Résultats de l’étude menée par la malterie / Espace d’information et de soutien aux artistes plasticien·ne·s
Cette présente étude est le résultat du premier dépouillement des données d’une enquête menée par voie postale entre le 30 juillet et le 30 septembre 2004 auprès de 500 personnes déclarant avoir une activité plastique en région Nord/PasdeCalais. Cette enquête a été réalisée par l’association La malterie (Lille), à la suite d’une première étude datant de 2003 qui en constitue un prolongement plus complet.
Le taux de réponse approche 25 %, signe d’un intérêt plus que grand pour la problématique des conditions de professionnalisation des artistes plasticien·ne·s en région Nord/Pas deCalais. 115 artistes y ont répondu, et la diffusion des résultats nous a permis d’engager une réflexion collective sur les conditions de mise en œuvre et de pérennisation d’un « Observatoire des expériences et des pratiques artistiques, lieu d’information à destination des artistes plasticien·ne·s ».
Contexte de l’étude
La malterie est un lieu créé par et pour des artistes. Lieu d’accueil, de production et de diffusion depuis près de 10 ans, nous sommes directement sollicité·e·s sur des questions artistiques mais également sur des problèmes relatifs aux conditions de travail, de professionnalisation et d’accès à l’information des artistes. Nous avons engagé une réflexion depuis maintenant 3 ans autour de ces problématiques qui constituent à l’heure actuelle le cœur d’une véritable prise de conscience de la part des artistes et des institutions.
En octobre 2004, la malterie a ouvert un espace d’information et de soutien aux artistes plasticien·ne·s qui propose un certain nombre de services : entretiens personnalisés, diffusion d’appels à projets, aide à la formalisation des projets professionnels, annuaire de lieux de diffusion, dossiers d’artistes.
L’enjeu de l’existence d’une telle structure dédiée aux arts plastiques est :
- d’entrer en résonance avec les préoccupations des artistes dans leurs diversités, sans jamais les leurrer sur les difficultés et la réalité de ce secteur d’activités.
- de faire en sorte que chacun·e puisse développer sa pratique artistique en prenant ses responsabilités par rapport à sa carrière.
Nous souhaitons insister non seulement sur l’accès à l’information mais aussi faire appel aux idées de réciprocité, de partage d’opinions, de connaissances et d’expériences.
Que chacun·e puisse devenir un relais de l’information et un·e utilisat/eur-rice impliqué·e dans l’évolution de ce projet, un acteur ou une actrice et pas seulement un consommateur ou une consommatrice.
Des expert·e·s en sociologie nous ont assisté dans cette tâche qui a consisté à obtenir des données fiables de la situation démographique, professionnelle et socioéconomique de l’ensemble des artistes plasticien·ne·s de la Région NordPasdeCalais.
Ce portrait tient donc compte également des diverses réalités organisationnelles du domaine : rapport au marché de l’art et à celui de la commande publique, accès à l’information, à la formation et aux systèmes de bourse, d’aide et de subvention, à l’enseignement et aux diverses autres formes de métiers liés ou non à l’art.
Explicitation de la méthode de travail
Toute enquête sociologique débute par la définition de la population étudiée et le choix d’un échantillon représentatif de celle-ci. La caractérisation de la population artistique est, selon Raymonde Moulin, « en étroite relation avec les indicateurs adoptés pour caractériser la pratique artistique » [Raymonde MOULIN, L’artiste, l’institution et le marché, Flammarion, 1992, p264.]. Ce qui suppose que toute enquête statistique d’une population aussi floue que celle des artistes repose sur un choix méthodologique nécessairement arbitraire dont l’important est qu’il soit explicité.
Il n’existe pas en arts plastiques, contrairement à d’autres domaines d’activités professionnelles, des listes exhaustives de la population des plasticien·ne·s. La définition d’un·e artiste plasticien·ne ne répondant pas à des critères établis, cette population ne constitue pas un ensemble fermé et homogène, et toute personne peut se déclarer artiste. Nous avons donc fait ici le choix de ne retenir que les artistes souhaitant vivre de la production de leurs œuvres.
Cette liste a été constituée à partir de fichiers d’institutions et d’associations où étaient énuméré·e·s les plasticien·ne·s quelle que soit la sélection qui ait amené la constitution de ces répertoires. Dans un souci d’exhaustivité, nous avons fusionné plusieurs sources recensant les artistes plasticiens en région Nord/PasdeCalais :
- les fichiers des ancien·ne·s étudiant·e·s des écoles d’art de la Région : Dunkerque, Valenciennes, Tourcoing (étudiants diplômés depuis moins de cinq ans), Cambrai (diplômés depuis dix ans) et Le Fresnoy.
- Les fichiers de la DRAC, et plus particulièrement ceux recensant les artistes rencontré·e·s par la conseillère aux arts plastiques
- Les artistes ayant participé aux Journées Portes ouvertes des Ateliers d’artistes organisées par le département du Nord
- Et les artistes et associations impliqués de près ou de loin à la vie associative de la malterie
Dans la liste finale des artistes retenu·e·s, des choix ont été faits concernant les frontières de la population artistique : la frontière entre « art » et « métier d’art », la frontière qui sépare la pratique professionnelle de celle de l’amateur ou l’amatrice.
Au total, près de 500 personnes ont donc reçu le questionnaire entre juillet et septembre 2004. Malheureusement, nous n’avons pu l’envoyer aux artistes recensé·e·s par le département du Pas de Calais par suite d’un retard dans la réception du fichier. Cette absence explique les faibles taux de réponse des plasticien·ne·s résidant sur ce territoire mais la prochaine étude poursuivra cette recherche en incluant le Pas de Calais.
Problématique principale de l’enquête
Le domaine des arts plastiques réunit un grand nombre de compétences et de professionnel·le·s : travailleurs et travailleuses indépendant·e·s, salarié·e·s, vacataires, intermittent·e·s, fonctionnaires ou Rmistes. Il existe un panel très diversifié de pratiques et de situations d’artistes. C’est une des particularités de ce milieu. En ce qui concerne les formations, là aussi, une des richesses de ce secteur artistique est la multitude de formations initiales, universitaires, beaux-arts, mais aussi parfois technologiques, scientifiques, sociales etc… Sans oublier les autodidactes.
Artiste, est-ce une profession ? Est-ce une qualité ? Est-ce un statut social ?
Certain·e·s sont inclassables, atypiques. Certain·e·s assurent leur activité d’artiste en enseignant·e, d’autres arrivent à vendre leur production, mais, généralement, il est difficile de vivre complètement de sa création. Elles ou ils travaillent tou·te·s, mais ce que nous avons cherché à savoir, c’est dans quelles conditions elles et ils travaillent en tant qu’artistes.
Pour que ce travail ne soit pas qu’une photographie à un instant donné, nous souhaitons par la suite le diffuser sous format « électronique », et créer un outil permettant de suivre régulièrement et à long terme l’évolution de ces principaux paramètres, en allant toujours plus loin dans les rencontres, la recherche et l’observation de l’évolution du fonctionnement de ce milieu et des phénomènes qui influent sur les conditions de vie et de travail des créateurs et créatrices artistes et plasticien·ne·s.
Ces informations statistiques constituent une source importante de connaissances de ce secteur et une base efficace de propositions et d’actions non seulement pour la malterie, mais aussi pour l’ensemble du secteur des arts plastiques, des associations, des organismes et institutions culturels.
Présentation du questionnaire
La présente enquête nous permet d’esquisser une vue d’ensemble de la situation des plasticien·ne·s du Nord/Pas deCalais et de mieux cerner la réalité des conditions de pratique professionnelle de nos publics accueillis pour proposer des services et des outils adéquats. Les données statistiques recueillies nous ont permis de constater la composition socio-démographique de la population des artistes plasticien·ne·s, leurs revenus, les possibilités de diffusion de leurs œuvres, leur niveau de reconnaissance. Ces informations renvoient donc à la question du nombre d’artistes qui parviennent à vivre de leur pratique, tout en éclairant la complexité des multiples sources de revenu et par conséquence des profils de carrière différents.
Le questionnaire a été conçu en s’inspirant de l’étude menée en 2001 par le RAAV (Regroupement des Artistes en Arts Visuels du Québec). Il met en évidence les thèmes suivants :
- Données socio-démographiques générales
- Age, sexe, lieu de naissance et de résidence
- Situation familiale
- Occupation de la conjointe ou du conjoint
- Données sur la formation
- Niveau de scolarité atteint
- Mobilité géographique lors des études
- Autodidaxie
- Statut professionnel et emploi du temps
- Types d’activités professionnelles (artistiques et non artistiques)
- Temps consacré à ces activités
- Place de la multi-activité et du métier d’enseignant·e en arts plastiques
- Intégration professionnelle dans les réseaux artistiques
- Dynamique de carrière
- Profil disciplinaire, interdisciplinarité et multidisciplinarité
- Revenus liés à la pratique professionnelle et modalités de rémunération
- Accomplissements professionnels : expositions, ventes et dons d’œuvres, obtention de prix et de bourses, participation à des résidences.
Les constats suivants constituent donc les résultats d’un premier dépouillement des données recueillies, qu’une seconde phase permettra de compléter et d’approfondir, notamment à des niveaux d’échelle supérieurs.