L’exposition « Les Allochtones » est née d’un workshop organisé par Eternal Network en partenariat avec le site de Tours de l’Esba TALM. Réunis du 9 au 13 février à La Laverie, six étudiants en art se sont confrontés aux conditions d’une commande artistique en rencontrant le collectif d’habitants qui ont sauvé les jardins Saint-Lazare du quartier Febvotte à Tours. Au-delà d’imaginer des interventions artistiques dans les jardins, l’enjeu de ce workshop consistait à prendre en compte non seulement la poésie de ce lieu chambardé, mais aussi de ménager des parcelles privatives et des espaces collectifs.
Au cours de la semaine de réflexion et de travail en atelier, les étudiants ont montré des intérêts diversifiés. Si certains valorisent les délimitations de parcelles, d’autres se concentrent sur le réemploi de déchets ou bien sur l’histoire et le charme du lieu. Il en résulte six projets artistiques à l’esthétique bien distincte, mais qui se veulent complémentaires.
De même, si l’exercice de la commande suggérait une transformation conséquente de ces espaces verdoyants, la modestie a fait l’unanimité. Effectivement, aucun étudiant n’a souhaité redessiner les jardins, transformer leur aspect ou bien briser leurs limites. Bien au contraire, les projets artistiques viennent augmenter le chaos pittoresque instauré naturellement dans les parcelles.
Par exemple, deux étudiantes récupèrent simplement des objets sur place pour les transformer légèrement : Emmy Charbonneau assemble des matériaux plastiques pour créer un autel à offrande écologique ; quant à Charline Laguérin, elle ponctue les jardins d’arches composées de vieux outils métalliques qui matérialisent des accès à différents endroits.
Comme un archéologue fantaisiste, Téo Biet enfouit dans le sol des cabinets de curiosité peuplés de bestioles qui pourraient être les génies des lieux.
Elsa Leroy s’inspire d’une poutrelle métallique vue sur le site, pour concevoir un ensemble de modules mis à disposition des jardiniers pour créer des séparations, des circulations ou encore du mobilier.
L’intervention monumentale et spectaculaire de Marie Libéros est pourtant immatérielle et atmosphérique, puisqu’elle crée des événements en faisant circuler de la brume dans les jardins pour les faire disparaître un temps, rappelant les opaques fumées des locomotives.
Enfin, l’intervention d’Axel Fourmont vient poser un autre regard sur les jardins sans y toucher ; il réalise une série de cartes postales, présentant des vues atypiques des jardins transformées par ordinateur. Il invite les riverains à lui renvoyer ces cartes postales en y écrivant une anecdote qui pourrait compléter la mémoire du quartier.
Les propositions artistiques viennent se compléter l’une l’autre, comme un parc à thème scandé de folies et de curiosités.
Un film réalisé par Anne Moltrecht du collectif Sans Canal Fixe vient aussi ponctuer l’exposition. Retraçant les grandes étapes du projet (la commande, la conception, la réalisation), ce documentaire illustre à la fois les enjeux, les questionnements et l’ambiance relatifs au workshop.
Informations pratiques :
les Octrois, place Choiseul, Tours
sam & dim • 15 h > 18 h ou sur rendez-vous • entrée libre