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Du 01 Oct 2017 au 15 Mai 2018

Rira bien qui rira le dernier

Catégorie :

37 Indre-et-Loire

Fragments de comédie documentaire.

Organisé par :

Sans Canal Fixe

Adresse :

2 place Raspail 37000 - Tours

Plus d'infos

Fichiers liés :

« Il n’y a pas de film comique qui ne soit contestataire, on ne peut pas faire un film comique charmant. »
Jacques Tati, Cahiers du cinéma, 1979

D’accord. Le documentaire, en général, ce n’est pas marrant !

Qu’il « conscientise » sur un mode militant, ou « déplace le regard, en proposant un point de vue » comme on le dit, sans rire justement, dans certains cénacles où les lunettes se portent plutôt rectangulaires et le front, dégagé, le cinéma du réel doit être sérieux ; la messe est dite.

Comme si le paradis de la « réalité » était forcément la récompense du sacerdoce. Sans doute. Mais faut-il oublier que le rire, qui semble pourtant être une qualité spécifiquement humaine, peut s’avérer tout aussi destructeur que n’importe quel essai ronflant ? Que « l’immersion » nous laisse parfois, au bord.
Et de glace.L’effet de réel propre au cinéma peut parfois, avec le recul, provoquer une scène drôlatique (la canonique première entrée du Train en gare de La Ciotat n’a-t-elle pas vidé une salle prise de panique ?)…hors-champ.

Certains documentaristes – peu nombreux, certes – ont trahi les causes sérieuses, forcément bonnes. Mais il les retrouvent par surcroît, en cultivant leur goût du dérisoire et des autres, attentifs à la subtile ou grossière alchimie de la comédie humaine : Ils en sont parfois le centre (Pazienza, Mograbi, Moullet…), et dans le cas contraire, ils payent toujours un peu de leur personne (Michel, Breton…). Car rire « au détriment de » est toujours une affaire de pouvoir et d’aliénation. Celle des histrions cathodiques. La comédie documentaire, elle, s’efforce de le faire, « avec ». Mais si filmeurs, filmés et spectateurs peuvent ainsi rire de leurs semblables qui se débattent sur l’écran, c’est paradoxalement dans la distance qu’instaure cet objet imparfait qu’on appelle caméra.

Les projections sont présentées par Emmanuel Chicon ou Jean-Baptiste Giuliani et suivies d’un échange avec le public.

Dimanche 1er octobre, 11h00 au Cinémas Studio, Tours (37)

LA CIGALE, LE CORBEAU ET LES POULETS

Olivier Azam (France, 2017, 95 min)
La cigale c’est le bureau de tabac et librairie régionaliste de St Pons de Thomières. Mais pas que… c’est aussi un espace de solidarité, un lieu de dialogue et d’engueulades, un endroit où la bande de vieux complices a pris l’habitude depuis bien longtemps de festoyer et d’organiser la résistance…
Le corbeau c’est celui qui en 2009 a envoyé des lettres de menace à Nicolas Sarkozy et d’autres personnalités politiques accompagnées de balles de 9mm.
Et les poulets… et bien, avec ou sans képi, on pourrait dire que ce sont les dindons de la farce.

Toutes les polices de France sont aux trousses de la mystérieuse « Cellule 34 » qui menace de mort le président de la République. 150 policiers dont la brigade antiterroriste débarquent dans un petit village de l’Hérault. Qui sont ces dangereux papys accusés d’être le corbeau ?
La cigale, le corbeau et les poulets c’est l’histoire invraisemblable d’une farce juridique qui aura inquiété jusqu’à l’Elysée et fait débouler l’élite de la police antiterroriste dans un petit village de l’Hérault où une bande de villageois aux gabarits plutôt Obélix qu’Astérix résistent. Ces drôles de zouaves ont très bien compris que la démocratie ne s’use que si l’on ne s’en sert pas. Une fable de la France d’aujourd’hui.

En présence de Pierre Blondeau, le buraliste de La cigale.

Mardi 7 novembre, 20h30 – Café comptoir Colette’s, Tours (37)

FIX ME

Raed Andoni (Palestine, 2009 , 98 min)
Raed a mal à la tête. Au propre comme au figuré. Ça l’empêche de travailler. Il décide de se faire soigner. Il se rend au service psychiatrie de l’hôpital de Ramallah. Raed est palestinien. Il habite en Cisjordanie. Le chef de service lui promet de le guérir en vingt séances. Raed est réalisateur. La salle de consultation est séparée par un miroir sans tain d’une pièce mitoyenne. Ce dispositif sert habituellement à la formation des internes. Il permettra à Raed de filmer sa thérapie. Et au spectateur de pénétrer la psyché de cet étrange personnage, sorte de cousin palestinien de Woody Allen, et de découvrir son monde.

Mercredi 6 décembre, 19h00 – Coopérative Artefact, Tours (37)

La mère à mon père

Yvan Petit (France, 2011, 15 min )
« Un jour en colère, j’ai découpé mon père » (ma grand-mère). Yvan Petit propose une archéologie intime teintée de truculence. La mère à mon père fait surgir la saga familiale d’albums photos commentés par une grand-mère espiègle. Tiré du programme de courts métrages SCF 17 – Prix du public, Festival du film de famille de Saint-Ouen, 2012.

Monts et merveilles

Cédric Michel (France, 2014, 45 min)

21 décembre 2012, date de la fin du calendrier maya et pour certain-e-s…de l’apocalypse. Cédric Michel et 300 journalistes accrédités venus du monde entier (si, si) attendent, dans le petit village pyrénéen de Bugarach qu’une soucoupe volante vienne y chercher 144 000 élus pour les sauver de la fin du monde. Sous le regard amusé du cinéaste, l’ambiance très spéciale du village de Bugarach (200 habitants, « hors saison »), avant et après le jour J s’émaille d’une galerie de portraits savoureuse de « croyants ». Avec une certaine médiacratie en tête de gondole.
En présence de Yvan Petit et Cedric Michel, réalisateurs.

Mardi 16 janvier, 18h30 – Bibliothèque des Cinémas Studio, Tours (37)

Zoo

un film de Bert Haanstra (Pays-Bas,1962, 12 min)
Le zoo est un endroit très agréable et intéressant où il est tout aussi passionnant de regarder les gens que les animaux. Filmé en caméra cachée, Haanstra fait rimer les gestes et postures de Hollandais et d’animaux qui s’observent mutuellement.

L’Empire de Médor

un film de Luc Moullet (France, 1986, 13 min)
En 1972, Luc Moullet produit et joue dans Le Cabot, un court métrage de Jean-Pierre Letellier racontant les déboires d’un assistant qui doit tuer un chien pour les besoins d’un tournage. Le film est interdit pendant deux ans par la censure et Moullet découvre alors le tabou du chien : comme la vache en Inde, constate-t-il désabusé, on ne peut pas tout se permettre avec l’animal domestique favori des Français. Cette mésaventure lui donne envie de réaliser un court métrage consacré au délire insensé entourant la gente canine.

Territory

un film de Eleonor Mortimer (Angleterre, 2014, 17 min)
Gibraltar est connu pour la discorde diplomatique qu’il cause depuis trois siècles entre le Royaume-Uni et l’Espagne. Mais ce Rocher est aussi simiesque, comme en témoigne la colonie de macaques (seule population sauvage de singes du continent européen). Eleonor Mortimer érige leur défiance ludique en métaphore des tensions politiques qui n’ont jamais cessé d’agiter ce petit bout d’Europe et Territory narre avec un non-sense typiquement britannique, l’esprit presque rebelle de ces résidents poilus qui peuvent se prévaloir d’avoir précédé, chronologiquement, les imberbes sujets de sa Majesté !

Pleure ma fille tu pisseras moins

un film de Pauline Horovitz (Belgique, 2011, 52 min)
Tout le monde le sait depuis Simone de Beauvoir, « On ne naît pas femme, on le devient ». Pauline Horovitz signe une tragi-comédie baroque sur la construction des genres, en forme d’inventaire à la Prévert, entre éducation et bonnes manières, maquillage et Ecossais en kilt, coups de foudre, mariages à répétition et estampes japonaises – sans oublier la recette du sauté de veau.

Mercredi 14 février, 19h00 – Médiathèque de La Riche (37)

Forza Bastia 78

un film de Jacques Tati et Sophie Tatischeff (France, 1978, 28 min)

C’est à la demande de Gilbert Trigano, président du club bastiais de football, que Jacques Tati, passionné de sport depuis toujours (voir son désopilant mime du gardien de but, entre autres), part en Corse avec trois cameramen et deux ingénieurs du son pour filmer les préparatifs de la finale de la Coupe d’Europe opposant Bastia à Eindhoven au stade Furiani. Un événement sans précédent sur « l’île de beauté » qui va bien au-delà d’un simple match de foot. C’est Sophie Tatischeff, fille du cinéaste, qui, découvrant les rushs des années plus tard, dans sa cave, en assurera le montage. Telle père, telle fille ? Et Forza Bastia d’inventer le burlesque documentaire.

Eux et moi

un film de Stéphane Breton (France, 2001, 63 min)
Dans les montagnes de Nouvelle-Guinée, il était une fois une forêt dense, fendue par des hommes presque nus suivant un obscur fil d’Ariane, avec un ethnologue-cinéaste sur les talons : Ce sont « eux » que Stéphane Breton veut filmer. Et lui, devenu « épicier » à son corps défendant, observateur des marchandages qui le lient à ses hôtes en caméra subjective. Voici donc la petite mort du cinéma ethnographique classique, qui ne laisse aucune place à la contemplation et s’essaye à la comédie intimiste. L’obscène, ce que la « science » ne peut révéler, devient le « terrain » impromptu de la rencontre, l’ethnocentrisme et le romantisme du mythe du « bon sauvage » sont balayés par la révélation drôlatique de l’intersubjectivité porteuse d’une inquiétante, et pourtant familière, étrangeté. Filmer « un mètre cube de malentendus », tel est le pari fécond de Eux et moi.

Mardi 13 mars, 18h30 – Bibliothèque des Cinémas Studio, Tours (37)

Tishe !

un film de Victor Kossakovski (Russie, 2003, 80 min)
« La fenêtre s’ouvre comme une orange, Le beau fruit de la lumière » (Apollinaire). Pendant une année, Victor Kossakovsky a filmé, selon des règles dictées par le hasard, ce qui se passe sous les fenêtres de son appartement à Saint-Pétersbourg, dans une rue périodiquement en réparation pour les célébrations du 300ème anniversaire de la ville. Avec autant de patience que d’humour, il pose son regard étonnamment intuitif sur les petites scènes de sa rue, où les saisons et les passants défilent, images d’une comédie humaine universelle… Tishe ! , que l’on peut traduire par “ sois tranquille et modeste ”, est une épiphanie du quotidien, entre drôlerie et drame, surréalisme et abstraction.

Mercredi 11 avril, 19h00 – Médiathèque de La Riche (37)

La Brêle Sauvage

un film de Greg Clément (Suisse, 2015, 27 min)
Déçu du manque d’ambition de ses partenaires, un musicien punk décide de quitter Genève pour partir à l’aventure sur sa mobylette (nom francisé de la « brêle »). Entremêlant fiction et réel, ce road-movie – qui n’est pas sans évoquer certains classiques de l’histoire du cinéma – se penche avec tendresse sur un réjouissant compositeur de « chansons débiles ».

L’Argent raconté aux enfants et à leurs parents

un film de Claudio Pazienza (Belgique, 2002, 53 min)
Voici un film qui scrute, sur le mode d’une fable humoristique et pince sans rire, la métallique maigreur d’une pièce de monnaie et raconte, par bribes, l’histoire d’une famille ouvrière incapable de conjuguer besoins, désirs et moyens. De père en fils, on vit dans l’angoisse de la dette. Cela inquiète évidemment le fils (l’auteur du film), bientôt père à son tour. C’est donc une histoire de « cuisine interne » à laquelle sont conviés des monétaristes, des philosophes, un gouverneur de banque centrale…

Mardi 15 mai, 18h30 – Bibliothèque des Cinémas Studio, Tours (37)

Vive l’Opérette !

un film de Alain et Wastie Comte (France, 2003, 25 min)
Le premier carton annonce la couleur : nous voici conviés à un « spectacle burlesque en trois actes, sept tableaux, un prologue et un épilogue ». L’intrigue ? La présidentielle de…2002. Revue et corrigée par le couple héroïque du Pédalogue en l’accommodant avec quelques touches savamment choisies d’opéra bouffe, de Badiou, de Hugo et d’Angot dans le texte. D’une férocité tranquille. Donc irrésistible.

Comment j’ai réussi à surmonter ma peur et aimer Ariel Sharon

un film de Avi Mograbi (Israel, 1997, 62 min)
À la suite de l’échec des accords d’Oslo (précipité par l’assassinat de Yitzhak Rabin), le réalisateur israélien Avi Mograbi s’en va-t-en guerre (du moins c’est ce qu’il croit) contre son ennemi de toujours, Ariel Sharon, alors en campagne pour l’élection du Likoud aux législatives. Avec, comme objectif avoué, de lui faire la peau une bonne fois pour toutes en exposant en pleine lumière le monstre qui se cache derrière l’homme politique. Dans cette entreprise hasardeuse, le cinéaste israélien ne prendra que des coups. Retors et caustique, ce film qui emprunte son titre au Docteur Folamour de Kübrick interroge sans concession la position du documentariste face à son sujet.
En présence de Alain et Wastie Comte, réalisateurs (sous réserve)