Exposition Cécile Beau
Aoriste
22 mars – 27 avril 2013
«Aoriste», il pourrait s’agir du nom d’une planète. En fait, Aoriste est un temps de la conjugaison grecque qui correspond à un passé indéfini, un point d’entrée possible dans l’œuvre de Cécile Beau.
La démarche artistique de Cécile Beau ouvre au monde naturel et au terrain expérimental de la science. Cette artiste construit des paysages en explorant la nature au travers de la technique, et propose des environnements où se mêlent le sensible et l’artificiel. Elle aborde ainsi le paysage comme un objet d’étude qui convoque des champs référenciels multiples, et ouvre à des perspectives de représentation, à la lisière du réel et de la fiction.
Cécile Beau utilise des médias (le son, l’image, l’objet ou la photographie) et des matériaux (béton, bois, eau…) en recherchant une plasticité et un équilibre entre les éléments qu’elle travaille. Un accord entre des états de fluidité, de solidification et de dématérialisation. Ses œuvres s’organisent comme les fragments d’un système plus vaste au sein d’installations qui laissent une place à l’imaginaire et à la perception du spectateur.
Parmi les pièces présentées dans la première salle, on découvre une série d’«Empreinte» suggérant des fragments de matière minérale noire. La richesse des détails (aspérités et plis de la texture) confond l’oeil qui peine à identifier la nature de l’objet, vue cartographique ou prélèvement de matière.
«Cosmogonie» conforte ce sentiment. Il s’agit d’une sculpture réalisée avec Nicolas Montgermont qui met en un mouvement imperceptible une «matière noire», et semble jouer devant nous par des moyens détournés, quelque chose qui pourrait s’apparenter à la formation d’une galaxie.
«Spécimen» est une installation sonore, composée de trois volumes en verre contenant dans un liquide sombre une matière végétale et minérale. Elle explore le décalage entre l’aspect aseptisé du verre qui évoque l’expérience en laboratoire,, et l’univers sensoriel qui émane du dispositif. Une composition sonore, réalisée à partir de bruits de planètes provenant de la Nasa se diffuse comme un souffle provenant du fond de l’univers.
«C = 1/√ρχ», autre installation sonore présentée dans la deuxième salle, est une construction conçue à partir d’instruments de chimie en verre. Cette machinerie énigmatique, sorte de turbine lumineuse que l’on découvre dans la pénombre, distille, non pas les vapeurs chimiques que l’on pourrait attendre d’un tel appareillage, mais du son.
Tout ce dispositif s’emploie à retraiter une matière sonore. Des bruits urbains, captés, puis diffusés dans les tuyaux de verre sont métamorphosés par le cheminement du son et sa diffraction dans les méandres du matériau, pour ressortir transformés par l’acoustique du verre. En d’autres termes, quelque chose a lieu sous nos yeux qui excède la vision elle-même. Si la transparence force le regard, le mystère de cet objet reste entier. Un pan de nature mystérieux s’offre à nos sens, paysage lointain entre nature et science- fiction.
Les paysages de Cécile Beau marquent une traversée où, du passé au futur, il n’y a qu’un pas. Quelque chose a changé dans notre appréhension de la nature et notre façon d’habiter le monde, ces paysages en témoignent.
Cécile Beau vit et travaille à Paris. Cette exposition est présentée en partenariat avec le FRAC Centre
La galerie est ouverte du mardi au samedi de 14h à 18h – entrée libre –
Cette exposition reçoit le soutien de la Ville de Châteauroux, du Ministère de la Culture et de la Communication, de la Direction Régionale des Affaires Culturelles du Centre, du Conseil Régional du Centre et du Conseil Général de l’Indre.