Jean-Marie Foubert occupe la Tuilerie à Treigny depuis 1991. Originaire des terres potières de Beauvaisis, technicien réputé auprès d’artistes majeurs des XXème et XIème siècles, il n’a de cesse de développer un travail rigoureux et ambitieux aux antipodes des démarches plasticiennes qu’il peut servir par ailleurs. Aucune perméabilité, aucune tentation ne vient le détourner des enjeux artistiques qui sont les siens.
Jean-Marie Foubert conserve une perception classique de la sculpture. Il s’attaque aux solides et les entreprend dans leur nature statique et monolithique. Il dédaigne le principe de l’installation. Son approche se focalise sur le volume dont il sonde la capacité à se développer et à respirer de façon autonome dans l’espace. Il n’inclut rien ni personne dans ce pur jeu de spatialités. […]
Chez Jean-Marie Foubert, l’élaboration des formes passe toujours par un dessin sur papier préalable. Le plus souvent, il part du parallélépipède ou mieux du cube et cherche à mettre à l’épreuve leur perfection géométrique. Il cherche à les ouvrir, un peu, beaucoup, crée des tensions aux frontières du déséquilibre formel. Mais là où l’oeil voit un évidement, se cache en réalité une construction. Là où le sculpteur sur pierre viendrait ôter de la matière à la scie ou au ciseau, Jean-Marie Foubert part du vide et monte ses plaques de grès autour du vide. On a le sentiment trompeur d’une pénétration mécanique dans le volume, d’incisions violentes.
Ce n’est pas fait pour lui déplaire tant il prône la suprématie de la forme sur la matière. Chez lui, la simplicité affichée du volume sert moins la matière que la forme. Son savoir-faire lui permet d’aller au-delà des questions de matière.
Sa maîtrise technique est telle, si manifeste qu’elle en devient invisible, qu’il lui paraîtrait vain de s’en satisfaire ou d’en tirer une quelconque gloire. La terre est pour lui moins une matière qu’un outil. Elle lui permet simplement d’exprimer au mieux ses intentions sculpturales.
D’ailleurs, il n’y a pas tout à fait rien à la surface de ses pièces. Mais si les matités griffées et colorées par la cuisson apportent un peu d’histoire à ses oeuvres, elles témoignent surtout d’une matérialité autre, métallique ou minérale et attestent avec force d’un désir obsédant : la transposition monumentale de ces volumes en acier Corten ou en granit !
Stéphanie Le Follic-Hadida
Docteur en histoire de l’art
Catalogue d’exposition Galerie de l’Ancienne Poste, 2014.
Informations pratiques :
Vernissage précédé d’une rencontre avec Jean-Marie Foubert à 17h.
Ouverture tous les jours de 11h à 19h jusqu’au 27 septembre et de 11h à 18h à partir du 28 septembre.