Ce projet de mise en résonance de bâtiments vise à exprimer le potentiel vibratoire et acoustique de structures architecturales qui sont envisagées comme des sortes d’instruments trouvés.
Nos interventions sont assez minimales dans le sens ou seules quelques fréquences de vibrations spécifiques au bâtiment sont émises dans la matière. Nous faisons ensuite confiance à la richesse acoustique et aux « imperfections mécaniques » de sa structure pour générer une complexité sonore.
L’enjeu est aussi de créer des situations d’étrangeté dans lesquelles la curiosité et l’attention se trouvent amplifiées permettant de faire naître une qualité d’observation et d’écoute sur les bâtiments investis.
Quels sont les moyens techniques mis en œuvre afin de faire vibrer ces bâtiments ?
Nous utilisons sensiblement la même méthode afin de comprendre les caractéristiques singulières de chaque bâtiment. En général, nous effectuons d’abord un repérage sur place afin de se faire une première impression et appréhender le lieu, ses matériaux, ses volumes, et le son environnant. Ensuite quand cela est possible, nous testons rapidement la réaction du bâtiment aux fréquences basses.
À ce stade, si le choix du lieu nous semble pertinent, nous prévoyons environ une semaine de travail sur place avant l’évènement.
La première étape consiste à positionner des caissons de basse et éventuellement des vibreurs au sein de la structure architecturale.
Ensuite nous analysons les fréquences précises qui activent le bâtiment. Cette première sélection de fréquences est la base du dispositif. En fonction du comportement du bâtiment – de son acoustique, de sa durée de réverbération, de son contexte – nous définissons les grandes lignes de la structure temporelle qui sera mise en place.
Cette structure sonore très minimale, intégrant quelques fois des retours au silence, est pensée pour laisser le bâtiment s’exprimer au maximum et permettre au visiteur de se déplacer physiquement dans la complexité des réactions acoustiques de l’édifice. Ce système existe alors sous deux formes possibles. L’installation sonore qui repose sur une composition générative produisant des variations infinies autour d’une trame que nous programmons et le concert où nous improvisons sur la base des fréquences précédemment identifiées.
Dans ce projet, le son peut être vu comme un déclencheur, au sens propre, avec les potentialité acoustiques de l’architecture, comme au sens figuré avec ce qu’il modifie du regard et de l’attention qui sont portés au bâtiment.
Lors des évènements, on remarque vraiment une transformation du rapport qu’entretient le visiteur à l’espace construit. Sans doute facilité par le climat particulier de notre dispositif, les visiteurs touchent le bâtiment, s’y collent, l’observent dans les moindre détails, en remarquent les structures, les matériaux, les volumes, les jointures, la place de la lumière ou encore la place de l’édifice dans un contexte géographique plus large.
En résumé, ce qu’il me semble se produire est qu’un rapport souvent passif et utilitaire à l’architecture – espace de circulation, d’habitation, de commerce, d’apprentissage – devient tout à coup un rapport actif tant du point de vue intellectuel que sensible.
Par exemple la question de la place et de la circulation qui sont proposées au corps dans la bâtit y émerge intuitivement. D’ailleurs du point de vue des documentaires, je crois que les différents types de regards et de perceptions de l’architecture qui viennent d’être évoqués ont beaucoup contribué à nous faire repenser la question de l’archivage – photographique ou sonore – qui était précédemment réalisé par défaut.
Extraits de l’interview de Nicolas Maigret par Stéphanie Vidal pour la Gaité Lyrique.
Informations pratiques
[14:00]Une œuvre / Un mois
Introduction autour de l’œuvre de la collection choisie par les internautes sur les réseaux sociaux.
[14:30]
Présentation de la mission et des moyens utilisés par l’association pour sauver l’humanité via le détournement des technologies numériques.
[15:00]
Nicolas Maigret, artiste, présentera les projets qu’il mène autour de l’architecture du réseau Internet et « Resonant Architecture, Architecture as an instrument », qui établit un dialogue sonore et vibratoire entre géographie, espace et architecture.
[16:00]
Atelier FRACassant
Tout public / En famille (à partir de 5 ans)
Durée : 1h
Réservation obligatoire : reservation@frac-centre.fr
Billet Atelier FRACassant : 5 €
Billet couplé 1 enfant + 1 adulte : 8 €