A l’atelier, peu à peu, les gestes se précisent et m’amènent avec les années vers deux formes simples que je souhaite aujourd’hui présenter au Centre Céramique de la Borne : le livre et le bol. Ce qui se lit et ce qui contient.

Le livre est fait de porcelaine, de papier et de texte, et le bol en grès se décline jusqu’au volume sculptural.
Depuis cela, dire au plus juste une histoire de traces, enfuies, effacées, retenues.
Une histoire de contraste entre des formes tendues et sensibles, et ce qui vient s’y écrire – mais d’une écriture d’avant l’écriture, d’avant le sens des mots.
Sur le grès et la porcelaine, apparaissent des lignes gravées à la pointe sèche, des strates d’engobes, des points, des biffures.
Des « gribouillages », dirait ma fille Rébecca qui, du haut de ses 4 ans et demi, apprend maintenant à ne pas dépasser les contours.
Écrire donc le tremblement, la tache, le flouté d’une couleur, quelque chose de délavé, de tendre, d’ardent aussi.
Fuir le geste virtuose pour au contraire chérir la fragilité qui trouve refuge dans la courbe du bol ou la feuille de porcelaine. Pour une délicatesse farouche.

Le livre et le bol, encore, pour venir humblement exposer à la Borne, dans ce pays de potiers que j’aime depuis si longtemps, où j’ai appris les bases du métier, et où j’ai été fascinée par Marie Talbot au point de m’en inspirer pour un personnage de mon roman D’argile et de feu.

Et peut-être, à travers ces bols et ces livres, ramener dans le Berry un peu de la rousse lande du Finistère, l’écume mousseuse de la mer autour de l’île d’Ouessant, un peu de ce glazig, cette couleur entre bleu, vert et gris que nomme la langue bretonne et qui est devenue mon paysage. Peut-être…

Océane Madelaine

AU MUSÉE DE LA POTERIE DE LA BORNE

Dimanche 1er septembre
« Carte Blanche à Océane Madelaine », autour du livre D’argile et de feu.
Lectures à partir de 16h.