Dieu, l’enlumineur, le roi
Quand l’art se met au service du pouvoir (1/4)
Pendant tout le Moyen-Âge en France, la peinture est dans le livre. Parcours dans l’histoire de l’image médiévale au service du pouvoir, de Charlemagne à Charles V, deux figures de « roi Sage », et au duc de Berry.
Support le plus mobile, le livre est l’objet de commandes de plus en plus nombreuses de la part de grands mécènes qui deviennent peu à peu de véritables bibliophiles. Sous l’impulsion de ces commandes, et en composant avec les interdits qui pèsent sur l’image, l’image peinte dans les livres va se modifier pour servir les buts politiques des commanditaires, religieux, royaux ou laïcs, et les peintres vont inventer de nouvelles formes d’expression. Dans ce documentaire, nous parcourons une histoire de l’image médiéval au service du pouvoir : de Charlemagne à Charles V, deux figures de « roi Sage », et au duc de Berry.
Quand peu à peu l’écrit va devenir une pratique silencieuse, on va voir fleurir à l’intérieur du livre une éclosion de peintures, de miniatures et d’approches par l’image du texte.
L’Eglise est devenue très vite commanditaire de toutes sortes d’images illustrant notamment les Evangiles, ou même illustrant l’ancien testament, et cette demande a fait travailler très tôt des artistes. Ils ont eu des commandes nombreuses : des verriers pour les vitraux, des sculpteurs, des peintres mais aussi des orfèvres. Ces commandes représentaient aussi pour l’Eglise la possibilité de déguiser très largement le message qu’elle voulait diffuser. Roland Recht
Avec :
- Roland Recht, historien de l’art, professeur émérite du Collège de France, chaire d’Histoire de l’art, européen médiéval et moderne
- Claude Gauvard, historienne médiéviste, professeur émérite de l’université Paris 1-Panthéon-Sorbonne
- Marie-Hélène Tesnière, conservateur au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France, en charge du projet de la librairie de Charles V
- Anne Zali, conservateur en chef honoraire, ancienne directrice du service de l’Action pédagogique de la Bibliothèque nationale de France.
- Mathieu Deldicque, conservateur au musée Condé, Chantilly
Une série documentaire d’Elise Gruau réalisée par Julie Beressi
Pour aller plus loin :
Site pour parcourir des livres enluminés numérisés
Les collections de manuscrits enluminés du musée Condé à Chantilly
La Renaissance et la conquête du pouvoir par les arts
Quand l’art se met au service du pouvoir (2/4)
Depuis le Moyen-âge, Florence est une République qui n’a ni souverain, ni cour, mais des conseils élus, régulièrement renouvelés, qui prennent les décisions.
Dans les luttes féroces que se livrent les grandes familles de Florence pour dominer, l’une d’elle parvient à s’imposer au XVe siècle, les Médicis. Elle tiendra les rênes du pouvoir jusqu’au XVIIIe siècle. Dans la Renaissance intellectuelle et artistique qui éclot alors, les Médicis exercent un mécénat qui a peu d’équivalent.
Dans ce documentaire, nous chercherons comment, grâce à leur mécénat artistique, les marchands et banquiers de cette famille sont devenus d’abord des rois sans couronne pendant tout le XVe siècle, puis les princes qui ont fait tomber définitivement la République en 1530. Comment leur mécénat a-t-il servi leur captation progressive du pouvoir, comment a-t-il changé en même temps qu’évoluait la nature même de leur domination ? Dans ce jeu politique ouvert à l’influence, et par-delà les intrigues, dans cette petite ville qui concentre exceptionnellement les richesses et où les œuvres d’art illuminent chaque coin de rue, chaque façade, chaque chapelle, l’art est un terrain d’observation privilégié de la bataille pour le pouvoir.
En évoquant les œuvres de Donatello, le rôle politique pris par Michel-Ange dans la ville, les grands décors réalisés par Vasari pour remodeler la ville sous le signe des Médicis, nous verrons évoluer la figure de l’artiste à la Renaissance en un homme de pouvoir.
Avec :
- Francesco Caglioti, professeur d’histoire de l’art à l’Università degli Studi Federico II de Naples
- Alessandro Cecchi, directeur de la Casa Buonarroti à Florence
- Carlo Falciani, historien de l’art, professeur à l’Académie des Beaux-Arts de Florence, commissaire de l’exposition « Il 500 a Firenze » au Palazzo Strozzi (21 septembre 2017 – 21 janvier 2018)
- Cécile Hollberg, directrice de la Galleria dell’Accademia à Florence
- Antonio Pinelli, professeur d’histoire de l’art émérite à l’université de Florence
- Jérémie Koering, historien de l’art, chercheur au CNRS et directeur-adjoint du centre André Chastel
- Philippe Sénéchal, historien de l’art moderne, université de Picardie
Une série documentaire d’Elise Gruau réalisée par Julie Beressi
Avec les voix de Sylvain Clément et Phil Bouvard pour les traductions.
Julien Gaillard a lu la lettre de Michel-Ange à son neveu Leonardo et un extrait du Princede Machiavel.
Pour aller plus loin :
- Exposition Il Cinquecento a Firenze, du 21 septembre 2017 au 21 janvier 2018, au Palazzo Strozzi à Florence
- La Maison-Musée de Michel-Ange à Florence : Casa Buonarotti
Rubens, “peintre des princes, prince des peintres »
Quand l’art se met au service du pouvoir (3/4)
L’œuvre de Rubens rassemble plus de 1400 œuvres, et il faudrait parcourir les musées du monde entier pour en recomposer les facettes.
Au 16e siècle, Anvers était un des phares de l’Europe : première place financière mondiale, ville parmi les plus riches par son réseau bancaire, son port sur l’Escaut et son activité intellectuelle.
Pierre Paul Rubens naît dans une période de déclin de la ville, causé par les guerres de religion qui déchirent les Pays-Bas espagnols. Son œuvre rassemble plus de 1400 œuvres, et il faudrait parcourir les musées du monde entier pour en recomposer les facettes. Elle a imposé un style nouveau, le baroque. Peintre des différentes cours européennes, il a su gérer au mieux son œuvre et les relations avec ses commanditaires en inventant des formes de travail en atelier, un nouveau type de portrait d’apparat, en organisant la diffusion de ses œuvres, et en sachant se rendre indispensable aux puissants dont il fabriquait l’image. Comment Rubens est-il devenu un peintre de pouvoir ? Comment son œuvre, au service de la Contre-Réforme, a su imposer un style nouveau, le baroque, partout ?
Exploration à travers ce documentaire, enregistré à Anvers et à Paris, à l’occasion de l’exposition « Rubens, portraits princiers » Musée du Luxembourg à Paris (4 octobre 2017-14 janvier 2018).
Avec :
- Alexis Merle Dubourg, historien de l’art, conseiller de l’exposition « Rubens, portraits princiers » Musée du Luxembourg à Paris (4 octobre 2017-14 janvier 2018)
- Nadeije Laneyrie-Dagen, historienne de l’art, professeur à l’Ecole Normale Supérieure de Paris
- Nico Van Hout, Conservateur au département des peintures du XVIIe du Musée Royal des Beaux-Arts d’Anvers (KMKA)
- Bert Watteuw, historien de l’art et chercheur au Rubenianum, Centre d’études sur Rubens à Anvers.
Une série documentaire d’Elise Gruau réalisée par Julie Beressi
Avec la voix de Jan Hammenecke pour les lettres de Rubens, et la voix de Sylvain Clément pour les documents relatifs à la vie de Rubens.
Pour aller plus loin :
- Exposition « Rubens, portraits princiers », Musée du Luxembourg, Paris, du 2 octobre-14 janvier 2018 :
- Maison-Musée Rubens à Anvers
- Centre d’études sur Rubens à Anvers
Bibliographie
Rubens, portraits princiersRMN-Grand Palais, 2017
RubensHazan, 2017
La commande publique, mirage de l’art pour tous
Quand l’art se met au service du pouvoir (4/4)
De Georges Braque peignant un plafond au Louvre à Marc Chagall à l’Opéra-Garnier, des « Colonnes de Buren » jusqu’au « Protocole des Nouveaux commanditaires », quels enjeux de la commande dans l’espace public à l’heure de la République ?
La politique d’acquisition et de commandes menée par l’Etat connaît ses prémices au moment de la Révolution française. Symbolisant la sortie de la monarchie, les commandes d’art ne sont plus censées incarner la figure d’un monarque, mais se dépersonnaliser, à l’image du peuple souverain et d’un « art pour tous ».
Dans ce 4e épisode, nous allons parcourir une histoire des commandes publiques d’Etat, à partir de 1945, et retracer les grands jalons de la mise en place de cette politique publique de soutien à la création et à la diffusion de l’art contemporain. Après-Guerre, la France doit de se reconstruire, moralement et culturellement aussi. L’Etat se dote alors d’outils pour renouveler la commande artistique. En 1959, est créé le ministère de la culture avec à sa tête André Malraux. Comment les personnalités au pouvoir influent-elles sur les œuvres commandées ? Dans quel sens va cet art public ?
De Georges Braque peignant un plafond au Louvre à Marc Chagall à l’Opéra-Garnier, de l’installation des « Deux plateaux » au Palais Royal, plus connus sous le nom de « Colonnes de Buren » jusqu’au « Protocole des Nouveaux commanditaires », quels enjeux de la commande dans l’espace public à l’heure de la République ?
Avec :
- Daniel Buren, artiste, auteur des Deux Plateaux ou « Colonnes de Buren »
- Philippe Bettinelli, conservateur au CNAP, Centre National des Arts Plastiques
- Guitemie Maldonado, professeur d’histoire de l’art aux Beaux-Arts de Paris
- Clothilde Roullier, archiviste conservateur aux Archives Nationales
- Loïc Vadelorge, Professeur d’histoire contemporaine et directeur du laboratoire de recherche “Analyse Comparée des Pouvoirs“ de l’université Paris-est Marne la vallée
- François Hers, artiste et fondateur du programme des « Nouveaux Commanditaires » avec la Fondation de France
Une série documentaire d’Elise Gruau réalisée par Julie Beressi
Pour aller plus loin :
- Catalogue d’exposition « Un art d’État ? Commandes publiques aux artistes plasticiens 1945-1965 » aux Archives Nationales de Pierrefitte (exposition terminée le 13 juillet 2017)
- Le « musée dans la rue » à Barentin (Normandie)
- Le Centre National des Arts Plastiques
- Exemples d‘oeuvres nées du Protocole des Nouveaux Commanditaires de la Fondation de France