Cette exposition propose, au travers de photographies d’hier et d’aujourd’hui, d’interroger les images des paysages pour tenter de comprendre les représentations et les mutations d’un territoire, celui d’Eure-et-Loir.
Des images résultant d’un travail critique, poétique, politique…sur le paysage, lequel tient aujourd’hui une place décisive dans les préoccupations contemporaines. Aussi bien sur la qualité du cadre de vie offert aux habitants, sur la mémoire et l’identité des lieux, sur les choix d’aménagement d’un territoire, c’est-à-dire sur le mode de production, de gestion, de ce territoire.
Le parcours
Près de 500 photographies sont exposées, rapprochées, confrontées, questionnant le paysage eurélien mais également la place de l’homme et la façon dont il perçoit et vit un territoire en profonde évolution.
Des photographies du début du XXe siècle, provenant de fonds photographiques anciens, côtoient des commandes spécifiques faites à des photographes d’aujourd’hui. Amateurs éclairés ou professionnels, photographes locaux arpentant depuis des années ce territoire ou artistes découvrant ces paysages pour la première fois, chacun a porté son regard sur ce territoire.
Le paysage inventé
« C’est le rectangle de la fenêtre qui transforme le dehors en paysage en activant la relation entre l’intérieur et l’extérieur. C’est-à-dire en instaurant des conditions indispensables dans l’histoire de la peinture : la distance » (Jean-Marc Besse).
Chacun sait désormais que le beau paysage correspond à des inventions esthétiques successives : la mer et le rivage marin, la montagne en ses sommets enneigés, la forêt et l’arbre, le désert y compris la plaine et les champs ouverts, la campagne en général riante et bocagère, les étangs, les rivières et les lacs avec ou sans nymphéas et aussi tous les éléments du patrimoine bâti monumental ou charmant, et enfin plus récemment la rue et les infrastructures routières, les bâtiments industriels, les friches…
Tous ces objets à paysager, empilés dans l’histoire de l’art, ne seraient-ils rien d’autre que les constructions figuratives d’une époque et d’une culture ?
Robert Laillet (1881-1953), Georges Houdard (1883-1944), Charles Nessler (1863-1922), tous photographes d’un hier proche, et même Christian Malon, ethno-photographe d’un présent en voie de disparition, disent à leur façon des permanences qui traversent l’histoire collective des représentations.
Œuvres exposées :
– Reproductions de peintures de paysage (du XVe au XXe siècle)
– Fonds photographiques anciens (fin XIXe, 1ère moitié du XXe siècle)
– Photographies de Christian Malon (des années 1970 à 2011)
Le paysage décrypté
© Thierry Girard
« L’image n’est rien sans commentaire qui lui donne sens », écrivait Paul Virilio. On peut se demander aujourd’hui si la formule ne devrait pas être retournée : le commentaire n’est rien si l’image ne lui donne réalité.
La photographie de paysage ne se distingue que rarement de son référent : c’est où ? C’était quand ?
« Percevoir le signifiant photographique n’est pas impossible mais cela demande un acte second de savoir ou de réflexion » (Roland Barthes).
Œuvres exposées :
– Photographies commentées et décryptées par 6 spécialistes : géographe, agronome, sociologue, sémioticien, esthéticien, paysagiste.
– Une grande bibliothèque et un espace lecture : livres sur le paysage, la photographie, la peinture, livre d’artistes, livres pour enfants…
Le paysage photographié
« A notre époque, la photographie est devenue un divertissement aussi répandu que le sexe et la danse, ce qui veut dire que comme toutes les formes d’art populaire, la photographie n’est pas pratiquée comme un art par la plupart des gens », écrit sans ménagement Susan Sontag qui dresse par ailleurs une typologie de ce qu’est devenue la photographie :
– un rite social (photos de mariage, photos de famille…),
– un mode d’appropriation de l’espace (photos de voyage, photos de vacances…) et de saisie de l’autre (portraits, photos des magasines people…),
– un anesthésiant visuel (photos publicitaires, images télévisuelles…),
– un révélateur de réalités (photos d’actualité, images documentaires…).
Chaque photographe, amateur ou professionnel, porte son propre regard sur ce territoire qu’il parcourt. Les différents usages que chacun fait de la photographie, permettent d’interroger ce paysage et, à travers lui, notre vision du monde.
Le Grand Album :
Cet espace rassemble 277 photographies prises ici (en Eure-et-Loir) par 10 photographes d’ici : David Commenchal, Serge Fauve, Damien Lefèvre, Francis Malbète, Stéphane Perera, Willy Proust, Jean-Christophe Pratt, Philippe Rivierre, Stéphane Rocher, Christian Vallée.
Les regroupements sont souvent arbitraires, celui proposé ici l’est plus encore que tous les autres, tant chacune des photographies pourrait être classée indifféremment sous l’un ou l’autre intitulé.
Les 5 intitulés et les items associés sont ceux retenus par les 6 artistes invités de l’exposition, pour la plupart photographes.
– PATRIMOINE (héritage, culture, tradition)
– TRACES (travail, occupation, trame)
– TABLEAUX (graphisme, minimalisme, abstraction)
– CAMPAGNE (nature, beauté, sentiment)
– PONCTUATIONS (accidents, ruptures, totems)
Œuvres exposées :
– 277 photographies prises par dix photographes travaillant sur les paysages d’Eure-et-Loir
– Sculptures de Jean Anguera
Le paysage interprété
© Jean Frémiot. Série Intimités. 2011
Réduire le paysage à ses seules qualités ornementales, c’est oublier qu’il peut être aussi un instrument de la dissimulation des réalités sociales et économiques.
Le plaisir esthétique doit-il occulter, à tout coup, l’approche éthique ?
C’est souvent paradoxalement le rôle des artistes que de questionner le pittoresque (ce qui est digne d’être peint), d’interroger de quelles significations et de quelles valeurs relève le paysage, de remettre l’habitant devant sa fenêtre et l’habitat en face des réalités concrètes d’un territoire.
Œuvres exposées :
– Photographies de Thierry Girard, 2011
– Photographies de Jean Frémiot, 2011
– Photographies de Reynald Drouhin, 2011
Le paysage rêvé
Le paysage et son image photographique reproductible ouvre au plaisir universel et inépuisable d’un bien désormais ouvert à la consommation marchande.
Le paysage parce qu’il initie la rencontre complexe d’un site, d’un regard et d’une image, satisfait une exigence essentielle, celle du rassemblement facilitant la conspiration réussie d’éléments naturels réunis en un seul point de vue.
Le paysage rêvé, c’est-à-dire le plus souvent prêt à consommer, apparaît alors comme un monde vidé de toute présence humaine, hormis typique ou pittoresque. Le paysage rêvé serait-il un monde sans sujet et sans débat ? Unificateur parce qu’univoque ?
Œuvres exposées :
Dispositifs audio-vidéo de photographies de Jacqueline Salmon, 2011
Le paysage à photographier
De la première plaque de cuivre couverte d’argent au capteur numérique de 120 millions de pixels, du sténopé à la chambre numérique, la photographie n’est pas une question de performance technique mais de choix et de regard.
Pour accéder à cette liberté de choix, il convient de connaître le fonctionnement de base de l’appareil photo, ses caractéristiques techniques, les règles qui en découlent ainsi que les étapes de mise en œuvre d’une photographie. Une photographie se pense, se conçoit, se réalise, s’affine, se présente… les images se fabriquent.
Cet espace est dédié à la technique photographique et à son évolution, pour permettre de mieux comprendre les images exposées et leurs conditions d’exécution. Par la manipulation et l’expérimentation, les visiteurs peuvent découvrir l’univers des photographes et leur travail.
Des modules interactifs et manipulables :
La technique : histoire et fonctionnement de l’appareil photo
La prise de vue : sujet, cadrage et composition
Le laboratoire et la post-production
Infos pratiques
Du mardi au vendredi: de 9h à 12h30 et de 13h30 à 18h.
Les samedis, dimanches et jours fériés: de 10h à 12h30 et de 13h30 à 19h.
Fermé : le lundi, les 1er janvier, 1er mai, 1er novembre et 25 décembre.
Pour les individuels, visites guidées:
- samedis, dimanches et jours fériés à 11h, 15h et 17h
- saison estivale: du mardi au dimanche
Pour les groupes, visites guidées des collections permanentes et des expositions temporaires soumises à une réservation préalable.
Renseignements au 0237 8415 08 ou en contactant le Service des Publics.
Tarifs
Entrée: 3,80€
Gratuit pour les moins de 6 ans, les scolaires et les accompagnateurs de groupes.
Carte de fidélité: 1,50€
Groupes, enseignants, 3ème âge, étudiants: 3€
De 6 à 18 ans: 1,50€