Depuis 2011, Alain Controu travaille sur les nouvelles techniques d’impression numérique
que son expérience de la gravure l’amène à aborder d’une façon singulière.
Cette exposition, la première de cette importance, rassemble à la fois des œuvres récentes et d’autres spécialement conçues pour l’occasion.
« C’est encore plus vrai et plus grand que nature. »
« Une exposition étonnante en trois ou quatre dimensions. »
« Difficile de décrire ou dire ce que nous montre Alain Controu dans ces images digitales
d’une force convaincante et d’une puissance imaginative et créatrice sans pareilles !
Créatures mystérieuses et secrètes faites d’ailes repliées, de limbes nervurés, de
blasons ou de boucliers, de robes ou de suaires, on a du mal à y séparer le minéral
du végétal, le vivant de l’inerte, le jeu de la construction réfléchie de celui du hasard,
celui de la transparence à celui de l’opaque, celui de la pesanteur à celui de la légèreté.
Chacun peut y trouver ce qu’il apporte, y convoquer sa peur ou son fantasme, y
découvrir et y inventer ses propres chimères. »
« Quand la nature se peuple de figures inattendues taillées pour l’envol et pour la
danse… »
Informations pratiques :
Ouvert tous les jours sauf le lundi de 14h à 18h
Entrée gratuite
Discours / Parcours de l’exposition
Le travail d’Alain Controu est celui d’un entomologiste inventif.
Même si, avec 1,3 millions d’espèces décrites les insectes représentent plus de deux-tiers de tous les organismes vivants ; même s’ils constituent la plus grande part de la biodiversité animale ; Alain Controu n’en persiste pas moins à inventer, c’ est-à-dire à créer et à recréer, de nouvelles espèces, de nouveaux sujets, de nouvelles formes poursuivant, sans le dire, le travail savant d’un Réaumur, d’un Charles Darwin et d’un Jean-Henri Fabre… ou partageant le goût toujours papillonnant d’un Vladimir Nabokov.
Au XIX e siècle, on appelait encore ces savants ou amateurs naturalistes spécialisés : des insectologues.
C’est cela.
Alain Controu est un insectologue qui cherche ses sujets dans les sous- bois, dans les sentes de la forêt percheronne, entre ombre et lumière, sous l’arbre et la feuille.
Cette cueillette des matériaux premiers donnant lieu ensuite à un patient et minutieux travail de composition et de recomposition, s’apparente à la quête du chercheur.
Chercheur de champignons peut être mais chercheur aussi d’idées, de théories ou de formes neuves.
Entre hybridations savantes et chimères séculaires.
Le parcours de l’exposition inventé pour l’Ar[T]senal tente de rendre compte de cette quête dans le clair-obscur du sous-bois et dans l’obscure clarté de la démarche scientifique et poétique.
L’Ar[t]senal a pour la circonstance été redessiné, remis à une autre norme.
Plus petit : chaque aile latérale a été redimensionnée, de même que la mezzanine
et la longue salle du premier étage.
Plus sombre : un faux plafond est venu réduire le volume, obscurcir les salles
laissant place parfois à une frondaison, à une lumière lointaine et à l’ombre portée
au sol.
L’espace de l’exposition est devenu « un espèce d’espace » (1) intime.
Espace clos sur lui-même, sombre et mystérieux, où la seule échappée est l’œuvre accrochée, épinglée au mur, dans la lumière qui vient révéler son originalité.
Non seulement sa singularité : chaque insecte est unique puisque créé avec les bribes des choses mais aussi né de ce retour assumé vers l’origine des choses.
Si comme le dit Baudelaire le beau est toujours bizarre, ces insectes-là dans leur dissymétrie, dans leur hésitation à être, sont froidement beaux.
Il fallait pour ces insectes plus grands et plus vrais que nature des boîtes qui les révèlent et qui relèvent leur singulière origine.
Les salles de l’exposition sont devenues ces boîtes qui ignorent et démodent les cimaises. Les petites boîtes de l’entomologiste ont trouvé place dans d’autres boîtes.
Tout s’emboîte… Les œuvres sont rassemblées par affinité, par famille, dans lesquelles s‘imposent la texture, la forme, la couleur.
Classification première, ordre primaire des choses.
Collecter, assembler, conserver, photographier, agrandir, connaître, numéroter… il ne reste plus qu’à nommer : une idée qui passe, une forme qui s’invente, un rêve qui se pose là, sous la lumière.
(1)
Clin d’œil à Georges Perec