Dans ces courtes séries au noir et blanc sombre et flouté, je fais évoluer ce mur d’images, ou «ethnoscape», terme repris à l’anthropologue Arjun Appadurai, qui réfléchis à la formation des nouveaux paysages urbains en considérant les nouvelles caractéristiques culturelles des villes historiques et des diasporas qui s’y sont installées.
En photographiant « dans le corps d’un migrant », j’avais d’abord repris le parcours de mon père, lorsqu’ il quittait le Maroc en 1971 pour l’Europe en passant par Barcelone, Dortmund, Hambourg, Rotterdam, Paris. La séquence montrée ici en noir et blanc, donne à voir une ville transformée par les populations qui s’y sont installées. Le paysage fait de mobilités, de passages, de murs, de vent, de courses, d’hésitations, de respirations, montre alors une sorte de rythme mental (un flow d’images passagères), le territoire du passage, de ces grandes portes sur la Méditerranée que sont les villes travaersées dans mes voyages, comme Marseille ou Tanger. Dans Entrada ces villes se mélangent et sèment le trouble pour former une ville imaginaire, démultipliée, un ethnoscape…