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Du 15 Mar au 06 Mai 2017

Vernissage : 14 Mar @ 18h00

Anatolian Studies, Maude Maris

Catégorie :

36 Indre

Adresse :

10-12 place Saint Hélène 36000 - Châteauroux

Plus d'infos

À travers peintures et installations, Maude Maris reconstitue les vestiges de cultures passées, par le biais d’objets et de matériaux de notre quotidien.

Allant du kitch au banal, ces objets interrogent les réminiscences de modèles anciens dans nos vies actuelles, témoignant d’un rapport – artificiel mais bien vivace – à notre environnement naturel.

L’exposition « Anatolian studies »

L’exposition « Anatolian studies » à la galerie de l’Embac accompagne une recherche amorcée autour d’un site archéologique de Turquie centrale datant de plus de 9000 ans, Çatal-Höyük.

Précédant l’invention de l’écriture, les artefacts retrouvés restent silencieux, et s’il semble évident qu’ils étaient étroitement enchevêtrés avec la vie quotidienne et les rituels de leurs concepteurs, notre interprétation touche irrémédiablement au fantasme.

Maude Maris s’en empare pour réaliser une nouvelle série de peintures et de sculptures.

Deux grands tableaux reprennent les principales figures animales présentes sur ce site : le léopard et le taureau.

La figure féminine, prédominante dans les civilisations anatoliennes de cette période, côtoie souvent un léopard protecteur, tandis que le taureau, divinité des tempêtes et des orages convoque tout aussi bien le culte de la fertilité que la virilité. Attribuant tour à tour à une même représentation animale les genres féminin et masculin, les chercheurs questionnent nos codes actuels, et font apparaître une culture centrée sur une divinité féminine. Les habitants de Çatal-Höyük enterraient leurs défunts sous le sol de leur habitation et intégraient des figurines et des restes animaux dans la construction de leurs murs, recouverts ensuite de plâtre. À travers cette architecture ressentie comme perméable, ils avaient la possibilité de voyager spirituellement vers leurs aînés.

Maude Maris se nourrit de cette image pour concevoir une série de sculptures qui rejoue la notion de culte des ancêtres, à travers des matériaux élémentaires, le plâtre et le papier. Parallèlement, une édition sous la forme domestique d’un poster de grande dimension prolonge l’installation en créant une constellation d’objets émergeant d’un fond noir, qui insuffle aux murs de la galerie une mémoire cosmogonique.


Maude Marris

Maude Maris est née en 1980 à Caen, elle vit et travaille à Malakoff.

Elle est Diplômée de l’Ecole des Beaux-Arts de Caen et a suivi un Post-diplôme Art/Architecture à la Kunstakademie de Düsseldorf.

À travers dessins, peintures et installations, Maude Maris représente des espaces d’artifices qui questionnent notre rapport à la nature et à l’architecture.
Elle met en place tout un processus de moulages et de mise en scène pour fabriquer le sujet de sa peinture.
Une visite à l’atelier du peintre en dit plus que n’importe quel discours.
Il faut alors promener son regard sur les tables et les étagères où celle-ci dispose soigneusement ses collections d’objets. Glanés au fil de ses promenades, trouvés dans des brocantes ou donnés par des amis, ceux-ci sont classés en fonction de leurs formes, de leurs couleurs, voire de ce qu’ils sont à même de suggérer.

Il y va de l’ordre d’un inventaire qui n’est pas sans rappeler l’univers des fouilles ou les réserves des musées lapidaires. Maude Maris accumule tout ce dont elle imagine pouvoir faire usage, qu’il s’agisse d’une fève, de la statuette abîmée d’une sainte Vierge, d’un petit sujet en plastique au motif d’un dragon, de l’empreinte d’un fossile ou d’un simple éclat de pierre.

Il faut voir ensuite comment elle absorbe ces objets dans des moulages en plâtre qui leur font perdre toute identité, les teintant de différentes couleurs pour mieux les abstraire de toute référence antérieure et les instruire à l’ordre d’un vocabulaire plastique inédit et personnel. A la façon dont Rodin se constituait tout un ensemble de moulages de fragments de corps lui servant à composer ses figures, Maude Maris se constitue un réservoir de formes qui lui servent de modèles, l’alimentant en permanence au rapport de ses préoccupations.

Son art relève d’une réflexion sur l’image, dans une façon de synthèse entre les genres de la nature morte, du paysage et de l’architecture, sans jamais y référer explicitement. Tout y est en effet illusion et pourtant ses images ont une consistance. Tel est le paradoxe majeur de cette peinture.

« Toute entière dévolue à la peinture et au dessin, la démarche de Maude Maris n’en appelle pas moins d’autres pratiques telles que la sculpture ou la photographie. De fait, elle y recourt pour concevoir ce qui constitue les motifs de ses tableaux élaborés à partir de toutes sortes d’éléments – moulés, fabriqués ou récupérés -, qu’elle met en scène dans un studio miniature pour en tirer une image photographique qu’elle retient pour modèle. Ses peintures s’offrent alors à voir comme des compositions mi figurées, mi abstraites, qui mêlent références au corps, au paysage ou à l’architecture.

À première vue, les formes mises en jeu par Maude Maris dans ses peintures ne renvoient à rien d’immédiatement identifiables. Ce sont pour la plupart des fragments d’éléments qui pourraient appartenir aussi bien au monde minéral qu’à celui de matériaux de construction, sinon d’objets privés de toute fonction. L’artiste les emploie à la réalisation de compositions savamment organisées qui déterminent tout un monde de saynètes dont les figures structurent l’espace. Ces formes deviennent alors les acteurs d’un petit théâtre, saisi en un moment suspendu, sans qu’aucune intention narrative ne les rassemble ».

Philippe Piguet 2016


Cette exposition reçoit le soutien de la Ville de Châteauroux, du Ministère de la Culture et de la Communication, de la Direction Régionale des Affaires Culturelles du Centre-Val de Loire, du Conseil Régional du Centre Val de Loire et du Conseil Départemental de l’Indre.

Informations pratiques :

Le jeudi 16 mars à 18h30 dans le cadre du festival retour vers le futur, le cinéma L’Apollo propose une carte blanche à Maude Maris. Projection de « La voix des statuettes » de Pascale Touloulou. Film présenté par Maude Maris et suivi d’une discussion avec le public.

La galerie est ouverte du mardi au samedi de 14h à 18h – entrée libre 10 /12 place Sainte-Hélène, à Châteauroux