Un article de l’Étudiant publié en 2013 titrait : « Sexisme et harcèlement des étudiantes en écoles d’art : la fin de l’omerta ?« . Il revenait sur la réception du rapport« La place des femmes dans l’art et la culture », rédigé par la sénatrice Brigitte Gonthier-Maurin, publié en juin 2013. La partie sur les dérives sexistes n’avait cependant pas fait de bruit, jusqu’à ce que l’AndEA ne décide de se saisir du sujet.
En octobre 2015, l’Association nationale des écoles d’art publiait finalement un communiqué : « Contre les discriminations, les écoles supérieures d’art s’engagent », 8 octobre 2015, ainsi qu’une charte.
Le texte d’introduction évoque le chantier des « représentations », domaine du symbolique et des fondements culturels, dans lequel s’inscrit activement l’art et ses enseignements.
« Si dans les écoles supérieures d’art, comme dans le champ de l’enseignement supérieur en général, les conditions peuvent être propices au harcèlement et à toutes sortes de domination, elles créent aussi des contextes favorables pour les questionner et les combattre. La mise en œuvre d’une politique structurelle d’égalité entre les femmes et les hommes et de lutte contre toutes les discriminations, qui concerne aussi bien les étudiant-e-s que la gouvernance des établissements et l’ensemble des personnels et intervenants, participe au travail nécessaire de reconstruction du champ des représentations. Comme le monde de l’art contemporain, nos écoles ont depuis longtemps ouvert leurs portes aux sciences politiques et sociales qui traitent de ces questions, notamment les gender studies et les postcolonial studies qui sont largement actives dans les pratiques des artistes et designers. Ce creuset tout autant théorique que pratique doit nous permettre d’être exemplaires dans nos méthodologies, dans nos projets et dans la vie de nos établissements. »
Nous pouvons légitimement nous demander si les bonnes intentions affichées se concrétisent dans les faits. Le simple fait de parler de « création au féminin » (pour qualifier des expositions ou des festivals dont tous les artistes sont des femmes par exemple), tend à poser la question de l’existence d’une « création au masculin », confondue avec une neutralité, telle une mesure-étalon qui ne pourrait se questionner, puisque invisible.
Un dossier du CAIRN, paru en 2008, s’interrogeait ainsi sur les Frontières artistiques et les frontières de genre : Les femmes, les arts et la culture. L’ensemble des textes rassemblés évoque des questions essentielles : qu’est-ce que créer ? qui peut créer ? – laissant percevoir des enjeux symboliques manifestes entre hommes et femmes.
« Ces recherches remettent en cause – en partie tout au moins – les frontières tracées entre les sexes et l’attribution du genre de la création, l’évidence étant souvent pensée du côté du masculin créateur. Elles en montrent les racines historiques et soulignent le poids des représentations. »