L’Horizon des Événements
La Box _Bourges
> exposition du 27 avril au 20 mai 2017
> vernissage le jeudi 27 avril à 18h
Glassbox _Paris
> exposition du 28 avril au 13 mai 2017
> vernissage le vendredi 28 avril à 18h
Avec Abdallah Abu Alsoud, Lara Abu Sharkh, Mai Albattat, Qais Assali, Hamza Badran, Aziz Bannourah, Mahdi Baraghithi, Taysir Batniji, Jennifer Carlos, Marine Des Garets, Marine Drumel-Lugez, Waseem Fouad, Ferenc Gròf, Baptiste Guillaumin, Emily Jacir, Haneen Jadallah, Khaled Jarrar, Noor Khalil, Ingrid Luche, May Marei, Andreas Maria Fohr, Reem Masri, Hadeel Qutna, Chiraz Salah, Ivanne Seichepine, Eric Stephany, Hala Thalji, Amani Yaqob, Reina Zeit
Expositions réalisées dans la cadre du programme de recherche et création Re:Territories / Challenging Borders
L’Horizon des Événements
« L’horizon des événements est une frontière dans l’espace-temps au-delà de laquelle les événements ne peuvent pas affecter un observateur extérieur. Il est défini comme « le point de non-retour », le point où l’attraction gravitationnelle devient si importante qu’elle rend toute évasion impossible, même pour la lumière. L’horizon des événements est le plus souvent associé à des trous noirs. La lumière émise à l’intérieur de l’horizon des événements ne peut jamais atteindre l’observateur extérieur. De même, tout objet approchant de l’horizon semble ralentir et ne jamais tout à fait passer à travers celui-ci. »
De quoi la frontière est-elle le lieu ?
Initié en 2015 par deux artistes-enseignants-chercheurs de l’École nationale supérieure d’art de Bourges, Éric Aupol & Hervé Trioreau, Re:Territories / Challenging Borders (programme international de recherche et création) a permis de déployer, tout au long du premier semestre de l’année 2016, entre la France et la Palestine, une multitude de projets, d’échanges, de recherches et de workshops croisés entre étudiant(e)s et enseignant(e)s, entre artistes et architectes, entre les universités de ces deux territoires, …
Ces projets de rencontres et d’expérimentations ont tenté de dépasser la question bilatérale de la « frontière » pour l’élargir conceptuellement et plastiquement vers une possible idée de « seuils » où les espaces, quels qu’ils soient, se rencontrent, se croisent et se rejoignent.
L’exposition L’Horizon des Événements a déjà eu lieu, ailleurs, dans un autre site, dans un autre espace, dans un autre temps, …
En juin 2016, une première expérience de monstration a pris place au Centre Culturel Franco-Allemand de Ramallah en Palestine, collaboration entre les étudiant(e)s de deux disciplines différentes mais jointes (art et architecture) et de deux espaces autres, mais si proches : la Palestine et la France.
Aujourd’hui, ce premier espace-temps de croisement et de cristallisation se déplace et se scinde, dans un autre territoire, en deux temps et deux espaces distincts permettant, encore plus, d’appréhender et de saisir ces questions de seuils et de frontières : deux villes, deux lieux, deux institutions, deux contextes et deux expositions où se reflètent toutes ces interrogations antinomiques liées à la clôture et à l’ouverture, si contemporaines et tellement actuelles.Aujourd’hui, ce sont les frontières qui nous traversent…
Entre La Box (Bourges) et Glassbox (Paris), entre ces deux points, une ligne réfléchissante, comme un miroir déformant, nous observe : une double exposition, presque homothétique, où se retrouvent, de nouveau, les étudiant(e)s, les enseignant(e) et les artistes français et palestiniens.
Un horizon nous relie, aspirés par de puissantes forces gravitationnelles vers une nouvelle singularité, une limite où l’espace et le temps ne suivent plus les lois physiques et politiques et d’où nous ne pouvons nous échapper : un entre-deux au seuil de l’extension spatiale et à la frontière des territoires.
L’Horizon des Événements…
Re:Territories / Challenging Borders est un programme de recherche et création et de réseau international d’artistes, d’architectes, de chercheur(se)s et d’étudiant(e)s réuni(e)s pour travailler et être travaillé(e)s, interroger, expérimenter et créer, anticiper et provoquer, embrasser l’émergence d’un monde de frontières en mutation. Une responsabilité artistique, sociale et politique conduit cette perspective.
Cette exploration intègre d’autres expérimentations remettant en question la domination invisible et rigide du pouvoir, ses tensions et ses dynamiques.
Cette recherche interroge les liens et les connections entre les objets, les espaces et les corps et questionne les mobilités contextuelles et les nouvelles formes de comportements qu’elles induisent.
C’est enfin la mobilité des connaissances entre artistes, architectes, universitaires, chercheur(se)s, étudiant(e)s, institutions et zones géographiques: les déplacements et « migrations » entre Moyen-Orient, Europe, Asie et Amérique, ainsi que la mobilité des échanges entre les pratiques pédagogiques et artistiques que Re:Territories / Challenging Borders désire expérimenter.
De près et de loin, Re:Territories / Challenging Borders est construit comme une constellation de rencontres, d’échanges, de pratiques, d’expérimentations, …, couvrant un ensemble d’identités frontalières et de pratiques différentielles (du concret à l’invisible, du solide au liquide, du corps à l’espace social…).
Voici quelques-unes des questions en devenir qui accompagnent le projet Re:Territories / Challenging Borders.
Re:Territories / Challenging Borders, un territoire politique : le contexte singulier de cet échange et les territoires qui le composent est le paradigme principal de ces recherches croisées. L’appréhension d’un territoire du conflit par l’art, l’architecture et l’urbanisme, l’économie qu’engendre une production de formes bâties dans des espaces conflictuels ou étant historiquement marquées par les extensions du conflit, sont en l’état les questionnements qui nourrissent l’ensemble du projet.
Occupation, déplacement, réoccupation, c’est autour de ces espaces physiques, de ces vocables centraux de cet espace du conflit que naissent les recherches et les propositions plastiques et conceptuelles des enseignant(e)s et des étudiant(e)s inscrit(e)s dans ce projet.
Une forme prospective et transversale: des regards multiples sur deux territoires. L’intérêt du projet est de croiser nos regards occidentaux et orientaux sur la fabrication de ces signes et leurs conséquences dans nos sociétés respectives. Il permet d’interroger, par les formes réflexives et plastiques singulières proposées par chaque acteur, la notion d’espace comme terrain politique, terrain de projection, et de mesurer ce que celle-ci indique du contexte géographique, politique et esthétique contemporain, sur des territoires à forte valeur politique.
Architecture, espace public et sphère privée, colonisation et déterritorialisation sont les vocables et concepts à développer avec les étudiant(e)s autour de propositions théoriques et plastiques communes et croisées, sans contraintes a priori de médiums et de réalisations.
« L’époque actuelle serait plutôt l’époque de l’espace. Nous sommes à l’époque du simultané, nous sommes à l’époque de la juxtaposition, à l’époque du proche et du lointain, du côte à côte, du dispersé. Nous sommes à un moment où le monde s’éprouve, je crois, moins comme une grande ville qui se développerait à travers le temps que comme un réseau qui relie des points et qui entrecroise son écheveau. Peut-être pourrait-on dire que certains conflits idéologiques qui animent les polémiques d’aujourd’hui se déroulent entre les pieux descendants du temps et les habitants acharnés de l’espace. »
Michel Foucault, « Des espaces autres », in Dits et écrits (1954-1988)
Comme nous le dit Michel Foucault, l’espace n’est pas un milieu géographique passif ou un milieu géométrique vide : l’espace est instrumental, c’est-à-dire qu’il est espace vécu en même temps qu’il est espace où se déploient et s’affrontent des stratégies entraînant des redéfinitions du territoire.
Quelle est la nature de l’espace construit, urbain et public ? Quels déplacements sont susceptibles de s’y produire ? Qu’en est-il du rapport entre intériorité et extériorité ? Qu’est-ce qu’un territoire où les frontières s’éclatent, se pulvérisent de l’intérieur par l’extérieur ? Qu’est-ce qu’un territoire où les limites s’estompent au profit d’une interférence contrôlée qui le transforme comme intervalles assujettis, passages surveillés, transitions manipulées… Comment agir directement dans et sur ce type de territoire morcelé et déterritorialisé ? Comment par l’intermédiaire des fictions, des science-fictions, des économies parallèles et subversives, des utopies, des dystopies, des uchronies, des hétérotopies, …, pouvons-nous réoccuper ces territoires, dans une quête d’« espaces autres » ?
Surtout, quelles pratiques réflexives et créatives accompagnent ces questionnements ? Que reste-t-il, d’ailleurs, des expériences d’appropriations subjectives des espaces urbains ou de leurs interstices ? Peut-on tenir un espace, un lieu, un « entre-deux » ou un « non-lieu », en faisant autre chose que l’habiter ou y travailler ? Peut-on y intervenir, lorsqu’on est architecte, urbaniste ou artiste, autrement que pour édifier ou bâtir ? Qu’est-ce qu’un « geste » artistique dans un espace urbain public, dans un territoire en constant mouvement ?
Toutes ces interrogations, qui structurent Re:Territories / Challenging Borders, suggèrent un programme: envisager le territoire comme un terrain d’opérations pour libérer de nouveaux usages, de nouvelles manières de le penser, de le traverser, d’agir et de le faire agir…
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En collaboration avec Les Turbulences – Fonds Régional d’Art Contemporain Centre-Val de Loire
Avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication, de la Direction Régionale des Affaires Culturelles Île-de-France, de la Région Île-de-France, de la Ville de Paris, de la Direction Régionale des Affaires Culturelles du Centre-Val de Loire, du Conseil Régional du Centre-Val de Loire, de la Communauté d’Agglomération Bourges Plus, de l’Institut Français – Ministère des Affaires Étrangères et du Développement International, du Ministère de la Culture et de la Communication / DGCA – Programme Entr’Écoles, du Consulat Général de France à Jérusalem / Service de Coopération et d’Action Culturelle, de l’Institut Français de Jérusalem et de l’Institut Français – Centre Culturel Franco-Allemand de Ramallah, Palestine
En partenariat avec International Academy of Art Palestine / Ramallah, Birzeit University – Department of Architecture / Palestine et Al-Quds University – Bard College / Jérusalem-Est