L’exposition Déplacements de Dominique Blain, artiste canadienne, explore les liens entre Histoire et actualité, sauvegarde du patrimoine et création contemporaine, regard international et contexte régional.
Au regard de crises politiques majeures, de guerre, de la répression des libertés, du vandalisme, des catastrophes naturelles, que représentent pour nous les œuvres d’art ?
Et que sommes-nous prêts à faire pour protéger un chef-d’œuvre ?
Au deuxième étage du château, dans neuf salles dont les grands vestibules qui entourent l’escalier à doubles révolutions, Déplacements présente onze œuvres de Dominique Blain dont quatre créées spécialement pour Chambord à partir d’un fonds photographique inédit représentant l’intérieur du monument pendant la guerre, ainsi que deux extraits de documents d’archives montrant l’arrivée des œuvres du musée du Prado à Genève en 1939 (Las Cajas) et le départ des œuvres de Chambord en 1944, jusqu’à leur retour au Louvre.
Présentation
La notion de droits universels implique le partage de valeurs communes.
Confronté à la réalité, aux enjeux géopolitiques, aux points de vue collectifs et individuels, l’idéal qu’elle représente est le sujet de débats, de conflits, de luttes.
Il provoque des dissensions à une échelle quelquefois terrifiante, ou au contraire cohésion et solidarité, nous donnant alors le sentiment d’appartenir, ne serait-ce qu’un moment, à une même humanité. Le droit à la culture, comme celui à la liberté ou à l’éducation, est un droit « universel », c’est-à-dire un droit fondamental de l’humanité, toujours selon ce point de vue relatif, mais qui a le mérite de viser à faire tenir ensemble les unités hétérogènes qui composent notre monde. Pour compliquer les choses, il y a, outre les droits, des biens que nous qualifions d’universels et dont l’humanité dans son ensemble devrait être garante.
Certaines œuvres exceptionnelles, par leur puissance symbolique et leur accessibilité, ont acquis ce statut. Elles viennent de quelque part, sont la propriété d’une institution publique ou d’une nation, mais nous considérons […] qu’elles appartiennent symboliquement à tous. Au regard de crises politiques majeures, de guerres, de la répression de la liberté, du vandalisme, des catastrophes naturelles, que représentent pour nous les œuvres d’art ? Et que sommes-nous prêts à faire pour protéger un chef-d’œuvre ?
Ces questions sont au cœur de l’exposition de Dominique Blain Déplacements.
Autour d’une installation centrale imposante, Monuments II, revisitant une œuvre majeure réalisée au tournant du siècle et rappelant à notre mémoire comment les chefs-d’œuvre que nous admirons furent sauvés (Monuments, 1998), Déplacements réunit deux œuvres vidéographiques (Dérive et Bouddhas de la collection du musée de Kaboul), une sculpture de verre lumineuse (Mirabilia II) et des photographies (Aether, Bamiyan, Vénus de Milo) associant le sort des œuvres en péril et celui de l’humanité.
Extensions d’œuvres antérieures désormais conservées au musée [Musée national des Beaux-Arts du Québec (MNBAQ) et au Musée des Beaux-Arts de Montréal (MBAM)], Monuments II et Mirabilia II sont présentées aujourd’hui parce qu’elles soulèvent des enjeux toujours actuels, ceux de la destruction du patrimoine mondial, tout en nous confrontant à l’importance du devoir de mémoire pour la projection de notre humanité future.
Alors qu’elle nous fait voir l’invisibilité, le manque, la disparition, la destruction, le secret, l’exposition de Dominique Blain nous confronte aussi à des regards, celui de la femme voilée, immense, nous fixant depuis la niche d’une sculpture anéantie par le terrorisme djihadiste en 2001 (Bamiyan), ceux aux aguets des Bouddhas de la collection du musée de Kaboul emprisonnés dans une image de catalogue ancien, ceux des migrants de Dérive, une œuvre « sensible » à tous points de vue, à la fois puissante et éminemment délicate.
Réalisée à partir de centaines d’images en circulation trouvées sur Internet, qu’il s’agisse d’images de presse ou d’images amateur, Dérive expose la fragilité des hommes et des femmes traversant la mer, sans protection, en quête de liberté. Œuvre vidéographique engagée, respectueuse de l’image des humains qu’elle expose, Dérive nous interroge sur notre volonté de voir, de savoir et d’agir. Dans sa forme brute, sans autres précisions pour le circonscrire, mot solitaire d’un titre au pluriel, Déplacements s’affirme avec vigueur et gravité. Titre choisi par l’artiste elle-même et à son image, il exprime l’efficacité d’une œuvre qui frappe l’imaginaire et secoue la conscience, une œuvre qui nous ramène néanmoins sans cesse à tout ce que nous ne voyons pas ou dont nous détournons le regard.
Ami Barak & Catherine Bédard, commissaires de l’exposition
Infos pratiques
Horaires d'ouverture
Ouverture du château tous les jours de 9h à 17h
Tarifs
Accès avec le ticket d’entrée du château : Tarifs d’entrée : 14,50€ (Plein tarif), 12€ (Tarif réduit) et entrée gratuite jusqu’à 25 ans pour les membres de l’UE (sur présentation de la CNI)