Chaque année des oeuvres d’artistes de la scène émergente sont exposées et conversent avec celles d’artistes reconnus de la collection permanente. Du 1er avril au 1er novembre 2015, l’exposition Chimères & Merveilles met en scène 50 œuvres d’artistes pluridisciplinaires qui revisitent l’univers des chimères ces animaux fantastiques si présents dans l’imaginaire du Moyen-Age de l’univers de château et dialoguent ainsi avec l’art médiéval.
L’exposition Chimères & Merveilles fait revivre ces êtres hybrides qui fascinaient l’époque médiévale. Les artistes d’aujourd’hui sans doute stimulés par l’imagerie transmise par les maîtres de la littérature populaire contemporaine ou bien de l’Heroîc Fantasy comme JRR Tolkien ou JK Rowling, y dépeignent des créatures fantastiques, étranges, extravagantes, héritières de la chimère et du merveilleux. Dans les 8 grandes salles dédiées à l’histoire et à la vie de château au XVe siècle, peintures, dessins, sculptures, collages, céramiques, art verrier, bronzes, photographies, vidéos, taxidermies et installations signées d’artistes contemporains se confrontent aux objets d’art du château, suscitant émerveillement et surprises.
Ainsi dans la salle consacrée aux châtelains qui ont érigé le château, la femme-cerf de Nathalie Talec illustre la passion pour la chasse des seigneurs du moyen-âge. Le buste masculin créé par Fabien Mérelle et rehaussé d’une parure imaginée par SUN Xue (un quatre mains) se mesure à une authentique armure médiévale. L’animal fantastique de Keith Haring revisite le mythique oiseau du Phoenix. Les collages oniriques de Aube Ellouet- Breton évoquent la sensation du rêve éveillé. Les Aïeuls, une pièce de Sandra Lorenzi sortent d’un coffre médièval à la manière des légendaires salamandres.
Dans le studio mitoyen —sorte de cabinet de curiosité du Seigneur des lieux — la tentation de St Antoine, vidéo d’Antoine Roegiers ressuscite les personnages délirants et loufoques de Jérôme Bosch.
Les deux Gizo gisants de Sandra Lorenzi symbolisent la métamorphose de l’homme en arbre, ces hommes sauvages en vogue au XVI e siècle et qui figurent sur les armoiries de la famille présentées dans la même salle. Sur le bureau, la pièce de Hervé le Nost, Billotman incarne aussi l’étrangeté et la force des êtres mythiques de la forêt.
Dans la salle consacrée aux trophées, les artistes de notre époque témoignent de leur fascination pour les représentations de la figure animale. Ils interrogent et poursuivent le récit suscité par les animaux chimériques comme la licorne, le lièvre aux bois de chevreuil. A la licorne blanche de Sun Xue se confronte la licorne noire de Marie Cécile Thijs. Dans les récits médiévaux, la licorne — même lorsqu’elle est agressive — est toujours représentée avec une robe blanche.
Le reliquaire chasse châsse sucrée imaginée par Karine Bonneval dialogue avec les hybridations mi-animales mi-artificielles issues des chirurgies surnaturelles de Magali Vaillant. Ces œuvres conversent avec celles de la collection permanente du Château comme Antelope bust de Marnie Weber ou the paddle ball de Jeff Koons, ainsi que les hybrides mi-lièvre mi-chevreuil inspiré par l’animal et l’étrangeté.
Dans la salle du festin, le service de table en verre de Meisenthal de Fabien Verschaere est issu de la tradition du décor des tables festives de château même si l’artiste a orné les pièces du service de personnages fantasmagoriques inspirés de ses rêves et cauchemars. Le paysage fantastique Studies in the past de Laurent Grasso illustre les phénomènes naturels qui depuis la nuit des temps émerveillent les hommes.
La salle des dames est consacrée aux créatures légendaires féminines et aux mutants. Au mur, Entre deux d’ORLAN traduit la métamorphose de l’artiste en personnage de légende. Avec humour, ORLAN se dépeint en Venus de Botticelli ! Elle côtoie la créature onirique de Fabien Verschaere que l’artiste a conçu spécialement pour l’exposition. Le chimérique chien à corne de Basserode joue l’animal de compagnie de ces dames. La chimère d’Éva Magyarosi réinterprète avec dérision le traditionnel et redouté centaure et le transforme en hybride mi-nounours mi-cheval. Contemporaine mais puisant ses racines chez Vitruve la Femme-Flamme d’Antonella Bussanich brûle du désir de changer le monde.
Sur les coffres gothiques, prolongeant les mirabiliae des cabinets Renaissance, le cerf au sabot d’argent de Karine Bonneval dialogue avec les vanités mi-fleurs mi-animales de Piet.sO.Le personnage fantastique de Michel Gouery semble inspiré à la fois des mutants et des grotesques renaissances. Une référence avec humour aux figures monstrueuses de plusieurs grandes sagas fantastiques du 20e siècle. Piet.sO — surprise, ce personnage loufoque semble en pleine discussion avec la gargouille de Ghyslain Bertholon juchée de façon inattendue derrière la fenêtre !