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Du 01 Juin au 20 Sep 2015

Arbor, Alexandre Hollan et Jean-Luc Meyssonnier

Catégorie :

18 Cher

Adresse :

Abbaye de Noirlac 18200 - Bruère-Allichamps

Ce sont deux regards puissants et inédits qu’accueille cet été l’abbaye de Noirlac avec le peintre Alexandre Hollan et le photographe Jean-Luc Meyssonnier.

Dans une scénographie épurée, l’exposition Arbor met en lumière la force du lien qui relie les artistes à la figure de l’arbre. Motif en  perpétuelle transformation et source de questionnements constants, l’arbre se déploie dans l’immensité et l’intimité du site.

À travers deux recherches singulières, le parcours interroge l’expérience de voir. L’exposition s’articule en plusieurs parties, étroitement reliées entre elles, dessinant un parcours de découverte patiente des œuvres, créé en parenté avec l’esprit du lieu.

Dans la salle capitulaire et la salle des moines, les huit séries de dessins d’Alexandre Hollan, réalisés au fusain décrivent trois états, « trois regards », trois niveaux de finesse d’un même arbre. Ils disent toute la « complexité de la perception », celle qui est à la fois « solide, fluide, lumineuse ou aérienne », selon les propres mots de l’artiste. L’accrochage des œuvres présentées à la verticale, les unes en dessous des autres, exprime ces différents niveaux d’approches. Parmi ces séries, deux ont été spécialement réalisées à Noirlac.
Cet ensemble nous révèle que l’arbre est aussi un être vivant et, comme le dit Alexandre Hollan, « on peut faire l’expérience que l’être est très complexe. Il vit dans des mondes de densités très différentes. »

Pour l’abbatiale, c’est à une autre expérience intérieure que nous convie l’artiste avec un dispositif singulier : l’installation d’une trame textile sur laquelle est projetée l’agrandissement d’une peinture intitulée Dans l’arbre.
En même temps qu’elle épouse les lignes de force du lieu, – son architecture, sa nudité, son silence -, cette impression monumentale, située au fond de l’abbatiale, produit chez le visiteur la sensation d’être peu à peu transporté jusqu’au centre du chêne, dans son organisme et de percevoir ses pulsations.
D’une présence à la fois forte et légère, cette pièce magnétise et offre le sentiment de s’approcher au plus près de l’énergie créatrice.

magie-noire - songe d'une nuit d'été- Les soeurs siamoises

L’univers de Jean-Luc Meyssonnier interroge lui aussi la question de la réception des images, de la visibilité et de l’invisibilité.
Entre figuration et abstraction, ses photographies noir et blanc déroulent, autour de la figure de l’arbre, des territoires inexplorés ou peut-être rêvés, ceux d’un monde inquiétant et fascinant, à s’y engouffrer et s’y perdre, tel un « vertige vers le haut » comme l’évoque Les Fayards du rocher d’Abraham, son grand vitrail réalisé pour la salle capitulaire.
Suspendu devant la fenêtre centrale, ce polyptyque de taille monumentale, composé de sept images disposées en quinconce, décrit de grandes frondaisons dessinant un réseau de veines semblables à des lignes de vie.
En convoquant la lumière, matériau fondamental de ce travail, Meyssonnier renverse ici les perspectives et propose au visiteur une expérience optique singulière : la sensation de tournoiements des branches.
Cette vive impression d’une ivresse ascensionnelle se déploie ici en une œuvre délicate flottant dans la lumière, comme une surface sensible d’inscription du temps.

Le photographe livre une autre facette de son travail associé à l’objet de sa recherche : le mystère de la réalité. Il a conçu Magie-Noire, Songe d’une nuit d’été, une série de trois photographies de format carré, présentées chacune dans un caisson rétroéclairé et apposé au sol. Les variations de l’intensité lumineuse et le jeu des contrastes confèrent une qualité très particulière aux images : chacune décrit le plan rapproché d’étendues boisées qui, sous les multiples nuances de lumière, nous arrache à notre paysage quotidien. Entre illusion, vérité et mirage, on vacille à la lisière d’un rêve tourmenté au bord duquel le photographe semble avoir soulevé la noirceur du monde.

Le parcours de l’exposition conduit enfin le visiteur jusqu’au cellier pour y découvrir l’alliance de deux visions. Une vingtaine de dessins et de photographies réunis par les deux artistes se déploient en une frise de lignes épurées décrivant une circulation d’énergies, un monde de sensations. Pour ce jeu d’associations autour de l’arbre, le rythme est créé à partir de l’alternance de dessins et de photographies, agencés en une suite de variations abstraites, dans une gamme souple et vibrante, progressant dès l’entrée de la salle par une série de tons appuyés et contrastés, évoluant vers des accords doux et fondus, puis vers des tonalités délicates, translucides et évanescentes. Cette recherche autour de la lumière et de l’arbre, – du « bouillonnement sauvage à l’infinie légèreté » (A. Hollan) -, révèle la sensibilité commune aux deux artistes.

L’exposition Arbor tente de dégager un certain rapport spirituel entre la figure de l’arbre et l’abbaye de Noirlac. Elle met aussi en lumière l’une des quêtes fondamentales des deux artistes : celle de vivre la peinture, le dessin, la photographie comme une expérience profondément intérieure, étrangère et intime ; une expérience nourrie par l’attention profonde et contemplative qui génère une certaine présence au monde. Cette réflexion portée par Alexandre Hollan et Jean-Luc Meyssonnier est d’autant plus puissante dans le site exceptionnel de l’abbaye de Noirlac, véritable îlot de ressourcement.
Hélène RIBOT

N.B. : L’exposition s’articule autour d’un ensemble important d’œuvres issues des collections personnelles des artistes. Pour Alexandre Hollan, elle bénéficie du prêt de la Galerie Marie Helene de La Forest Divonne à Paris (anciennement galerie Vieille du Temple).

Informations pratiques :
Ouverture chaque jour, de 10h à 18H30.