La série des « Castings » retrace une tentative de représenter un panel de personnages archétypaux en rapport avec un lieu donné. Je me mets donc en scène, à la manière d’un comédien, dans des vidéos et des photographies, vêtu de costumes de plastique. Ces tenues sont constituées d’un assemblage rudimentaire de sacs plastique dont les attributs et les détails, eux, sont définis avec précision.
F.L
Pour sa première intervention, Florent Lamouroux présente trois photographies et sculptures de sa série Castings.
Les œuvres ont été spécialement réalisées pour le chantier des collections mené par l’équipe du musée de Chinon.
L’artiste a suivi de façon épisodique notre travail afin de le révéler « en parti » au public. Réaliser un chantier sur des collections muséales, signifiait pour l’artiste et signifie pour beaucoup de gens mener un travail minutieux.
C’est une réalité mais notre quotidien nous amène à jongler entre des pratiques et des règles de conditionnement et de conservation extrêmement délicates vers des travaux plus généralistes et de gros œuvre tel le déménagement journalier d’œuvres.
C’est donc de ce glissement d’activités et de cet aspect improbable, qu’est née la première intervention de Florent Lamouroux.
Le triptyque présenté dans la vitrine du musée met en scène l’artiste en déménageur, en ouvrier avec sa rubalise, et en balayeur.
Les trois photographies sont accompagnées de sculptures représentatives des outils de ces trois corps de métiers : balai, poubelle, rubalise, …
L’installation est largement traversée par le registre comique. Chaque photographie est ici comme une histoire, le triptyque comme une séquence d’images burlesques qui nous réserve son lot de surprises soit par un retournement de situation ou soit par un jeu de gestes, de postures ou de symboles.
Une des premières activités menée par l’équipe du musée a bien été de sécuriser son chantier des collections. Le déménagement au quotidien des œuvres entreposées dans la réserve vers la salle consacrée au chantier, a nécessité une méthodologie et la mise en place de périmètres sécurisés et balisés. Ceci dans un souci de ne faire prendre aucun risque aux œuvres et à l’équipe.
La manipulation au quotidien d’outils tranchants ou chauffants tel le thermo-cutter ainsi que le stockage de produits toxiques et inflammables pour la restauration de certaines œuvres, rendent ce chantier interdit au public.
Tout l’espace ressemble à une grande partition où se joue au quotidien une valse d’activités : déménagement, enregistrement, dépoussiérage, découpe des emballages, conditionnement, localisation, restauration, stockage, nettoyage des salles.
L’installation de Florent Lamouroux repose sur son expérience par rapport à notre travail.
Que regardons-nous derrière une image, une œuvre, ou un travail ?
Comme le rappelle le philosophe Georges Didi-Huberman « regarder n’est pas une compétence mais une expérience ».
Une œuvre n’est jamais fermée, elle s’offre à chacune et à chacun qui veut bien la regarder.
L’installation de Florent Lamouroux va cohabiter avec l’installation monumentale d’Étienne Bossut « Out » posée sur la façade du musée.
Cette immense goulotte à gravats composée de moulages en polyester ondule sur le bâtiment à partir du troisième étage.
C’est en effet à ce niveau que se déroule le chantier des collections. La forme de la goulotte suggère aussi le transfert prochain de tous les objets et les œuvres du musée vers l’extérieur du bâtiment pour intégrer leur nouvelle réserve.