14 H 00 – 17 H 00 projections
The apse, the bell and the antelope deAurélien Froment – 25′
Cerimonia de Superstudio – 12 ‘
17 H 00 : Conférence de Gian-Piero Frassinelli (Superstudio)
La projection des films Cerimonia de Superstudio et de The apse, the bell and the antelope d’Aurélien Froment donnera lieu à une journée d’étude autour des rôles de la transmission et du récit dans des projets d’architecture radicale ou expérimentale, pures spéculations ou propositions alternatives aux fins constructives.
Envisageant Cerimonia et The apse, the bell and the antelope comme documents sur des tentatives de civilisations, fictives ou inachevées, conférences, tables rondes et performances serviront de base pour construire les dialogues de ce projet, conçu comme le script d’un film qui restera bien entendu lui aussi inachevé. Dans la mise en scène théâtrale et ironique d’un nouveau mode de vie ou dans la représentation et l’enregistrement de l’histoire racontée d’un projet architectural et social en suspens, il s’agit chez Superstudio comme dans le film d’Aurélien Froment d’utiliser le récit comme système d’appréhension, grille de lecture, de phénomènes architecturaux et historiques, entre mémoire et projection, utopies et réalités. Dans quelles mesures l’architecture, du domestique à l’urbain, repose-t-elle sur des structures narratives, et même dramatiques ?
Erut Cetihcra, historien du futur, est le héros de ce scénario. Avec les archives à sa disposition (dont Cerimonia et The apse, the bell and the antelope), il tente de construire des continuités logiques entre ces éléments épars, au cours d’une enquête riche en rebondissements sur les cités mystérieuses du XXème siècle.
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SUPERSTUDIO
Superstudio est une agence d’architecture fondée en 1966 à Florence en Italie par Adolfo Natalini et Cristiano Toraldo di Francia.
En 1967, Natalini établit trois catégories de recherche future : l’« architecture du monument », l’« architecture de l’image » et l’« architecture technomorphique ». Beaucoup de leurs projets furent publiés dans le magazine Casabella, allant de la fiction à la séquence illustrée ou aux photomontages. Le travail de l’agence eut un impact prépondérant dans l’évolution du Design radical. Natalini écrivait en 1971 : « …si le design est plutôt une incitation à consommer, alors nous devons rejeter le design ; si l’architecture sert plutôt à codifier le modèle bourgeois de société et de propriété, alors nous devons rejeter l’architecture ; si l’architecture et l’urbanisme sont plutôt la formalisation des divisions sociales injustes actuelles, alors nous devons rejeter l’urbanisation et ses villes… jusqu’à ce que tout acte de design ait pour but de rencontrer les besoins primordiaux. D’ici là, le design doit disparaître. Nous pouvons vivre sans architecture. »
Cerimonia, 1973
Dans le cadre de ses recherches théoriques, Superstudio réalise au début des années 1970 une série de travaux sur les « actes fondamentaux ». Collages utopiques et films expérimentaux explorent les voies d’une refondation philosophique de l’architecture. Cerimonia met en scène une fable sur l’origine d’un rapport spirituel à l’espace. Le film prend pour cadre une dalle mégalithe d’où émergent des humains ayant renoncé à la « maison souterraine » pour fonder un habitat immatériel. Établis sur ce socle sacré qui scelle la mémoire de l’humanité, les hommes accomplissent les gestes de la vie quotidienne avec la lenteur et la solennité d’un rite : « Ce que nous sommes en train de faire est de l’architecture, parce qu’elle occupe l’espace et le temps, ainsi que les relations entre nous et les autres ». La présence des Histogrammes comme dispositif minimal correspond à l’image synthétique et universelle de cette « maison invisible ». Pour Superstudio : « Toute architecture sur la terre est un édifice pour une cérémonie inconnue ». L’irruption finale d’un primate, promu au rang de « dieu vivant » pour avoir su résister aux assauts de la consommation, souligne l’ironie du discours et l’influence du cinéma d’anticipation – de 2001 : l’Odyssée de l’espace à La Planète des Singes.
AURÉLIEN FROMENT
La démarche d’Aurélien Froment, né en 1976 à Angers, emprunte la forme d’une constellation où les œuvres dialoguent les unes avec les autres et placent le visiteur dans une sorte de scénario ouvert. Sa démarche s’appuie sur la pluralité de médiums et brouille les registres de la fiction et du documentaire. Il crée un espace où les technologies de l’image, et les gestes qui en découlent, sont mises en perspective, se superposent, se distinguent, s’influencent et se combinent, explorant de façon poétique le pouvoir sémantique des images.
The apse, the bell and the antelope, 2005
« Le film se déroule à Arcosanti, ville expérimentale imaginée par l’architecte Paolo Soleri et dont la construction, dans le désert de l’Arizona, dure depuis plus de trente ans. À la manière d’un guide touristique, un narrateur nous entraîne avec lui dans la découverte de cette ville. Grâce au programme de l’architecte, aux témoignages et aux prévisions des habitants-bâtisseurs, aux souvenirs des visiteurs, son discours vise à reconstituer les origines et les débuts de la construction de la ville. Tous ces récits, qui se conjuguent dans le monologue du guide, dessinent progressivement une image de la ville sous toutes ses formes : inachevée, simultanément tendue vers l’avenir et archivant son passé. La trajectoire du guide est quasiment circulaire, suggérant l’entropie qui caractérise le projet de Soleri et le cycle qui s’y est mis en place depuis sa création. Cette distorsion de la perception du temps se traduit par une lumière égale qui plonge le film dans la permanence d’une journée sans fin. Le film prend ainsi le parti (…) d’installer le spectateur dans un temps indéterminé, dans un avenir proche ou dans une autre dimension – coupé temporellement et temporairement du monde, à l’instar de cette communauté qui s’est isolée en s’installant dans le désert. »