Carlos Amorales est actuellement en résidence à l’Atelier Calder, où il réalise une nouvelle série de sculptures associant mobiles et instruments de musiques. Si la référence à Calder est clairement exprimée, Amorales introduit des éléments nouveaux : le son et la participation du spectateur. En effet, ce dernier est invité à venir jouer sa propre partition sur les cymbales accrochées aux extrémités des tiges en métal, sons et mouvements sont ainsi associés. L’œuvre qui au départ semble une sculpture, se transforme en performance. Cette évolution intéresse particulièrement l’artiste, créant une tension entre ceux qui participent et les observateurs qui restent en retrait, la multiplication des participants qui jouent un morceau de musique et ceux qui improvisent, tous ces éléments font qu’à tout moment, la situation est susceptible de basculer vers un état chaotique presque insupportable. Ces œuvres seront accompagnées de dessins d’instruments de musique en noir et blanc, donc l’aspect presque photographique rappelle les silhouettes habituellement présentes dans le travail de Carlos Amorales et contribuent à l’effet de tension inhérent au fonctionnement de l’œuvre.
Depuis une quinzaine d’années, Carlos Amorales développe un alphabet visuel, constitué de dessins vectoriels qu’il utilise dans ses dessins, sculptures ou installations. Cet alphabet visuel, est constitué de silhouettes, que Carlos Amorales collecte dans des magazines, des journaux, elles peuvent représenter des animaux, des personnages en mouvement, mais aussi des accidents de voitures ou d’avions, des attaques terroristes, de scènes de violences urbaines, des désastres écologiques. Toutes ces images sont recensées dans une base de données que l’artiste a nommé « Archives Liquid ».
La façon dont Carlos Amorales associe ces images, contribue à créer un environnement angoissant, terrifiant, renforcé par la couleur noire de toutes les silhouettes stylisées, sans relief. Amorales puise dans cette base, dont il se sert comme d’un outils, qui va lui permettre de créer de nouvelles images et installations. L’univers de Carlos Amorales est inspiré par le monde fantastique, l’art de l’horreur apparut au XIXème siècle. Dans certaines de ses œuvres, les images sont reliées les unes aux autres par des liens, comme prises dans un filet, parfois elles sont segmentées comme si elles avaient explosées, renforçant le sentiment de destruction et d’apocalypse. Si les figures « d’Archiv Liquid » sont dénuées de toute émotion psychologique du fait de leur stylisation, de leur couleur unique, Carlos Amorales réussit à réintroduire des sentiments ou des sensations, grâce à la mise en scène de ses œuvres d’où se dégagent très souvent une tension, un sentiment d’angoisse.
Parallèlement Carlos Amorales collabore régulièrement avec des groupes de musique, participe à des projets d’animation, et réalise des vidéos, pour toutes ces expériences, il partage le vocabulaire visuel « d’Archives liquid », remettant en question la notion de créateur unique.