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Du 06 Avr au 07 Nov 2012

Vernissage : 06 Avr @ 09h17

Les artistes 2012

Catégorie :

41 Loir-et-Cher

Adresse :

rue des Argillons 41150 - Chaumont-sur-Loire

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Darren Almond

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Sur les deux grandes séries photographiques, présentées dans les galeries du Château, l’artiste britannique Darren Almond propose une réflexion sur les notions de mémoire – individuelle et historique – , de temps et de durée.
Dans Fullmoon, l’artiste utilise le paysage comme sujet principal. Ponctuée de multiples références à la peinture (Constable, Turner, Talbot, Friedrich, etc.), cette série de clichés pris en pleine nuit, exposés à la lumière lunaire pendant 15 minutes, livre des images insolites, étonnamment lumineuses et d’un exceptionnel pouvoir poétique.
La série Night+Fog, a quant à elle été réalisée dans les plaines glacées de Sibérie septentrionale. Les dizaines de photographies qui constituent la série montrent des forêts pétrifiées, des arbres carbonisés et austères, dont la ligne se dessine sur des paysages de neige, vierges en apparence de toute trace d’humanité.

Michel Blazy

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S’il est l’apanage de la sorcière, le balai est aussi celui de la ménagère, l’objet trivial du quotidien. Fait de bois et de paille, ne serait-il pas un fragment de nature arraché aux prairies pour finir dans nos cuisines ? Dans les mains de Michel Blazy, cet outil est rendu à un hypothétique état de nature : à Chaumont-sur-Loire, plantés dans le sol, des centaines de balais semblent prendre racine. Sur leur tête de paille, les graines de sorgho germent, se développent et dialoguent avec de gigantesques fleurs artificielles et moussues, poussant dans un bassin ombragé à deux pas. Un bouillonnement végétal qui côtoie les buissons du jardin potager alentour. Livrée au gré du processus naturel de germination, cette œuvre évolue et se transforme au fil de l’exposition selon le « laisser-vivre » cher à Michel Blazy. En se développant, les pousses redonnent vie aux balais. Et c’est ainsi que le sorgho redevient jardin.

Peter Briggs

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« Marchant le long des chemins de campagne, je trouvais amassé le petit bois des arbres coupés. Ces entassements m’offraient un choix presque inépuisable de branchages, dont les articulations, les bifurcations, représentaient chacune un départ, le début d’une esquisse de formes bientôt incarnées par les sculptures réunies à Chaumont-sur-Loire cet été.

Ces modèles végétaux, autant de ‘ready-made’ naturels, constituaient un début de principe architectural auquel mon travail de sculpteur allait donner une continuité. Travaillant d’abord le bois et la cire, je crée une forme hybride destinée à être fondue en métal. Alors que le métal en fusion remplit l’espace du moule, le bois et la cire sont réduits à néant par le feu et la chaleur, pour ne finalement ne laisser que leur empreinte. Renversés, remplis par la base, ces formes venaient ensuite à renaître, le métal prenant la place du modèle disparu.

Cette idée de circulation, trouve un parallèle dans celle de la sève, du sang dans les veines. C’est ce passage, du fragile modèle vers la permanence du bronze et de la fonte de fer, du végétal au métallique, qui est contenu dans mes sculptures. Ces métaux remplacent intégralement la structure en cire et en bois d’origine, il ne s’agit pas d’une simple impression de la surface mais d’une transmutation, d’une renaissance, d’une fonte pleine. Le bois fait partie du cycle végétal célébré par les jardins de Chaumont-sur-Loire, alors que le métal, lui, serait du côté de la permanence de ce qui est bâti, minéral et durable. Deux temporalités qui se font face, baignées par la lumière nourricière des bords de Loire. » Peter Briggs

Patrick Dougherty

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Dans le Parc du Château de Chaumont-sur-Loire, Patrick Dougherty dessine des formes à la fois aériennes et végétales. Monumentales, profondément inspirées par le lieu, elles interpellent les visiteurs, aux détours des bosquets, par leur allure mi-naturelle, mi-architecturale. Leurs parois courbes sont faites de délicates branches de saule tressées, et ménagent pour les promeneurs un entre-deux-mondes onirique au cœur de la nature. Sans s’imposer, ces sculptures s’immiscent dans le paysage, mais ne manquent pas d’interpeller l’imaginaire. On peut les croire construites par des cohortes d’oiseaux, dressées par des rongeurs ambitieux ou portées par les vents. Par ce geste tout à la fois discret et de large envergure, l’artiste engage un jeu avec le spectateur, l’amenant tour à tour à rêver le monde qui l’entoure tout en pensant à la nature qui l’habite.

Shigeko Hirakawa

L'arbre aux fruits célestes © Shigeko Hirakawa
L’arbre aux fruits célestes © Shigeko Hirakawa
L'arbre aux fruits célestes © Shigeko Hirakawa
L’arbre aux fruits célestes © Shigeko Hirakawa

Les Prés du Goualoup, 10 hectares de parc nouvellement redessinés par Louis Benech, deviennent l’écrin d’une végétation insolite. Le feuillage des arbres y prend des teintes tour à tour blanches, roses, violettes. Féériques, ces fruits lumineux sont en fait des fruits artificiels imaginés par l’artiste Shigeko Hirakawa. Installés dans les arbres, ils contiennent un pigment photochromique qui devient violet à la lumière du soleil. Privées de luminosité, ces fleurs ou feuilles artificielles perdent leur couleur pendant la nuit. Cette évolution est également perceptible au fil des saisons, l’intensité lumineuse variant d’un mois à l’autre. A l’origine de cette création, emblématique du travail de l’artiste, se trouve une réflexion d’ordre écologique. Certaines études montrent en effet que les arbres souffrent d’une défoliation supérieure à 25% par les effets de la pollution et que certains spécimens affichent une décoloration de leur feuillage supérieure à 10%. Tout en fascinant par leur beauté, les interventions de Shigeko Hiragawa permettent de pointer cette évolution, consécutive à l’impact négatif de l’homme sur une nature qui le fait pourtant rêver.

Alex MacLean

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Les photographies d’Alex MacLean montrent l’étendue du vaste potentiel de toits et de terrasses de New York– la cinquième façade – et les moyens utilisés pour rendre la ville plus vivable au travers d’exemple existant à Manhattan et dans les quatre arrondissements périphériques. La prise de vue aérienne offre une nouvelle perspective pour apprécier cette seconde vie au-dessus de la ville, en montrant des modes de vie et d’installation insoupçonnables depuis le sol, ce qui est probablement la raison majeure pour laquelle ces espaces, cachés du regard piétonnier, restent sous-exploités. Pourtant, la richesse des exemples montrés, depuis lesespaces extérieurs paysagers privés et publics, en passant par les premières formes d’agriculture urbaine ou les installations de toits verts pour lutter contre les aléas du climat, prouvent que la vie sur les toits recèle des possibilités innombrables à penser autrement la vie en ville. Les toits ne sont pas seulement des lieux de privilège, mais peuvent être aussi aménagés pour accroître la sensibilité des résidents – de New York, mais aussi de tous ceux vivant dans des grandes métropoles – à de nouveaux modes de vie plus coopératifs et durables.

François Méchain

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« Métaphore des souffrances des forêts du monde entier, victimes de déboisements intensifs, cet arbre évoque plus largement nos impossibilités à prendre de vraies décisions politiques et économiques. Les expertises inquiétantes sur l’état général du monde physique s’accumulent depuis des décades sur les bureaux ministériels et les Conférences ou Sommets de la Terre se suivent (Rio de Janeiro 1992, Kyoto 2005, Copenhague 2009, Durban 2011…) mais chacun rechigne à s’engager vraiment. La Terre semble pourtant bien malade.

Aujourd’hui chacun sait en effet que le réchauffement climatique, tous les jours plus inéluctable, met sérieusement l’humanité en danger. De quoi sera vraiment fait notre avenir? Personne n’a de réponse mais chacun suppute la gravité de la situation. Comme à l’habitude les raisons économiques des puissants et les intérêts égoïstes de quelques dirigeants en mal de réélection prévalent sur le bien public. Suite à l’élévation du niveau des mers certains petits pays sont même tout simplement appelés à disparaître. Leur existence serait-elle de si peu de chose face à la cécité chronique de quelques uns. A quand le prochain Durban? » François Méchain

Brigitte Olivier

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Appareil photographique en main, Brigitte Olivier arpente un terrain en lisière de la côte atlantique. Ce littoral fait partie d’un territoire que l’artiste photographie en tentant régulièrement de nouvelles lectures de cette géographie en retrait. Elle y décèle les souches de pins tronçonnés à l’initiative des hommes. Ces « vestiges d’une figuration fugitive » sont au cœur de la série Disparition.
Pour l’artiste, « cette figure quasi abstraite, émouvante et violente, ressurgit du visible dans l’exacte répétition concentrique des coupes, avant de se disperser dans le néant. Elle délimite son essence, dessine sa forme sans jamais être identique à une autre. Cette approche systématique tient lieu, d’une certaine façon, de portrait. Portraits d’arbres comme lecture de l’àme ou comme autopsie des signes entre la vie et la mort. Dé-contextualisés mais situés à l’intérieur du silence de l’image, les pins sont regroupés en série, condamnés à exister à nouveau dans une représentation plastique. ». A la limite de la peinture, les images accumulées de Brigitte Olivier fascinent le regard, évoquant par leur texture les œuvres de « haute pàte » de Jean Fautrier.

Giuseppe Penone

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Dans les allées du Parc, au cœur d’un bosquet secret, Giuseppe Penone dessine un parcours poétique et subtil. A travers de petits éléments, fragments de pierre, sculptures de bronze, il « sème des idées, des pensées, des travaux à venir ». Ce sont des surprises, souvenirs laissés dans le tronc d’un tilleul, dans un bosquet, sur l’un des arbres remarquables du Domaine, comme s’il « s’agissait d’une greffe » qu’il aiderait à se transformer, rendant ainsi la forêt active, féconde et parlante. Car « la forêt nous parle de la forêt mais, en parlant de la forêt, elle nous parle de l’homme ».

Eric Poitevin

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« Le temps n’existe qu’à travers l’expérience des choses… Je serais tenté de penser qu’il n’existe pas en fait. Plus que le temps, c’est l’expérience qui existe. Je crois que l’on est en modification perpétuelle; nous sommes des récepteurs. » (Fragments d’un abécédaire, extrait d’entretien avec Pascal Convert, 1997). C’est donc une expérience qu’Eric Poitevin propose dans ses clichés : l’expérience d’une nature saisie avec précaution, précision, et révélant son essence intime. Sous-bois, cours d’eau, végétation humide de pluie et de brouillard sont les acteurs récurrents que l’artiste aime à convoquer dans ses œuvres. Dans la sélection de photographies présentées à Chaumont-sur-Loire, la nature est partout, semblant devoir être bientôt le théâtre d’un basculement, d’un événement à venir. Car les images prises en extérieur par Eric Poitevin sont le résultat d’une attente. L’artiste attend le moment juste, qu’il sait saisir pour nous le révéler.

Samuel Rousseau

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L’installation vidéo de Samuel Rousseau, Arbre et son ombre, célèbre le renouvellement permanent de la nature, la force et la fragilité des arbres et l’éternel retour de la végétation. Véritable prouesse technique, cette composition associe le tronc d’un châtaignier et la vidéo. Alors que l’arbre, privé de sève, de branches et de feuilles trône dans la salle, il suffit de 13 minutes (durée de la vidéo, projetée en boucle) pour lui faire revivre le cycle des saisons, sous l’œil étonné du visiteur médusé. Dessinées avec précision, des branches et des feuilles sont projetées sur le mur, comme une ombre portée, et habillent peu à peu l’écorce. Du bourgeonnement à la chute automnale, ce feuillage « numérique &rquo; donne vie à l’arbre devenu immortel et fascine le visiteur.

Gilles Walusinski

1979 : année du Patrimoine. Pour célébrer l’événement, le Ministère de la Culture lança une commande publique, « Dix photographes pour le Patrimoine ». Gilles Ehrmann, Bernard Descamps ou encore Willy Ronis furent ainsi sollicités, au même titre que Gilles Walusinski. C’est dans le Périgord que ce dernier choisira de s’immerger, un mois durant, afin de saisir l’essence de cet « archétype rural français ». Ses photographies en noir et blanc, issues de négatifs réalisés « à la chambre », dépeignent la France profonde aux formats 13 x 18 cm et 10 x 12,5 cm… Une fenêtre sur un territoire et une histoire où « Les volets des vieilles sont entr’ouverts et veillent sur des places vides. Les enfants sont à l’école, les parents à l’usine, à la ville, les vieux au café, à l’hospice. Les notables mangent du confit. ». A Chaumont-sur-Loire, plus de vingt ans plus tard, Gilles Walusinski présente des tirages originaux de cette nature habitée. Dans des lieux symboliques d’un patrimoine à l’époque encore préservé du tourisme, il nous emmène sur les routes de campagne, dans les forêts, les villages, jusqu’à Monpazier, où la photographie de « l’épicerie générale » n’est pas sans rappeler celle du « Café de France » de Willy Ronis (L’Isle sur la Sorgue). Des paysages intemporels, d’une grande force de suggestion.