Créé il y a bientôt deux ans, le Pôle arts visuels a pour ambition de structurer une filière foisonnante mais en manque de repères. Et de mutualiser une ressource précieuse pour des professionnels souvent isolés. Piloté par Nathalie Le Berre, il compte déjà 120 membres fortement impliqués.
Précarité de l’activité et de l’emploi, manque de reconnaissance des métiers, faible visibilité, absence de convention collective… S’ils sont de plus en plus nombreux en Pays de la Loire, les acteurs des arts visuels restent confrontés à des difficultés récurrentes. Aussi, dans un paysage artistique et culturel foisonnant, le Pôle arts visuels des Pays de la Loire, créé il y a deux ans, a pour ambition de contribuer à la structuration de la filière. Comment ? En mettant en réseau les adhérents, fédérant les acteurs professionnels et mutualisant les expertises et les compétences pour constituer une ressource mise à la disposition de chacun.
Pourquoi une fédération de professionnel.le.s dans le champ des arts visuels ?
Les arts visuels ont connu un développement sans précédent au cours de ces trente dernières années en France : de plus en plus d’expositions, d’acteurs et des publics en augmentation régulière — faisant émerger un paysage artistique et culturel foisonnant, mais également de nouveaux métiers et un nouveau secteur professionnel. Encouragé par la décentralisation opérée dans les années 1990-2000, ce mouvement se heurte aujourd’hui à des changements profonds : crise économique, redéfinition des politiques culturelles, réforme territoriale.
Dans les Pays de la Loire, les acteurs sont également de plus en plus nombreux mais ils restent confrontés à des problématiques récurrentes : manque de visibilité, précarité de l’activité et de l’emploi, reconnaissance des métiers. En créant un espace de coopération entre les acteurs, le Pôle arts visuels Pays de la Loire propose de mutualiser les expertises et les compétences pour constituer une ressource mise à la disposition de chacun.
Premier réseau en France à réunir l’ensemble des acteurs de l’écosystème : artistes, structures, collectifs, travailleurs indépendants, salariés de structures, le Pôle arts visuels Pays de la Loire entend contribuer, par une dynamique collective renouvelée, à la structuration du secteur professionnel des arts visuels en région.
Douze collèges représentant la diversité
Une de ses premières actions a été de mettre en place une plateforme ressource avec la création d’un site internet http://poleartsvisuels-pdl.fr/ contenant une foule d’informations professionnelles, pratiques et juridiques notamment. Au premier trimestre 2017, le Pôle a également proposé trois journées d’informations professionnelles, d’accompagnement et de conseil individuel sur la propriété intellectuelle et la déclaration de revenus pour les plasticiens.
A ce jour, 120 adhérents ont rejoint l’association. « La particularité de notre pôle dans le paysage national, c’est qu’il réunit à la fois des artistes, des structures, des collectifs, des indépendants et des salariés de structures qui adhèrent à titre individuel, souligne Nathalie Le Berre, la secrétaire générale du Pôle. Cette diversité permet de mener un travail approfondi sur des problématiques importantes au sein de douze collèges : création, diffusion, formation, éducation artistique et culturelle, marché de l’art, etc. Ces collèges, qui se réunissent environ trois fois par an, sont des espaces d’échanges entre les professionnels. Chaque collège mène une réflexion sur son champ de compétence et identifie des projets à mener autour des particularités propres à un segment d’activité ou sur des sujets transversaux en lien avec d’autres collèges. L’ensemble de ces réflexions permettra d’élaborer le plan d’action pour 2018 ».
Soutenu par la Région des Pays de la Loire (80 000 € par an au titre de l’accompagnement de l’organisation de la filière arts visuels), le Pôle bénéficie également d’une enveloppe de l’Etat au titre du Sodavi (Schéma d’orientation et de développement des arts visuels). A l’initiative du ministère de la Culture (Drac Pays de la Loire), cette démarche a pour ambition de favoriser le développement des arts visuels sur les territoires. Le Département de Loire-Atlantique quant à lui, soutient un dispositif d’information et de conseil destinés aux artistes.
Améliorer les conditions d’accès à la formation
« Il n’existe actuellement que trois Sodavi en France : en Ile-de-France, Nouvelle Aquitaine et Pays de la Loire, souligne encore Nathalie Le Berre.
En Pays de la Loire, nous avons choisi de travailler sur les questions de la formation initiale et professionnelle continue. Les enjeux sont importants. Pour l’heure, la formation professionnelle continue est difficile à activer alors que l’on sait qu’elle est l’un des leviers de la structuration et de la professionnalisation du secteur.
On constate une méconnaissance des droits à la formation qui se sont pourtant améliorés (et il est souvent difficile pour les acteurs d’atteindre les seuils de financement du fait de la pluriactivité importante des professionnels du secteur arts visuels). Notre objectif est donc de faire en sorte d’améliorer les conditions d’accès à la formation, de proposer une offre adaptée aux besoins du secteur et d’identifier des partenariats à mettre en œuvre ».
Des temps d’échanges sont ainsi prévus au printemps avec les acteurs de la formation et les professionnels des arts visuels qui, associés à un annuaire et à une étude quantitative, permettront de dresser un état des lieux de la situation. Et une journée de restitution de l’ensemble des travaux est programmée en décembre 2018. Autant d’actions qui devraient contribuer à donner une nouvelle visibilité et une meilleure connaissance d’un secteur d’une grande richesse en Pays de la Loire.