Claude Champy
Il y a bientôt 50 ans, je suis passé à la Borne pour la première fois sans savoir grand-chose de la poterie. En trois jours j’y ai croisé Yves Mohy, Elisabeth Joulia, Anne Kjaersgaard, Jean Linard, Vassil Ivanoff, Pierre Mestre et les Lerat à Bourges. Ma vie a basculé. J’ai construis un four à bois.

Ils ne sont plus là mais la vie céramique continue de plus belle.

On me propose d’exposer pour la deuxième fois. Je n’ai rien oublié !

«J’aime la terre, son odeur. Plasticité, maigreur, plus ou moins chamottée avec des granulométries différentes : tout est là ! Chacune de ces particularités est déjà porteuse d’une expression spécifique.

Ma main va s’emparer, accompagner en toute connivence, le plus intelligemment possible de la matière («L’intelligence de la main», comme dirait l’autre). Un engagement le plus total possible, un état de transes d’une certaine façon. Un peu absent au monde qui m’entoure. J’ai une réelle jouissance à sentir cette terre se plier, s’arracher, se gonfler, se tendre, retenir toutes les traces de doigts, empreintes d’outils… Dans le cas du tournage elle file entre les doigts, la respiration calée sur un mode différent. Tout peut devenir écriture, signe, calligraphie. Le processus de fabrication peut rester lisible. Décision de garder ou pas ces traces qui racontent la genèse de la construction de la pièce. Le repentir étant le plus souvent possible tant que la terre ne s’est pas suffisamment raffermie, garder ou pas la mémoire de ces traces quitte a les exacerber…».

Extrait du livre 8 artistes et la terre

Anne Reverdy
AUX DAMES, ETC…

Les premières dames – jeu égyptien à 7×7 cupules ( 1400 avant JC ) à caractère divinatoire – étaient en terre molle.

Même saupoudrés d’or fin, il faut garder à l’esprit que les pions collaient aux doigts.

On raconte alors que le pharaon Rahotep, après avoir perdu six fois de suite contre son architecte, renversa un grand bol de silice sur le damier, qu’il fit ensuite jeter au feu : c’est ainsi que le jeu se durcit considérablement.

Anne Reverdy, pour sa première carte blanche, propose des dames jusque sur le damier en une farandole de portraits tendres et dessinés d’une main légère,

madones, infantes, muses, enfants graves aux regards bleus, hamadryades en pull marin…

d’une main légère ais-je dit ?

Tout a une histoire : la potière fût peintre, et le portrait sa déclinaison favorite.

Puisque nous voilà aux confidences, vous dirais-je enfin qu’à partir de l’âge de sept ans, elle avait son potager personnel en biodynamie ( je ne plaisante pas )

et que cela n’a jamais cessé ?

L’émerveillement a toujours sept ans et les cuissons sont des récoltes.

« La Terre… Combien sommes-nous à comprendre cette glèbe silencieuse que nous foulons toute notre vie ? »
Pierre Rabhi

Anne Reverdy est née en 1969. Elle fait une formation de tournage au CNIFOP en 2006. Après une période de stage elle installe son atelier de céramiste à Neuvy deux Clochers en 2009.

Informations pratiques

Ouverture tous les jours de 14h à 18h jusqu’au 25 avril et de 11h à 19h à partir du 26 avril.