Au carrefour des arts plastiques, de la recherche, des micro et macro-économies et du net.art, l’exposition The Great Offshore présentée dans la Galerie Haute constitue le nouveau volet d’un projet d’enquête au long cours sur les logiques des économies offshore menée par le collectif à géométrie variable d’artistes anonymes RYBN.ORG (constitué en 2000). Pour cette exposition aux Tanneries, le collectif prolonge un travail de dévoilement de figures de l’économie dite « occulte » précédemment engagé dans diverses structures liées aux arts visuels et numériques. Ce prolongement s’opère ici à travers un foisonnement organisé de données, d’histoires, de motifs, de matériaux et de médiums interconnectés, recoupant une liberté sémiotique et d’association qui sous-tend sa pratique en tant que plateforme numérique de recherche indépendante.
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Véritable mise en commun de l’information, l’œuvre documentaire The Great Offshore constitue une proposition multidimensionnelle et en devenir au sein de laquelle chacun des contributeurs – qu’il soit membre du collectif ou invité par ce dernier – participe à la production d’un ensemble polymorphe duquel émerge une figure de l’offshore extra-disciplinaire, plurielle et complexe. De l’étude de savoirs interstitiels naît une forme de méta-archéologie qui repose, en partie, sur une analyse de méta-données transfigurée à travers une pratique qui plonge ses racines dans une forme de nomadisme et dans la méthode situationniste de la « dérive »[1] qu’RYBN.ORG a transformée en développant ses propres outils de recherche et de création.
Dans le fond comme dans la forme, il s’agit bien pour le collectif d’opérer, à travers The Great Offshore, des frictions pour produire du sens, de l’intelligible. À la nouvelle géographie – matérielle comme immatérielle – qui se dessine à partir des combinaisons et mises en relation des enquêtes menées par RYBN.ORG et ses extensions virales et rhizomiques, répond celle de l’exposition pensée pour le centre d’art, constituée en archipel ou, encore, en galaxie ; deux motifs communément attachés à l’imaginaire des économies parallèles.
Ainsi, dans la Galerie Haute, cinq îlots viennent graviter autour d’un épicentre, recoupant cinq itérations, occurrences et topologies du offshore tel qu’il se manifeste de nos jours. Offshore Lab traite du business florissant des sociétés « boîtes-aux-lettres » aux Pays-Bas ; Proxy – La City de l’influence que la Corporation de la City maintient dans l’ancien Empire britannique ; Malte Blockchain du marché spéculatif des crypto‑monnaies à Malte, dite la « block-chain island » ; Art Market de la financiarisation du marché de l’art et l’émergence des freeports en Suisse, au Luxembourg et à Singapour ; Space Offshore de la législation du Luxembourg qui drague les fonds les plus futuristes. Au centre de l’exposition, Algoffshore – constitué de grands diagrammes qui consignent les modes opératoires des cinq autres îlots – met en lumière les dynamiques et mécanismes transversaux qui participent à la formation d’un véritable régime de gouvernance, de l’histoire coloniale et post-coloniale au développement du capitalisme mondial.
Entre polarisation et constellation, Algoffshore concentre la partie analytique de l’exposition dont les disséminations en îlots font la part belle à une vision plus scénarisée, relativement nouvelle dans la démarche d’RYBN.ORG. L’exposition dans la Galerie Haute des Tanneries – véritable extension du projet The Great Offshore –, est en effet l’occasion pour le collectif d’initier une approche plus plastique, fictionnelle et spéculative, dramatique et poétique, traduite, entre autres, par un travail très particulier sur l’éclairage.
Entre points d’obscurité et poches lumineuses, la nébuleuse de mises en récits visuels et sonores opérée par RYBN.ORG dans The Great Offshore s’ancre fortement dans l’imagerie de l’enquête : aux univers citadins à l’architecture horizontale des films noirs se substituent ceux photographiés des architectures liées aux activités offshore. La prolifération des écrans ainsi que des modes d’écoute contribue également à la mise en place d’ambiances visuelles et sonores distinctes qui puisent dans l’imaginaire de l’espionnage mais aussi de la salle des marchés.
Entre le visible et l’invisible, l’explicite et l’implicite, le textuel et le visuel, le fantasme et la réalité, The Great Offshore met en lumière des territoires et des savoirs encore occultés – situation paradoxale dès lors que l’on prend la mesure de leur place et de leur puissance dans l’économie mondiale. L’archipel et chacun de ses îlots constituent donc une véritable base de données physique organisée en bibliothèques thématiques partagées au visiteur. Ce dernier est invité à les investir comme il l’entend et au grès de temporalités, de voies et de récits variés, afin de mener sa propre enquête.
[1] Guy Debord, « Théorie de la dérive », Les Lèvres nues, no 9, décembre 1956.
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Partenaires de l’exposition :
RYBN.ORG est lauréat du programme ‘Les Collectifs d’artistes’ de l’Institut français.
Le projet The Great Offshore bénéficie de l’aimable soutien du programme Europe Créative‑EUCIDA et de l’Espace multimédia Gantner.
L’exposition The Great Offshore bénéficie de l’aimable collaboration d’élèves du CAP Menuiserie de l’EREA Simone Veil d’Amilly, dans le cadre du montage, ainsi que de l’ÉSAD-Orléans, de la Labomedia et de radio ∏-Node dans le cadre du mini-festival des 7 et 8 mars 2020 autour de l’exposition.
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Autour de l’exposition :
7 et 8 mars 2020 : mini-festival !
Samedi 7 mars 2020, Les Tanneries, à partir de 14h30
Ateliers en famille autour de l’exposition.
Restitution et prolongement, par les étudiants de 1er cycle de l’ÉSAD-Orléans, du workshop dirigé par RYBN.ORG aux Tanneries du 27 au 31 janvier 2020.
Plateau radio public autour de l’exposition sous la forme de présentations, échanges ouverts, discussions, écoutes sonores. Clôture du plateau radio en concerts et performances. Diffusion en direct sur radio ∏-Node (http://p-node.org).
Dimanche 8 mars 2020, Labomedia, à l’heure du goûter
Ateliers hors-les-murs sur la notion d’anonymat suivis de discussions et séances d’écoute
@ Labomedia, Le 108, Orléans (http://labomedia.org).
Intervenants : Dinah Bird & Jean-Philippe Renoult, Jean-François Blanquet, Benjamin Cadon,
Ewen Chardronnet, Marie Constant, Éric Degoutte, Emmanuel Guez, Aude Launay, RYBN.ORG, Samon Takahashi, UV Éditions (Cédric Pigot et Magali Daniaux), et d’autres invités.
Programmation et horaires détaillés à venir sur http://www.lestanneries.fr/agenda/
Retrouvez le travail d’RYBN.ORG ailleurs en France dans les expositions collectives :
Le supermarché des images, du 11 février au 7 juin 2020, Jeu de Paume, Paris
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Informations, dossiers et visuels pour la presse : communication-tanneries@amilly45.fr
Renseignements et réservations visites et ateliers : publics-tanneries@amilly45.fr
Infos pratiques
Horaires d'ouverture
Ouvert du mercredi au dimanche de 14h30 à 18h
7 et 8 mars 2020 : finissage et mini-festival autour de l’exposition.
Tarifs
Entrée libre