« Depuis 1984, Dominique Bailly a fait du bois sa matière vive, qu’elle travaille à la tronçonneuse, meule, ponce, jusqu’à obtenir une surface d’une finesse et d’une sensibilité extrêmes au toucher, jusqu’à faire apparaître les fils innervant la peau de l’arbre : articulations d’une branche, nœuds, anneaux qui « cochent » le passage des ans, brulures de la foudre, fentes, accidents. Histoire, livre de mémoire intérieure, atlas naturel sur lequel on se penche pour on ne sait quel déchiffrement mystérieux, auquel invite un répertoire de formes volontairement simples. Sphères, lames suspendues, cônes tronqués, que la justesse du traitement place au confluent d’images venues de très loin dans l’espace et le temps. De même que ses interventions sur le bois « révèlent » une picturalité, un dessin inscrit dans la matière, ses sculptures paysagères ont ce caractère de dégagement, de mise à nu : lecture d’un lieu, compréhension des lignes qui régissent son ordonnancement naturel et mise en place d’éléments, à caractère mimétique souvent, qui le rendent sensible. On rejoint là encore des attitudes très anciennes face à la nature, qui semblent trouver un écho particulier dans la sensibilité d’aujourd’hui ». (Dominique Blanc, extrait de « Paysages du dedans »)
Sous l’Auvent des Ecuries, Dominique Bailly place cinq sphères de bois mesurant de 80 à 120 cm de diamètre. Trois sphères sont en séquoia, une en chêne et une en cèdre, trois essences de bois présentes dans le Parc du Château. Ces volumes contribuent à changer la perception du lieu, ils donnent une autre dimension de l’espace et répondent par leur tonalité orangée, à la couleur des briques qui en constituent l’architecture.
Elle invite également le visiteur à explorer le fond du Parc avec une installation de branchages tressés près du Château d’Eau. Jouant sur les contrastes intérieur et extérieur, plein et vide, cette « vague végétale » pensée par Dominique Bailly semble suivre les voutes du Château d’Eau.
Les œuvres de Dominique Bailly en appellent au déplacement du promeneur et à son implication physique. Elles guident sa découverte progressive du paysage, et l’incluent comme participant dans un lieu dont il explore les rythmes et la topographie. Cette notion de « sculpture promenade », propre à l’artiste, se retrouve dans l’œuvre présentée à Chaumont-sur-Loire. Naissant d’une rencontre entre l’histoire, l’art et la nature, l’œuvre de Dominique Bailly s’inspire des symboles de Diane de Poitiers. Femme illustre, ayant marqué l’histoire du château de Chaumont-sur-Loire, Diane est aussi la Déesse de la lune et de la chasse et ses emblèmes figurent encore aujourd’hui sur le monument. Les arcs de cercle, évoquant les croissants de lune et l’arc de Diane, sont les formes dominantes de l’œuvre pensée par l’artiste. Guidant les pas du visiteur, un chemin de bois serpente jusqu’à La Loire. Les croissants de lune, telles d’immenses feuilles déployées dessinent dans l’espace un point de vue sur le paysage.