Conçue en deux volets, l’un historique, l’autre prospectif, cette exposition rend hommage à l’historien et critique Michel Ragon qui, dans ses ouvrages Où vivrons-nous demain? (1963) ou Prospective et Futurologie (1978), fit découvrir les enjeux de cette architecture expérimentale au coeur de la collection du Frac Centre.
Dans l’après-guerre, des architectes refusent le diktat de l’architecture fonctionnaliste pour s’engager dans une redéfinition radicale de la ville. De l’analyse précise des mutations sociologiques de leur époque, ils tirent des «systèmes urbains» capables d’organiser de façon globale et d’anticiper les nouveaux modes de vie occidentaux.
Yona Friedman est l’un des premiers à théoriser les principes d’un urbanisme spatial à l’échelle planétaire. Ses études sur la mobilité, énoncées dès 1956, influent largement sur le développement du courant « futurologique » qui traverse les années 1960 et dont Michel Ragon se fait le porte-voix.
Au travers de revues et au sein du GIAP (Groupe international d’Architecture Prospective), il diffuse les nombreuses recherches de cet urbanisme «prospectif» : ces cités du futur déploient de gigantesques infrastructures hors-sol, qui favorisent une circulation libre et continue des hommes et des informations.
L’exposition s’attache à restituer cette quête de nouveaux territoires et de configurations urbaines capables d’accueillir les citadins à venir, à travers six sections thématiques et une centaine de maquettes, dessins et photomontages.
Entre pragmatisme et utopie, les projets présentés, pour la plupart issus des collections du Frac Centre, incarnent l’optimisme des « années pop », le mythe d’une culture en quête de loisirs et de consommation, fascinée par le rêve cybernétique et la conquête spatiale.
Extensibles à l’infini, ces villes « mégastructures » deviennent pourtant dès la fin des années 1960 un symbole d’oppression, ultime avatar d’une modernité en crise. Les architectes radicaux posent alors, sur un mode ironique, les prémisses d’une nouvelle conscience environnementale, délivrant des visions « négatives » d’une humanité asservie à l’idéologie du progrès.
Au terme de ce parcours historique, l’exposition présente les projets contemporains d’une vingtaine d’agences d’envergure internationale et s’interroge sur la réappropriation aujourd’hui de ces enjeux à grande échelle. L’environnement urbain globalisé est désormais une réalité, qui émerge au croisement du bâti et du connecté, du sauvage et du maîtrisé.
Les projets présentés répondent à la nécessité de repenser les nouveaux usages de la ville, de générer les ressources et de relier la micro-échelle de l’individu à la macro-échelle d’un territoire urbain en expansion. Quelles logiques les architectes développent-ils pour générer ou régénérer la ville, entre local et global ?
Architectes exposés
Volet historique
Architecture Principe (Claude Parent – Paul Virilio)
Archizoom Associati
Chanéac
Constant
Justus Dahinden
Domenig + Huth
Günther Feuerstein
Yona Friedman
Klaus Gartler & Helmut Rieder
Vittorio Giorgini
James Guitet
Günter Günschel
Bernhard Hafner
Angela Hareiter
Haus-Rücker-Co
Pascal Häusermann
Hans Hollein
Arata Isozaki
Jozef Jankovic
Paul Maymont
MIASTO
Manfredi Nicoletti
Luigi Pellegrin
Charles Péré-Lahaille
Aldo Loris Rossi
Guy Rottier
Jacques Rougerie
Nicolas Schöffer
Eckhard Schulze-Fielitz
Paolo Soleri
Alina Slesinska et Eustachy Kossakowski
Superstudio
Pierre Székely
Iannis Xenakis
Zünd up
Volet contemporain
Ateliers Jean Nouvel
Asymptote Architecture (Hani Rashid + Lise Anne
Couture)
BIG (Bjarke Ingels Group)
BNKR Arquitectura
Delhi 2050
Diller Scofidio + Renfro
DOMAIN Office + KAAN Architecten
Dominique Perrault Architecture
Foster + Partners
Sou Fujimoto Architects
Future Cape Town
GRAU
Heatherwick Studio
MAD Architects
NLÉ
OMA
Oppenheim Architecture + Design
The Petropolis of Tomorrow
SL Rasch GmbH Special & Lightweight Structures
SNØHETTA
Urban Think Tank
WOHA