Blum, G., de Blois, M., & Tadjine, N. (2017). L’impression 3D: de l’émerveillement technique aux enjeux organisationnels, économiques et sociétaux (106 p.). Université Laval.
- Guillaume Blum, Ph. D. Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie École de design, Université Laval guillaume.blum@design.ulaval.ca
- Michel de Blois, Ph. D. École de design, Université Laval michel.deblois@design.ulaval.ca
- Nadim Tadjine, candidat au doctorat École de design, Université Laval nadim.tadjine@gmail.com
Sommaire exécutif
L’impression 3D est remplie de promesses qu’elle ne saura tenir, mais également de transformations organisationnelles, économiques et sociales inattendues. Pour comprendre l’impression 3D, il faut l’étudier en lien avec son système technique numérique.
Après un retour historique sur le développement des technologies d’impression 3D (partie 1), la partie 2 du rapport étudie les différentes technologies, matériaux, éléments de la chaîne numérique, en les détaillant et précisant leurs avantages, inconvénients et principaux secteurs d’applications.
Dans la partie 3, les transformations organisationnelles sont présentées. On y traite de normalisation, de liens avec les formes d’organisation (collaboration, aplanissement des hiérarchies), de la diffusion de connaissances, de la transformation de la chaîne de production, de la conception à la production et au lien avec l’utilisateur. Ce qui permet la transformation des modèles d’affaires.
La partie 4 fait un état des lieux économique de l’impression 3D, et examine les acteurs du secteur au Canada. On y traite également des modèles économiques liés à l’open source, et à la personnalisation de masse. Les impacts dans plusieurs secteurs d’activités économiques sont détaillés, notamment le secteur aéronautique, l’architecture et la construction, le design, l’art, la fabrication, le secteur médical et dentaire.
La partie 5 traite des modifications liées à la société, notamment en matière de perspectives environnementales, d’apparition de nouveaux lieux sociaux tels les Fablab et Makerspace, et de nouvelles pratiques comme celles reliées à l’open source, les impacts sur la santé, et sur la pédagogie. À partir de cette étude, nous formulons plusieurs messages clés :
1. La formation à l’impression 3D et aux conditions la favorisant est essentielle.
Par conditions la favorisant, nous entendons l’apprentissage et la reconnaissance des compétences humaines, sociales et organisationnelles nécessaires et rendues possibles par cette dernière, notamment (mais pas uniquement) l’autonomie en milieu professionnel, une culture d’échange et de partage professionnel, la sensibilisation aux principes de l’innovation ouverte et de l’open source. Il est essentiel de comprendre les nouvelles dynamiques sociales, organisationnelles et économiques touchant à l’impression 3D et la chaîne numérique, car elles sont à la base de l’économie du XXIe siècle, reposant sur les savoirs. Il nous semble essentiel d’investir dans ces formations et dans une meilleure compréhension de ces dynamiques.
2. L’innovation sociale et technologique (du type Fablabs et Makers) joue un rôle clé.
À la fois dans l’imaginaire, mais également dans des pratiques d’entraide et d’échange numériques invisibles. Ici, les impacts sont significatifs et importants. On peut y voir émerger des modèles d’éducation citoyenne touchants tant des individus (de tout âge), mais également des professionnels.
3. Favoriser le maillage économique des entreprises pour la création d’un écosystème dense de l’impression 3D s’avère essentiel dans le but de permettre le renouvellement du tissu industriel canadien.
Il semble important d’inventorier et de développer un ensemble d’écosystèmes multidisciplinaires, réunissant des acteurs privés, des chercheurs et des représentants du gouvernement autour des enjeux sociaux, organisationnels et économiques liés à l’impression 3D.
4. Assurer le suivi et l’accompagnement des entreprises – notamment les PME – pour les supporter dans la transition vers l’impression 3D et la chaîne numérique.
Une politique fiscale favorisant l’investissement privé dans les infrastructures numériques de demain pourrait également être envisagée.
5. Concevoir un outil d’évaluation du degré de conscientisation des connaissances pour les organisations.
Ces dernières ont besoin d’information sur les impacts potentiels de ces nouvelles technologies, tant au niveau du potentiel de la technologie comme telle, mais surtout sur les impacts de ces technologies sur les dimensions organisationnelles, économiques et sociales. À cet effet, il est fortement suggéré de réfléchir au développement d’un outil de diagnostic, lequel permettrait d’explorer et de valider le degré de conscientisation des organisations aux enjeux reliés à l’avènement de ces technologies.
6. Améliorer les connaissances portant sur les avantages et les risques pour la santé, pour l’environnement et sur les enjeux éthiques reliés spécifiquement à l’impression 3D.
Informations sur le cadre de la recherche :
L’Atelier DIR (Design Impliqué et Responsable) est un lieu et un véhicule de recherches, de réflexions et d’explorations propices au développement de solutions novatrices et à la résolution de problématiques identitaires, sémantiques, éthiques, sociales, humanitaires et environnementales liées à la conception de projets en design graphique. Le terme impliqué fait référence au niveau d’engagement du designer dans le processus, à son intention d’œuvrer à titre de designer auteur. Le terme responsable renvoie, entre autres, aux considérations éthiques, économiques, environnementales et à tout ce qui a trait au développement durable.
Chercheures et cofondatrices : Sylvie Pouliot et Maude Bouchard