Le CCC présente cet été la nouvelle exposition personnelle de Michel Verjux. L’artiste s’y prête au jeu de la rétrospective, en revisitant l’ensemble d’une œuvre dense et prolifique qu’il développe depuis plus de trente ans.
L’exposition se situe dans le prolongement des expériences de «rétrospectives» menées par le CCC depuis quelques années : sans souci d’exhaustivité ou de stricte chronologie, celles-ci interrogent la temporalité d’une œuvre à travers un projet vivant mené avec l’artiste.
Avec un ensemble d’installations de 1983 à aujourd’hui, l’exposition de Michel Verjux permet de parcourir, découvrir et relier différents moments de son travail « d’éclairage » à partir duquel l’artiste ne cesse d’interroger cette fonction d’« exposition » propre à la lumière, en alliant la permanence d’un outil unique et délibérément restreint au minimum nécessaire et suffisant à l’infinie diversité des situations rencontrés et des œuvres réalisées.
Michel Verjux est né en 1956 à Chalon-sur-Saône, en Bourgogne. Apparu sur la scène artistique au début des années 1980, son travail est montré dans de nombreux musées et lieux d’exposition en France et à l’étranger, à l’intérieur comme à l’extérieur. Il est présent dans de multiples collections privées et publiques. Il est aussi visible dans le cadre de commandes publiques pour lesquelles l’artiste a créé des œuvres permanentes inédites.
Après une pratique du dessin et de la poésie (1968-1983), du théâtre (1976-1979), de la performance et de l’installation multimédia (entre 1979 et 1983), c’est en 1983 qu’entant qu’artiste, il se consacre exclusivement aux arts plastiques.
Il met alors en place un langage visuel volontairement épuré, réduit à la condition minimale d’existence et de perception de l’œuvre d’art : la lumière – son matériau privilégié – venant jouer avec l’espace, le regard et le parcours du visiteur.
Considérant qu’« éclairer, c’est déjà exposer », Michel Verjux travaille alors au moyen de l’« éclairage » sur le mode de la lumière projetée. L’éclairage devient son unique outil visuel.
Ses projections de lumière blanche, cadrées, orientées et focalisées, recouvrent les surfaces murales, ou autres, d’espaces intérieurs (lieux d’exposition, appartements, etc.) ou celles d’architectures extérieures.
Des projections qui peuvent être vues comme de simples images ou figures géométriques dessinées dans l’espace, mais qui, pour l’artiste, sont aussi et surtout les indices, les révélateurs d’une situation et le symbole même de l’exposition du monde à nos yeux.
L’exposition, sous la lumière projetée, lie un lieu, un moment, un contexte et un regardeur. Dans un double effet de désignation, ce qui est donné à voir dans les éclairages de Michel Verjux est tout autant l’acte d’éclairer que les éléments constitutifs de l’exposition ainsi mis en lumière.
En 1983, ses premières œuvres, dans lesquelles prime la lumière, utilisent des projecteurs de diapositives sans images et nécessitent l’obscurité. Michel Verjux place alors, entre la source lumineuse et les murs éclairés, des objets, des « obstacles », dont les ombres créent des découpes dans la « matière » lumineuse.
À partir de 1986, l’artiste se passe peu à peu de ces obstacles, le mur devenant le seul récepteur de la lumière. C’est à cette période qu’il abandonne progressivement le projecteur de diapositives pour le projecteur à découpe utilisé dans les vitrines de magasin, les musées ou les salles de spectacles.
Ce matériel plus performant permet à l’artiste d’intervenir dans la lumière ambiante d’espaces déjà éclairés. Les œuvres peuvent désormais interagir bien davantage avec l’espace environnant en intégrant la qualité et les variations de la lumière, naturelle ou artificielle, du lieu d’exposition.
À partir des années 1990, l’artiste combine ces différents types d’éclairage, enrichissant les interactions infinies entre la lumière et les éléments architecturaux des espaces, toujours différents, ainsi révélés. C’est à partir de cette époque qu’il réalise de plus en plus d’interventions dans l’espace public, notamment dans des lieux patrimoniaux.
Autant de développements et de cheminements dont l’exposition de Michel Verjux au CCC – Restrospectare humanum est » – rend compte en faisant dialoguer des œuvres historiques de 1983 et 1984 avec des œuvres récentes. Confrontant la lumière des anciens projecteurs de diapositives à celles des projecteurs à découpe, rythmant l’espace avec de multiples jeux de découpe, d’ouverture ou de passages en ombre et lumière, l’exposition s’enrichit également d’une œuvre réalisée en 1998 en collaboration avec François Morellet.
Entretien entre Michel Verjux et Pascal Rousseau : samedi 21 juin à 15h.
Cette exposition est réalisée en collaboration avec le Kunstmuseum de Saint-Gall (Suisse).
Remerciements : Françoise et Jean-Philippe Billarant, galeries Jean Brolly (Paris), Catherine Issert (Saint-Paul de Vence), A arte Studio Invernizzi (Milan) et Georges Verney-Carron (Lyon), Société Prestacles (Bonneuil-sur-Marne).