Jean Girel est né en Savoie en 1947. Il s’initie à la poterie chez un potier traditionnel à 14 ans . Il étudie ensuite à l’Ecole des Beaux Arts de Macon et débute sa carrière en tant qu’artiste peintre. A partir de 1975, il se consacre entièrement à la céramique. Il a exposé dans de nombreux musées et galeries en France et à l’étranger.
Jean Girel est l’auteur de plusiseurs ouvrages concernant la céramique et prépare actuellement un livre qui s’intitulera : La céramique Song ou l’art des cinq éléments. Ouvrage de synthèse de trente ans de recherches, d’expériences et de découvertes inédites sur la céramique chinoise et l’un de ses sommets (sortie du livre aura lieu en 2015 lors d’une exposition à Genève regroupant tous les travaux et les œuvres réalisés par l’auteur dans ce domaine).
Fables
La redécouverte de l’immensité du paysage depuis le nouvel atelier a coïncidé avec un évènement que j’attendais depuis 40 ans : une exposition en 2008 de l’ensemble de l’œuvre du peintre flamand Joachim Patinir, premier peintre de paysage pur, précurseur et génie inégalé du genre. J’ai cherché alors, sur des formes simples de disques ou de cylindres, un équivalent de la perspective atmosphérique, par un jeu de glacis, de fondus de tons bleutés venant diluer les matières brunes et terrestres des premiers plans.
Il ne s’agissait pas de travailler le paysage en peintre, avec des pinceaux, comme ont pu le faire Chaplet dans ses barbotines ou les peintres de la manufacture qui ont su copier à merveille des tableaux de maîtres, mais de chercher des couvertes aériennes pour le ciel, fondantes et diffusantes pour les lointains, terrestres et solides pour les premiers plans. Le travail de superpositions se faisant entièrement à l’aveugle et seul le défournement pouvant me dire si j’ai eu la bonne intuition et si le feu et la matière ont bien fait leur travail.
J’ai repris en 2012 cette recherche, non plus devant le paysage bourguignon, mais sur le thème de la montagne, à partir de souvenirs d’enfance dans les Bauges et les Préalpes pour une exposition au musée Faure d’Aix-les-Bains.
Je pensais à cette occasion m’être débarrassé de cette obsession du paysage, mais l’émotion ressentie récemment à Lille lors de l’exposition « Fables du paysage flamand » a été telle que j’ai éprouvé le besoin d’explorer de nouveau ce thème, cette fois-ci en tentant d’y intégrer la part d’étrangeté émanent de ces tableaux flamands. Ce n’est bien-sûr ni dans la mythologie ou la Bible que je vais alors chercher une histoire, mais dans une nouvelle matière céramique, ou une couleur dissonante qui, introduisant une aventure, tentera de décaler la perception du paysage vers d’autres fantasmes.
Jean Girel
Marie-Pierre Méheust
Voilà trente quatre ans que je travaille l’argile, matériaux doux et rebelle à la fois. J’ai toujours utilisé la technique de la terre vernissée, technique simple mais exigeante et capricieuse, car la pose des engobes, du trait gravé et des couleurs sur cru imposent une attention extrême. Je me sens parfois très limitée dans mon expression du fait de ces contraintes. C’est aussi ce qui en fait un jeu hasardeux, délicieux et désespérant à la fois.
Mais le fond de mon travail est ailleurs que dans cette transparence gaie, facile que lui confère la terre vernissée, même si je me sers de cet atout.
Ce n’est pas simple d’expliquer les raisons qui font choisir une telle voie en création, et est-ce utile ?
Disons que la terre m’a donné ce dont je manquais le plus enfant : une ossature, une confiance, un espoir dans la vie. C’est aussi au travers du monde végétal et animal que j’ai puisé mes premières forces. C’est pourquoi j’aime associer ces deux thèmes à celui essentiel de l’humain… les mélanger, les triturer jusqu’à ce qu’ils dérivent vers un univers décalé, poétique.
Marie-Pierre Méheust
Informations pratiques
Vernissage le samedi 27 juillet de 18h30 à 21h.
Conférence de l’artiste le samedi 27 juillet à 17h : présentation du travail et de la démarche artistique (entrée gratuite).
Ouverture tous les jours de 11h à 19h.