas Moulin évoque un univers singulier de figures architecturales.

Elles témoignent de contextes urbains dont la définition est le produit d’un rapport à l’imaginaire qui croît et se développe à partir d’une lecture attentive, documentée et mesurée. Celle de réalisations ou de projets urbains à caractère totalisant, qui pourrait être issus autant de rêveries politiques dérivantes que de la démesure surgissant à l’échelle des territoires de programmes architecturaux de grande ampleur.

Ces figures émergentes mêlent l’histoire (les reconstructions, les trente glorieuses, la guerre froide) au devenir, portée par la démarche de Nicolas Moulin qui pour cela active la fiction autant que l’archéologie.

Les figures qu’il produit s’affichent dans des physionomies délinéées, potentiellement nées d’une extraction, dans un retrait formant extrait. Et dans le même temps elles sont fortement suggestives pour mieux en déborder le trait.
Elles travaillent la ruine autant que la construction défaillante.
Elles sont d’hypothétiques prototypes autant que des vestiges en devenir.
Elles positionnent le regardeur dans une lecture de formes définitivement partielles, dont les allures désignent par ailleurs, dans l’imaginaire ou la croyance à quelques archives oubliées, ce qui serait, au gré d’une contextualisation toujours possible, leurs «prolongements».

Débordant ce qui pourrait permettre de les clore dans une ultime étape.

Steppterminal.

Éric Dégoutte, commissaire

Photographie : Sylvie Chan-Liat, courtesy of the artist and Valentin, Paris.