À travers la forme, que nous disent les architectes contemporain·es japonais·es de l’environnement et de la communauté ?
L’exposition Quand la forme parle ne se focalise pas sur Tokyo, comme cela est habituellement le cas. Réunissant de nombreux·ses architectes actif·ves dans tout l’archipel, elle présente de manière inédite la réalité de l’architecture du Japon d’aujourd’hui et écrit une nouvelle page de l’histoire des échanges architecturaux entre la France et le Japon.
Shuhei Endo, producteur de l’exposition, architecte, professeur à l’Université de Kobe
L’accueil de cette exposition est dans la filiation des nouvelles orientations du Frac Centre-Val de Loire, une lecture de l’architecture à l’heure de la « Peau fragile du monde » pour le dire avec Jean-Luc Nancy. L’exposition donne à voir une architecture qui pense la proximité devenue, après le séisme de Kobe en 1995 et celui de l’est du Japon en 2011, l’unique manière de penser une architecture attentive au monde. Comment l’architecture peut-elle faire attention, prêter attention ou encore porter à l’attention ? C’est en cela que la parole s’invite dans le titre de l’exposition et dans son parcours.
Abdelkader Damani, directeur du Frac Centre-Val de Loire
L’exposition porte une attention particulière aux architectes ayant commencé leur carrière après l’éclatement de la bulle spéculative au Japon (à partir de 1995), ainsi qu’à de jeunes talents émergents. Elle tente de définir l’expression d’une forme architecturale contemporaine japonaise couvrant l’ensemble de l’archipel, en présentant 35 agences d’architecture (avec 13 femmes architectes) dont les 64 projets aux formes originales et créatives s’intègrent harmonieusement dans des environnements variés tout en étant en phase avec les communautés locales.
Sans abandonner l’intérêt pour la forme les architectes né·es après 1960 concentrent leurs efforts sur une expression sensible à l’environnement et à la conception d’une architecture pour la communauté et dans un nouveau rapport public privé.
Il s’agit, notamment, de répondre à la richesse de la nature locale, aux contraintes particulières du climat, ou encore à l’environnement complexe des métropoles et de leurs quartiers résidentiels. Cette lecture approfondie du contexte influence les formes qui entament un véritable dialogue avec l’environnement et dans une interaction avec l’architecture.
Le concept de communauté occupe une place importante dans le contexte actuel de l’architecture japonaise. Les architectes modernes considéraient déjà que le rôle dévolu à la forme était « d’éclairer » les citoyen·nes. Certain·es architectes japonais·es d’après-guerre voyaient dans le modernisme une expression de la démocratie. Avec le passage au 21e siècle, l’organisation d’ateliers participatifs réunissant habitant·es et utilisateur·rices entraîne une augmentation des projets d’architecture publique de grande qualité. Après le grand séisme de l’Est du Japon en 2011, les regards se sont tournés vers ces villes de province qui avaient été ravagées. L’architecture post-catastrophe prend conscience de cette dimension communautaire qui appelle une complexité plus forte. Plus que la recherche d’une beauté des espaces, il s’agit de créer des lieux de vie dans lesquels les gens puissent se rassembler et passer un moment agréable.
Si dans la période d’après-guerre, la maison individuelle connaît un développement particulier et que dans la seconde moitié des années 1970, des habitations introverties, fermées à l’espace urbain apparaissent, on assiste depuis, à une tendance progressive d’ouverture du logement vers la ville : maison associée à un restaurant collectif, un dojo ou un magasin, logement partagé… Les architectes se chargent de mettre en forme de manière originale ces programmes fonctionnels complexes. D’autre part, des espaces publics d’un type nouveau font leur apparition, accompagnant une transformation sociétale, libérée des modèles traditionnels, comme par exemple un complexe favorisant les rapports intergénérationnels ou un jardin d’enfant en lien avec la communauté locale.
Taro Igarashi, commissaire de l’exposition, historien de l’architecture, professeur à l’Université du Tohoku
Exposition sous le haut patronage de l’Ambassade du Japon en France. Organisation : Architectural Design Association of Nippon (ADAN) ; Shuhei Endo, architecte, professeur à l’Université de Kobe. Avec le soutien de : International House of Japan, Fondation Franco-Japonaise Sasakawa. En partenariat avec : École Spéciale d’Architecture (ESA) ; Société Française des Architectes (SFA) ; Maison de la culture du Japon à Paris.
Infos pratiques
Horaires d'ouverture
Du mercredi au dimanche : 14h - 19h
De 10h à 19h samedi 19 et dimanche 20 octobre à l'occasion des Journées nationales de l'architecture
Fermeture de la billetterie et de la caisse : 18h30
Nocturne jusqu'à 20h chaque 1er jeudi du mois
Fermeture exceptionnelle : 25 décembre, 1er janvier, 1er mai
Fermeture anticipée à 16h les 24 et 31 décembre
Tarifs
Entrée libre