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Du 11 Avr au 14 Juin 2015

Isidore Isou œuvres de cinéma 1955-1999

Catégorie :

41 Loir-et-Cher

Organisé par :

Fondation du doute

Adresse :

6 rue Franciade 41000 - Blois

Initiateur du mouvement Lettriste en 1945, Isidore Isou a exploré bien des domaines mais pour l’heure, ce sont ses « Œuvres de cinéma 1955-1999 » qui seront exposées à la Fondation du doute.

A l’occasion de cette rétrospective, le pavillon d’exposition se transforme en salle de cinéma. « L’auberge espagnole » de 1965, « Questions et réponses » de 1967, « Fleur de browning » de 1999… autant de films qui ne manqueront pas d’interpeller les visiteurs. « Discrépants » (où l’image et la bande son sont désynchronisées), « ciselants » (avec intervention sur la pellicule), ou encore « supertemporels » (le spectateur fait le film), un cinéma étonnant permettant de découvrir certains des concepts du Lettrisme, un mouvement artistique dont l’importance sur la création artistique de la seconde moitié du XXe siècle n’est plus à démontrer.

Comment comprendre les œuvres si l’on se prive de voir dans leur périmètre celles issues d’autres expériences à la même période ; Fluxus, Lettrisme, Nouveau Réalisme, Art sociologique, Situationnisme… sont autant de mouvances artistiques, théoriques, œuvrant dans une même période entre les années 50 et 70, années si effervescentes dans l’histoire de l’art du XXe siècle. La Fondation du doute, qui présente l’un des ensembles les plus conséquent en France, d’œuvres ou plutôt de propositions Fluxus, rend hommage à ce grand artiste que fut Isidore Isou, créateur du Lettrisme. Après le dadaïsme de Tristan Tzara et le surréalisme d’André Breton, voici donc avec Isidore Isou une nouvelle tentative radicale de constituer un système de pensée destiné à changer le monde. Autant Fluxus s’est affirmé comme un état d’esprit plus qu’un mouvement à part entière, autant le Lettrisme s’est construit comme l’une des dernières avant-gardes artistiques fondée sur la prédominance de l’acte de création et la recherche permanente d’apports nouveaux dans tous les domaines du savoir.

Isidore Isou
Avec l’exposition consacrée au cinéma d’Isou, présentée à la Fondation du doute, c’est certes, un aspect du travail de cet artiste qui est mis en avant, mais cette réflexion sur le cinéma et les productions qui en découlent, constitue une bonne synthèse des positions de cet artiste, de ces engagements, de sa dévorante volonté d’invention si présente dans la réalisation de son film manifeste « Traité de bave et d’éternité » de 1951. C’est une occasion, par les documents en particulier sonores que nous mettons à disposition du public, de rencontrer ce personnage hors du commun.

Isidore Isou est probablement le plus méconnu des artistes majeurs de la deuxième moitié du XXe siècle. Né à Botosani en Roumanie en 1925, décédé à Paris en 2007, de son vrai nom Jean-Isidore Goldstein, il fut poète, dramaturge, romancier, économiste, éditeur, peintre, cinéaste. Adolescent, il s’intéresse aux œuvres des grands auteurs. Jeune homme surdoué, à 20 ans il fonde le mouvement lettriste en 1945, un mouvement culturel qui vise à transformer l’ensemble des branches du Savoir. Il est l’auteur d’une œuvre impressionnante et protéiforme, aussi bien dans le domaine des arts que dans celui des sciences ou de l’économie ; de nombreux ouvrages ont vu le jour, publiés ou diffusés : entre autres « Introduction à une nouvelle poésie et à une nouvelle musique » chez Gallimard en 1947, « Introduction à une esthétique imaginaire » en 1956, l’Art supertemporel en 1960 et dans les domaines du cinéma, le film primé à Cannes « Traité de bave et d’éternité » en 1951, « Esthétique du cinéma » en 1952. Dans les domaines de la science, un « Traité d’économie nucléaire » en 1949, un « Manifeste pour une nouvelle psychokladologie et une nouvelle psychothérapie » en 1971, divers traités de mathématiques, de physique ou chimie. En philosophie, un ouvrage monumental qui se déploie de 1941 à 1976 « La Créatique et la Novatique », et dans les domaines des techniques ou en théologie, il en va de même avec une grande profusion de textes.

En 1976, lorsqu’il est interviewé dans l’émission Radioscopie de Jacques Chancel, Isidore Isou a déjà publié plus de 200 ouvrages. Pour chaque domaine, il propose des définitions et des réalisations inédites, avec cette idée de création et de novation abordée pour tous les domaines de la culture ; il veut développer une méthode de création pour tous afin que tout le monde puisse apporter de nouvelles choses ; Isidore Isou se veut modestement le « Descartes de la création », une ambition en vue d’améliorer le monde, de préserver la société des crises systémiques au profit d’un univers paradisiaque de la création.

Le Lettrisme est une école, un mouvement artistique comme le Romantisme, ou le Surréalisme. En exergue, Isidore Isou définit d’abord le lettrisme comme une tentative de bouleversement de la prose pour une écriture multiple mélangeant les formes, les images, les signes, les graphiques. Toutes les combinaisons de mots ayant été utilisées, il faut briser les mots. L’art des vers a trouvé un nouveau matériel les lettres, la poésie devient musique ; il faut réduire la peinture à la lettre ; toutes les formes plastiques doivent être réinventées. Nombre d’artistes se sont retrouvés dans cette avant-garde qui a ouvert la voie au Situationnisme, à Fluxus, à l’Art conceptuel. « Grâce à Isou, dit Ben, j’ai compris que l’important n’est pas la beauté, mais la nouveauté, la création ».

Isidore Isou Œuvres de cinéma 1951-1999
Aujourd’hui, le pavillon d’exposition de la Fondation du doute se transforme en 7 salles de “Cinéma”, une sorte de complexe cinématographique, salles noires pour de véritables diffusions ou salles avec textes et accessoires pour films supertemporels à réaliser par les spectateurs eux-mêmes…

Les films présentés sont :
1. Traité de bave et d’éternité, 1951
Film discrépant et ciselant réalisé entre 1950 et 1951 en 35 mm, n&b, sonore, 120min ; Œuvre manifeste avec Jean Cocteau, Daniel Gélin, Jean- Louis Barrault, Marcel Achard, Blaise Cendrars… Présenté à Cannes, il reçoit le prix des spectateurs d’avant-garde.

2. Amos ou introduction à la métagraphologie, 1953, éd. Arcanes

La diffusion d’un film sous l’aspect d’un livre, 9 photographies minutieusement rehaussées à la gouache de signes, constituent la bande image du film alors que le texte qui les accompagne, constitue la bande son ; la naissance du film hypergraphique, les définitions d’une multiécriture lettriste.

3. Le film supertemporel ou la salle des idiots, 1960 et Débats sur le cinéma, 1960
Deux films supertemporels avec le son et les images entièrement réalisés par les spectateurs dans la salle.

4. L’auberge espagnole, 1965
Film supertemporel « à provocation simple, simple inversée, double et polyvalente » avec la participation du public.

5. Questions/réponses, 1967
Film supertemporel avec dispositif scénique, une suite de questions réponses constitue le film dont l’auteur est amené à offrir des récompenses au plus méritant des participants.

6. Son nom est nuance, 1992
Film ciselant et discrépant, projeté sur des écrans composés de panneaux de bois sur lesquels sont fixés différentes mécaniques végétales.

7. Fleur de browning, 1999
Film anti-supertemporel, film vidéo, sonore, 56 min. Conçu par Roland Sabatier avec l’approbation d’Isidore Isou. La bande image vient en discrépance avec le son exposant la chronologie de témoignage visuel concernant Isidore Isou et ses créations.

Lettrisme et Cinéma
Le Lettrisme tel qu’envisagé par son inventeur, dans « Introduction à une nouvelle poésie
et à une nouvelle musique » contenant « le manifeste de la poésie Lettriste » paru en 1947, produit une nouvelle poésie qui bouleverse la vie intellectuelle de l’après-guerre. La lettre devient la particule commune à tous les arts : la poésie alphabétique, la musique où les notes sont remplacées par des lettres, la peinture de la lettre et du signe.

Le cinéma, qui était défini dans « Esthétique du cinéma » (1952) d’Isou comme l’art de l’écoulement dans le temps de la reproduction, est progressivement détruit dans ses valeurs quand s’opère comme dans « Traité de Bave et d’Éternité », d’une part la disjonction du son et de l’image (le montage discrépant), mais aussi la ciselure des images, les rayures et les attaques de l’image (l’image ciselée). La bande sonore, dans cette nouvelle conception cinématographique, s’épanouit pleinement sans égard à ce que montrent les images. Isidore Isou parvient même à créer « le film ou l’œuvre débat », où la réalisation du film est réduite au simple débat sur le cinéma entre les spectateurs.

« Le cinéma hypergraphique », comme dans « Amos ou introduction à la métagraphologie » (1953), entre dans l’art hypergraphique défini par Isou, un art basé sur l’organisation de l’ensemble des signes de la communication visuelle, signes alphabétiques, lexiques et idéographiques, acquis ou possibles, existants ou inventés.

Enfin « le film supertemporel » s’appuie sur la définition du cadre supertemporel, établi par Isou en 1960, et se définit par l’idée qu’une œuvre achevée est la négation des œuvres à faire. Une proposition faite aux amateurs pour travailler des « supports vides », de travailler à leur forme durant « des siècles et des siècles », comme la forme d’un art infinitésimal.

Programme autour de l’exposition
11.04.15
14h Ouverture de l’exposition
15h Séance d’écoute – café le Fluxus – Isidore Isou chez Jacques Chancel
, «Radioscopie » du 30 janvier 1976
16h Présentation de l’exposition par Roland Sabatier et Alain Goulesque.

15.04.15

16h Séance d’écoute – café le Fluxus – Rediffusion : Isidore Isou chez Jacques Chancel, « Radioscopie » du 30 janvier 1976
18h Conférence- café le Fluxus – Rhétorique du cinéma – le cinéma d’Isidore Isou par Érik Bullot, cinéaste et théoricien.

Érik Bullot a publié récemment « Renversements 2 » (Paris expérimental, 2013) et « Sortir du cinéma. Histoire virtuelle des relations de l’art et du cinéma ». (mamco, 2013). Il enseigne le cinéma à l’école nationale supérieure d’art de Bourges et dirige le post-diplôme « document et art contemporain » à l’école européenne supérieure de l’image (Poitiers-Angoulême).

16.05.15 (La nuit des musées)
11h – 12h Séance d’écoute – café le Fluxus –
15h30 – 17h30 Séance d’écoute – café le Fluxus -
Diffusion d’une série d’entretiens d’Isidore Isou « Les nuits de France Culture » «
À voix nue, les grands entretiens d’hier
et d’aujourd’hui » réalisés entre le 18 septembre et le 22 septembre 1995.

21h – 23h Réalisation dans l’exposition des films supertemporels

17.05.15
12h Brunch Lettriste
 « Performance, musique et lectures autour du lettrisme »
Isidore Isou
 Œuvres de cinéma 1951-1999
Catalogue de l’exposition: 32 pages, 4 fiches photos, Prix : 11€

ISBN- 978-2-85862-104-0 EAN 9782858621040

Commissariat : 
Éric Fabre, Roland Sabatier
Direction artistique : 
Alain Goulesque 

Administration :
 Stéphanie Boisgibault

Secrétariat :
 Sandrine Sicault
Graphisme et éditions : 
Ferdinand Fabre
Réalisation scénographie :
 Luc Chevallier

Montage :
 Toufik Mahraoui, Benjamin Galliot
Médiation : Marion Louis
Documentation sonore : Archives Ina
Projection : Traité de bave et d’éternité :
Production Archives françaises du film CNC/Re-Voir

©2008 Catherine Goldstein et Re-Voir Vidéo
Production :
 École d’art de Blois-Agglopolys et Fondation du doute.

L’école d’art développe un travail pédagogique d’initiation à l’art contemporain et accompagne ou initie les événements de la Fondation