« Recyclages » ou quand un sculpteur et un photographe se rencontrent pour nous faire partager leur regard poétique sur des choses ou des objets abandonnés après leur utilisation, qu’il s’agisse de déchets divers, de ferraille, de cartons et papiers, de matières plastiques.

Ce regard, ils l’expriment chacun à leur façon, chacun avec leur spécialité, à travers des créations artistiques qui confèrent au rebut une dimension qu’ils veulent esthétique avant tout, ce qui n’exclut pas complètement l’invitation à une réflexion sur notre société de consommation et son impact environnemental.

Alain Dutour, fabricant d’images, terme qu’il préfère à celui de photographe, prend en photo et en gros plan des matériaux compressés dans des balles sur des sites de collecte et de valorisation de déchets. L’image numérique acquise est traitée ensuite de manière à lui donner un aspect pictural. De l’apparent désordre et fouillis surgissent alors des paysages et des décors, dans lesquels des êtres ou des choses, des organismes, des personnages ou des marionnettes semblent évoluer ou jouer différents rôles. Dans chaque image, chacun peut voir un moment d’une histoire, d’un récit, d’une légende, d’un conte ou d’une pièce de théâtre.

Quant à D.glingué, il se définit comme « redonneur » de vie plutôt que sculpteur. Comme son compère Alain Dutour, il aime visiter les lieux de collecte de déchets et les décharges sauvages, sur lesquels il récupère des objets et matériaux divers, qu’il accumule ensuite dans son atelier. Puis il les réunit et les assemble. Les vieux outils abandonnés, par exemple, retrouvent leur éclat d’antan et les assemblages ainsi créés leur confèrent des fonctions nouvelles pour ne pas dire improbables. Alors, le bois, le métal et d’autres matériaux, tout ce qui était rebut, a droit à une seconde vie.

Ainsi, la photographie et la sculpture permettent de réaliser une opération inédite avant l’enlèvement et la disparition d’objets salis, maltraités, abîmés, usés, cassés, froissés, compressés et abaissés au rang de déchets après une utilisation plus ou moins longue. Il s’agit, en quelque sorte, d’un réemploi, voire même d’une première phase de recyclage avant que ces déchets ne subissent diverses opérations industrielles permettant leur valorisation.

Alors, avec ces « Recyclages » poétiques, l’ordinaire devient extraordinaire et acquiert même une dimension esthétique.