En novembre 2021, Melissande Herdier et Pierre Feller exposent « Chambre avec nuages » à la galerie Exuo de Tours.
Les sculptures de Pierre y conversent avec les dessins de Melissande, en faisant interagir l’espace urbain humanisé, industrialisé et ses « ouvrages d’art », avec les temps longs du ciel : météorologie, déplacements de nuages et masses d’air, dans des jeux de changements et de passages d’échelle. Le duo d’artiste commande une performance sous forme de texte lu à la poète sonore Axelle Glaie.
Vous pouvez en écouter un enregistrement en utilisant le lecteur ci-dessous et/ou lire le texte ponctué de prises de vues d’œuvres de l’exposition.
APPROCHE | LES OUTILS DU TRAVAIL DE VOIR
yeux tendus vers
repos des mains
yeux sans mains
envol des étages
regards en multitudes
appel en vol
béton nougaté, enrobage lisse et surfaces vitrées,
vol ville –
Globes de
matières molles qui
dessinent posent
les architectures angles internes matières externes
À là encontre de –
B L A N C H E
ACCOMMODATION À LA PÉNOMBRE
Au seuil C dit j’aime la pénombre là
poser les yeux en avant comme on tendrait la main
ce qui traverse l’air ce qui ne peut
qu’avancer pour voir
pied à pied
je progresse dans la pénombre ce sont les trous d’air qui s’éclairent les
objets comme ma main qui prévient le mur les plantes
de mes pieds à pieds tâtonnant contre les surfaces industrielles
A a dit on ne marche pas pieds nus sur le sol de la rue mais
un soir d’incendie on peut de loin tout faire
tant qu’avant l’orage quand l’air est brutal tranche les bâtiments comme un
changement d’élément – de milieu
Les bâtiments ceux-là même qui se gonflent d’importance et se noient derrière les lumières une fois posés là par art pour ouvragés pour une utilité –
L’utilité donne un sens –
ACCLIMATATION DE L’ŒIL
Des formes et tables d’orientation Grand angles indiquant spires Orientés tablés
sur –
dit H
H dit les arêtes et les angles forment
les nuages
contiennent
les nuages débordent sur le
mur blanc en toile de fond
A dit l’espace clos de la pensée
s’y plonger revient à déplacer les murs
L’œil s’acclimate.
Projection cyclement – tout autour de l’espace de la
toile à dessiner
– condensée,
– condensé
le vent est passé de bouche à trame à
– dispersion –
des attaches sans cadre
Sombre pied grand œil, les pinces sont seules et solides
tournées minuscules contre l’effritement –
les parois sont des falaises à hauteur de geste de –
plaquent
proposent comme reposent ce qui
ne se fige pas
en théorie.
La lumière sans les couleurs ne se crée que dans le contraste des consistances.
Les ondulements s’engouffrent.
L dit la pince retire a retiré
allège allégé et retire encore et accumule
les noires les
poussières s’amoncellent
se déversent
sur les font des –
N dit c’est comme les vents qui passent en courants de poudre
et la poussière est organique seule.
Le minéral a des formes de murailles célestes.
MOTIFS | NUAGES INDIGÈNES
Les masses d’air et humides se
ferment se
dévorent entre elles.
A dit des explosions de pluie se
déversent se
sur les matériaux gris les
solidités de fabrication apparentes
à l’ouvrage à la technique à l’immeuble érigé en inconnus et en utilités –
en directions – des – B dit montre là c’est ce qu’il faut faire aller là dit B.
Ce n’est pas sur nos têtes dit A au-dessus des regards que ça tombe
dans l’œil directement qui plonge sur
Et le dedans c’est brut coupé c’est
à bord de –
La pièce sombre où circulent les masses c’est ton crâne dit C
Toile le regard,
croise les cadres des matins et des soirs toutes
les fois qu’on lève la tête disent A et L
à tous les âges,
c’est projeter dans l’interne des yeux le creux des images
à toutes les
périodes toutes les phases,
l’étirement à force de fixer les masses ne change pas les formes mais les cache –
derrière la feuille –
sous le blanc du mur –
C’est prendre un extrait de ton existence N dit que tous
les matins c’est pareil –
Ce qui s’est déplacé
aériennement entre tes
yeux tournés vers A a dit
c’est imaginer les pas
entre les
volumes
autant de cubes, de fumées
se contenant sans bouger
changeant lentement
concressions
la lumière
arrive
détournée
dessus
raconte le
passage entre
les constructions
et les espaces infinis de
transformation
et dépressions
un échafaudage toujours
se monte par strates
hauteur par étage par tube avant
dit L avant d’être décapité
dans les airs
des nuages
Ce bâtiment est sédimentaire –
dit H –
car ce sont nos jeux qui l’ont élevé :
c’est une volute par nos passages
qui l’ont empruntée
À hauteur de son jeune âge L dit
que les étages sont petits – ! –
ville miniature et industrielle
face à une fenêtre plus dense et opaque qu’un édifice de parpaing de métaux et
de plaques
se retrouvent
A, L, N, E et H et C, B enfin,
au mur une fenêtre suspendue épincée
échappement et projection
la ville l’air.
SUSPENS DANS UN INTERVALLE
La pluie l’air vif entêtant
rendent pareil
le béton mou
le canapé meuble
barre de logements une seconde plus tôt E dit à H à A à C c’est bas si on est
géant
l’air y tourne sentez-le depuis le seuil des pièces
attachées
le béton s’est étalé sur une trame sentez
sa fraîcheur sèche
de pâte à sel de grande échelle.
Le doigt de E passant dessus, grésille.
On souffle à travers la grille et les fumées se déplacent
autour du mur-tamis
Les auteurs de leurs regards propres de
du haut de leurs yeux,
A, H, N et C et E et L et B
Les paires d’yeux seuls se peuplent de semblables devinés derrière les écrans de
projection.
La pensée d’eux se repose
Adossement d’un rayon contre la paroi – qui d’un trait devient claire, accueillante,
molletonnée – joyeuse comme une palette.
Appuie, en paix, un œil, puis deux, puis repart derrière les bâtiments.
RÊVERIE SIGNALÉTIQUE
Ces lignes-là que l’on suit de
l’index sont faites pour être franchies
à coup sûr
pieds joints dit H.
Teintes simples, des mélanges et des directions simples – flèches non vectrices
mais pistes, lancements vers les formes impalpables des rondeurs et des caches
superposés – des changements perpétuels et des accumulations menaces
libérations impressions et sentiments de –
B s’éloigne.
Pense aux autres.
OISEAUX COMMUNAUTAIRES
Sur l’esplanade en esprit d’assise,
Une ribambelle de petits êtres
qui sont passés de leurs petits pas
leurs yeux suivants les ont filtrés à travers leurs lumières,
leur climat léger de foulement à emprunter cet espace,
le leur a consumé les petits formats de leurs petits pas.
En bordure la fin nette des nuages a soulevé leurs évanescences leurs avis sur
l’entourage de leur quotidien – ils ont arpenté les vortex et les boyaux aux
proportions élastiques comme les temps, industriels, ont joué du bord de chute,
ont fait des brutalismes de marches, se sont bougés agitant leurs images plus fort
que le secouement de leurs mains.
Nuls autres êtres ici encerclé car cette ville est leur air celui qu’ils font – intérieur et
visage – reflétés entre les tours et les enceintes des maisons.
Petits rythmes des pas indigènes là où les pieds ne se posent pas mais la tête – la
tête – sa forme change d’âge change de temps.
ÉCHO
N, et B et L passent en courant de petits pas de sourires sonores entendus de
bloc en segments de – petits rythmes –
à – le – là – eux – sonne – haut – touche – éclat
Les motifs leur traînant en
périphérie des champs de vision
en vols de fragments,
emportement de le repos là où les
les cousures se feront
entre l’air
RETOUR SUR LEURS PAS
Ainsi s’accumulent s’amoncellent
les âges de la vie
Ce sont les murs qui les – vient – passer sans
temps ni bruit
Interstices communs n’appartenant qu’à
personnes chacun d’en disposer pour son incendie personnel
Ce que A ce que C ce que H
choisira de brûler pour les âges
de son temps –
pour s’appuyer
sur les blocs de l’imaginaire en
constructions pour
sa tête à
hauteur d’yeux.
De souffle
lumière
B L A N C H E