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6 décembre 2017

Bibliophilie contemporaine par Ciclic

Ces livres rares s’attachent à la qualité de la réalisation : choix du papier, de la typographie, de la technique d’illustration ou de la reliure. Il s’agit la plupart du temps d’une œuvre réalisée entre un artiste peintre ou plasticien et un poète, les livres-objets font également partie de la bibliophilie contemporaine.

Les ouvrages sont signés, numérotés en tirage limité, parfois unique.

Découvrez ici les éditeurs de bibliophilie contemporaine de la région Centre-Val de Loire, ainsi que certaines de leurs œuvres.

Alphabet Existentiel
Bernard Foucher

Livres d’artiste et livres-sculptures créés par Bernard Foucher.

Livres numérotés et signés par le poéte et l’artiste.
Typographie au plomb à la main de Jean Hofer.

« Le livre d’artiste accompagne ma démarche de peintre et de sculpteur depuis 1999. La rencontre du poète Michel Lagrange, et du typographe Jean Hofer fut alors déterminante, ainsi que celles d’Hélène Cadou et de Bernard Noël. Les poètes m’ont donné le goût du texte poétique. Le typographe m’a introduit dans l’univers de la bibliophilie avec le souci de la modernité. Chaque livre vient au fil des années, au gré des rencontres ponctuer mes préoccupations d’homme et d’artiste. » Bernard Foucher

Alphabet Existentiel de Bernard Foucher
5, rue Drufin 45000 Orléans
Tél. 02 38 62 75 78 bamfoucher@aol.com
www.bernard-foucher.com
Date de création : 1999 / Nombre de titres au catalogue : 11 / Nombre de titres par an : 1

Cécile Picquot
Livres d’artiste

Cécile Picquot est plasticienne et dessinatrice/illustratrice.

Elle crée des livres d’artiste qui proposent un dialogue entre un univers plastique et un univers poétique.

Relié ou sous forme de coffret composé de planches indépendantes les unes des autres, souvent porteur d’une forme de narrativité ouverte, le livre est son mode d’expression artistique privilégié dont la forme est indissociable du fond.

Elle utilise une large gamme de papiers artisanaux teintés aux essences de plantes, en particulier le papier Lokta Himalaya, mais aussi le papier Arches 300g, selon les projets et la résonnance que le choix du papier va provoquer avec le contenu de l’ouvrage.

Elle développe trois collections :

  • La collection Fodere  est composée essentiellement de livres uniques. Chaque ouvrage suggère, par sa technique plastique et un texte de Michèle Ninassi, une plongée au cœur des profondeurs de la vie, avec un parallèle métaphorique entre l’Homme et l’Animal.
  • La collection Le Chant de la Matière est composée de 6 petits livres carrés réalisés à 10 exemplaires chacun. Chaque titre associe une série de photographies à un court texte poétique de Michèle Ninassi, pour évoquer une immersion dans la matière bois/papier, avec un parallèle métaphorique entre l’Homme et la Nature.
  • La collection Carnets de croquis présente des recueils construits à partir de ses carnets de croquis qui l’accompagnent dans chaque déplacement ou voyage. Ils sont réalisés en 5 exemplaires.

Les livres d’artiste de Cécile Picquot sont présents en galeries-librairies, dans de nombreuses médiathèques des Hauts-de-France et en Belgique francophone.

Cécile Picquot
5, allée de Chenonceaux 37100 Tours
Tel : 06 18 21 63 54 cecile.picquot@gmail.com
http://www.cecilepicquot.fr/
Date de création : 2009 / Nombre de titres au catalogue : 16 / Nombre de titres par an : 3

Coco Téxèdre

Coco Téxèdre travaille à la mise en livre du corps.

L’acéré, le lacéré du corps,
Ses fractures, ses scansions,
Ses maux et mots.

Elle pense le livre en espace de jeu, d’expérimentation, de laboratoire où foisonnent les livres d’artiste, manuscrits, uniques, imprimés, de bibliophilie, livres objets, livres peints, livres pauvres…
Ses ouvrages sont présents dans de nombreuses collections publiques françaises et étrangères.
Sa participation à l’aventure des « livres pauvres » orchestrée par Daniel Leuwers lui a permis d’accompagner de nombreux poètes : Henri Meschonnic, Michel Butor, Linda Maria Baros, Pierre Dhainaut, Hubert Lucot, Dominique Sampiero…
Une longue complicité avec Suzanne Aurbach a donné naissance à une grande diversité de livres d’artistes : L’orange Nycthémère, Migraine, Évidences, Archéologies…

Coco Téxèdre revisite avec autant de bonheur Camus, Saint-John Perse, Rabelais, Ronsard, Rimbaud…

Elle a publié en 2004, Arts visuels et jeux d’écriture : expériences d’ateliers plastiques en milieu scolaire, aux éditions Scérén.

Coco Téxèdre
19, côteau les Baraudières 37500 Seuilly
Tél. 02 47 95 88 46 coco.texedre@free.fr
http://www.cocotexedre.com/
Date de création : 1993 / Nombre de titres au catalogue  : 108 / Nombre de titres par an  : 7

Collodion
Claire et François Poulain

Les éditions Collodion offrent à des poètes contemporains une collaboration avec des artistes pour élaborer un ouvrage où se côtoient un texte généralement inédit et une série d’œuvres graphiques réalisées pour l’accompagner. Les animateurs de la maison d’édition se sont équipés des outils nécessaires pour fabriquer les ouvrages garantissant une certaine indépendance et multipliant les médiums mis à la disposition des plasticiens.

Les ouvrages originaux qui ne sont pas à considérer comme des tirages de tête mais comme le tirage original/originel résultant du travail conjoint des acteurs du livre, l’écrivain, le plasticien et l’éditeur-imprimeur ont recours aux techniques des arts graphiques, typographie, sérigraphie, offset, numérique pour le texte et/ou les images, gravure, lithographie, sérigraphie, etc.. pour les images. Les livres se présentent sous forme d’emboîtage, de couverture toilée, toujours réalisés sur des supports papier adéquats aux techniques mises en œuvre, papier Arches, Rives, Jouhanneau, Rivoli, etc. mais aussi papier recyclé si l’ouvrage de par son sens le nécessite. Les tirages sont donc limités par les techniques abordées, de 30 à 120 exemplaires.

Collodion François et Claire Poulain
9, place Saint-Martin 36230 Mers-sur-Indre
Tél./fax : 02 54 31 13 23 francois.poulain@ouvaton.org claire.poulain@ouvaton.org
http://editionscollodion.org
Date de création : 1982 / Nombre de titres au catalogue : 71 / Nombre de titres par an : 2

Livres d’artistes à tirage limité et tiré à part du texte. Textes inédits de poésie contemporaine accompagnés d’œuvres originales d’artistes.

Les éditions Collodion, de la bibliophilie contemporaine

Rencontre avec Claire Cuenot-Poulain et François Poulain à Mers-sur-Indre, dans une maison de village qui abrite à la fois leur habitation, leur atelier de typographie et leur maison d’édition. C’est dire que la vie est toute entière liée à ce métier d’éditeur chez ces deux-là.

Claire anime également une association, “Livres en fête“, qui organise tous les ans une fête du livre en lien avec l’auteur accueilli en résidence par la Fol 36. Il s’agit de présenter les travaux menés avec les établissements scolaires, dans le cadre de ces résidences d’auteur qui ont accueilli Alain Crozon, Zaü, Sylvie Durbec, Dominique Falda, Céline Minard, Simon Grangeat et Louis Jourdan depuis 2005.

Mais pour commencer, nous avons voulu présenter cette petite maison et sa ligne éditoriale sans concessions, qui fait la part belle à l’écriture.

Comment définiriez-vous votre maison d’édition ? pourriez-vous nous faire un rapide historique ?

Les éditions Collodion proposent des livres dans lesquels il y a systématiquement un accompagnement réciproque texte-images. À partir d’un texte doté de sa propre existence – de par sa qualité et son caractère inédit-, une ou plusieurs images, élaborées intentionnellement ou sollicitées de par leur contenu, seront présentes dans l’ouvrage. Ces propositions en font la ligne directrice et la cohérence. C’est un terrain de création.La poésie proposée est issue des différents courants contemporains – idem pour la peinture. Nous restons à l’écoute de toute forme d’expression, dès lors que la mise en œuvre est réalisable dans un ouvrage dont la lecture du texte est, in fine, inaltérée et que le côtoiement des images est une proposition de lecture dont nous pensons que le propos offre une altérité.

La maison d’édition a été créée pour accompagner la diffusion de l’Art contemporain, telle que la proposait une galerie associative à Martigues à partir de 1981 sous statut associatif. L’atelier d’impression permettait de réaliser les outils de communication dont la galerie avait besoin. Rapidement, le livre a participé à l’élargissement du public de la galerie, notamment par la présence des poètes permettant lectures et/ou performances.

Comment prenez-vous la décision d’éditer un livre d’artiste ? Est-ce une rencontre littéraire ? artistique ? humaine ?

Nous ne parlons peu ou pas de livres d’artiste car ils sont rarement construits autour d’images refaites à la main dans chaque exemplaire ce qui nous semble l’un des critères de définition du livre d’artiste. Nous nous inscrivons dans une démarche éditoriale, à savoir : le tirage d’un texte (que nous proposons en principe à l’écrivain en tirage ordinaire plus conséquent afin de mieux le diffuser) et d’images multipliées selon les outils disponibles à l’atelier. Cette première édition est le tirage original de l’ouvrage. Il est le résultat de ce «couple à trois» constitué par l’écrivain, le plasticien et l’éditeur. Tous les aspects techniques sont partagés afin que le livre élaboré soit le plus fidèle possible aux attentes de chacun des auteurs et réalisables par les moyens techniques dont nous disposons, ce qui ne veut pas dire que nous nous refusons à confier à quelqu’un d’autre tout ou partie du travail de fabrication mais selon nos exigences techniques ( nous avons sous-traité certains travaux que nous ne pouvions réaliser, pour des questions de format, et les imprimeurs qui les ont réalisés ont accepté notre travail de pré-presse, nos encres et les réglages préconisés).La décision d’éditer un ouvrage découle de la sollicitation d’un, voire de deux des membres de ce couple à trois. Souhaitant que le texte soit un inédit, nous sollicitons souvent l’écrivain en premier, autour d’un plasticien auquel nous avons pensé, pour la possibilité d’un dialogue que nous (p)ressentons dans les travaux respectifs. S’il y a accord de principe, chacun d’eux fait une proposition. Nous examinons quelle construction est envisageable pour rendre compte au mieux des propos réciproques, choix de format, de techniques d’impression, de papier, etc.

Donc, il s’agit, intensément, d’une rencontre littéraire et artistique, qui ne peut aboutir à un livre que parce qu’il y a une aventure humaine. Ce que les rencontres autour des auteurs de nos ouvrages ont pu nous apporter et nous apportent toujours est immense, difficilement imaginable.

Nous sommes engagés dans un processus éditorial économique non subventionné, à l’exception de la diffusion – qui est aussi la partie la plus difficile de ce métier – dont nous tenons à ne pas sortir afin de garantir cette indépendance qui nous permet d’assumer nos partis-pris.

Depuis 1986, vos ouvrages associent un écrivain et un plasticien. Est-ce vous qui créez ces binômes ou est-ce les artistes qui vous proposent de travailler ensemble ?

(Dès notre premier ouvrage, “Florence Grattepanche”, en 1982, nous avons proposé les travaux associés d’un écrivain (ou de plusieurs) et d’un plasticien (plus rarement, de plusieurs).

Notre catalogue comprend environ 65 ouvrages, donc presque 65 binômes puisqu’il doit y avoir 1 ou 2 monographies. Dans la plupart des cas, ils ont été constitués sur notre proposition – à deux exceptions près, nous semble-t-il. Il fut rare que le peintre et l’écrivain ne se connaissent pas du tout, mais ils pouvaient ne s’être jamais rencontrés. Le rapprochement a toujours été construit autour d’un propos que nous tenions à formuler, même s’il peut parfois ne pas être évident, ou s’inscrire dans une autre réalité que sémantique (esthétique et/ou sémiologique).

Vos ouvrages sont tirés entre 30 et 120 exemplaires et vous êtes à la fois des éditeurs et des imprimeurs. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ? Quelles techniques employez-vous ?

Les outils étaient au départ disponibles pour l’impression de la communication de la galerie. Ils ont naturellement été mis à profit par la maison d’édition. Le fait d’avoir constamment la volonté d’être à l’écoute des techniques d’impression disponibles, qui nous semblaient nécessaires à la conduite de nos projets car imposés par la conception du livre, nous a permis de les apprendre rapidement, des plus anciennes comme la typo, la lithographie (que nous ne pratiquons presque jamais à la pierre mais à la plaque photosensible), la gravure ; jusqu’à celles plus contemporaines comme la sérigraphie, la typo par clichés polymères, l’offset et le numérique. Aucun outil n’est écarté au démarrage du projet. Son choix va avoir une influence très importante sur le nombre de tirages, mais c’est un souci qui n’intervient qu’ultérieurement.

C’est la possible exploitation de ces différents outils qui nous aide à contourner cette difficulté. En effet, s’inscrivant dans une démarche éditoriale, nous souhaitons la diffusion la plus large possible notamment du texte, imprimé conventionnellement à environ 300 exemplaires plus largement diffusés. C’est pourquoi nous proposons à l’auteur une édition dans une typographie la plus proche possible de celle de l’ouvrage original, assez souvent sans image, car la reproduction mécanique donne parfois un résultat trop éloigné de ce qui a été fait dans l’ouvrage initial. Il est difficile de résumer en quelques lignes cette dimension du travail, car du choix du papier en passant par celui du format et à bien d’autres aspects, il y a un nombre d’échanges entre chacune des composantes de ce “couple à trois” trop important, donc nous proposons souvent de le faire sous forme de discussion-causerie lors de présentation et/ou exposition des éditions.

Comment se fait la diffusion des livres d’artistes pour les éditions Collodion ?

C’est la part la plus difficile du métier d’éditeur-imprimeur. Elle prend beaucoup de temps. Le premier moyen de diffusion utilisé est les salons du livres, de poésie, de bibliophilie, etc. Nous en faisons 12 à 13 par an, tant en France qu’à l ‘étranger (même si de moins en moins à l’étranger). C’est une organisation lourde et coûteuse que nous ne pourrions pas assumer sur les rentrées financières des éditions. Nous sommes aidés par la Région Centre-Val de Loire pour les 2 ou 3 déplacements les plus coûteux de l’année, qui ne sont pas forcément les plus loin mais ceux dont les coûts de location du stand peuvent mettre en péril notre équilibre financier. Nous y rencontrons un public d’amateurs intéressés qui s’associent à notre démarche de proposition de livres originaux ou qui apprécient l’accompagnement du texte poétique par l’image, bien qu’il ne s’agisse peu ou pas de collectionneurs. Si des gens ont acquis plusieurs de nos ouvrages, nous avons plus l’impression de nous adresser à des « amoureux » de beaux livres, de beaux textes et de belles images plutôt qu’à des bibliophiles constituant une collection autour de tel ou tel écrivains, peintres ou éditeurs.

Nous diffusons nos ouvrages auprès des institutions traditionnelles du livre, bibliothèques, médiathèques et musées. C’est également balbutiant, mais loin d’être inexistant, par Internet. Nous avons un site internet (c’est notre deuxième) qui fait l’objet d’une communication par tous les documents écrits que nous distribuons et un référencement le rendant facilement trouvable. Ce deuxième site appuyé sur un logiciel de mise en ligne de collections de type muséal permet une recherche par noms d’auteurs et plasticiens qui apparaissent dans une police d’autant plus grosse qu’ils ont participé à plusieurs ouvrages sous l’un ou l’autre des statuts.

La page affichée est plastiquement mise en œuvre par la frange du papier dominant dans nos éditions, celle du Arches et du Rives mais aussi par la sensualité du toucher du papier que suggère l’expression : “un papier a de la main”. La recherche se fait selon plusieurs critères, libre par le choix d’un auteur ou d’un plasticien, assistée par des menus déroulants de listes des mêmes auteurs ou plasticiens, par thème avec les différentes techniques mises ne œuvre dans les ouvrages enfin selon des méthodes plus intuitives, nuage de mots ou hasard.

Ce site est un outil de contact et de commande. Les statistiques de fréquentation sont intéressantes, avec plus de 5 000 visites annuelles et 12 500 pages vues. La maintenance de ce site représente une charge de travail importante, que nous peinons à assumer. Mais cela reste un outil incontournable pour la diffusion des informations concernant l’édition.

Une profession doit ici, également, être citée, celle des libraires. Malheureusement, nous sommes obligés de reconnaître qu’avec ceux-ci les rapports sont souvent difficiles : les responsabilités sont certainement partagées, mais combien de fois n’avons-nous pas pu récupérer nos ouvrages, ou parfois en très mauvais état ; d’autres fois, il est impossible de se les faire payer car ils ne sont pas référençables en l’absence de code-barre, de prix mentionné, de tranche imprimée, etc. Donc nous prêtons quelques ouvrages lors des lectures des poètes ou d’expositions des peintres que nous éditons  en nous rendant si possible sur place afin de suivre nos ouvrages. Il existe toutefois quelques librairies-galeries qui font ce travail avec un suivi remarquable, comme par exemple à Lille.

Tout cela peut paraître porter plus de contraintes que d’avantages, ce à quoi il faut ajouter que nous ne tirons pour les deux personnes qui assurent l’essentiel de ce travail aucun revenu de cette activité, l’un de nos soucis étant d’atteindre si possible le juste équilibre entre les achats nécessaires pour réaliser les livres et les recettes de leurs ventes. Demeure notre passion pour cet ouvrage et un immense bonheur dans les rencontres faites autour et à partir de ce travail.

L’Atelier d’images
Patrice Goré

Le livre est un lieu où un auteur sème l’affirmation de son univers, y traduit son cinéma en mots, s’y condense… ou s’y étale.

L’Atelier d’Images est le reflet d’un artiste-peintre-graveur, …faire des livres pour le plaisir de voir couler avec limpidité des textes et des images.

L’Atelier d’Images Patrice Goré
3 rue du Bois-Vert Espéreuse 41160 Rahart
Tél. 02 54 80 69 46 patrice.gore@sfr.fr
http://patricegore.fr/
Date de création : 1978 / Nombre de titres au catalogue : 29 / Nombre de titres par an : 2

L’Atelier de la Dolve
Geneviève Besse

Geneviève Besse nous propose ses interversions et nous mène à la rencontre de plusieurs moments constructifs et destructifs, dans un déploiement formel inattendu. Pour comprendre le projet de Geneviève Besse, il faut se rappeler le long chemin parcouru avec les poètes et la soixantaine de livres d’artiste conçus et réalisés depuis vingt ans. Or, nous confie-t-elle, je crois que le livre d’artiste comprenant un texte d’un poète accompagné de mes peintures s’il s’arrête là est abandonné dans son trajet.
Geneviève Besse désire que l’on puisse embrasser toutes les pages d’un ouvrage d’un même regard, retrouver ainsi la vision d’un même texte divisé en différents morceaux. Le livre, petit miracle d’ergonomie qui tient dans la main et qui assure au lecteur la possibilité de se retirer dans le silence et la solitude est interverti, métamorphosé en passant à une dimension monumentale. Sur papier libre, pur chiffon, grand format, le même texte dans une mise en page différente est recomposé avec d’autres couleurs. Le face à face, avec l’œuvre ouverte accorde d’autres sens au poème. Les regards plus nombreux peuvent ensemble converger vers une installation qui vise une totalité.
Reconstruire un “LIVRE” pour retenir les MOTS et CHANGER LES COULEURS. Catherine Plassart
[extrait de : Au péril de la peinture]

Atelier de la Dolve Geneviève Besse
152, rue Victor Hugo 37000 Tours
Tél. 02 47 37 68 31 genevieve.besse@wanadoo.fr
http://www.genevievebesse.com/
Date de création : 1994 / Nombre de titres au catalogue : 63

Les livres sont muets
François Righi

“François Righi : une mimétique de la réception créatrice.

Les livres de François Righi sont faits de livres, sont l’incarnation sensible, plastique, d’une lecture. Ils sont sa trace vive, l’écho d’une jubilation saisi par la matière du livre et l’aveu aussi de l’insu de cette jubilation qu’il ne peut suffire de dire, ni même d’écrire, à laquelle il faut plus et autre que les mots pour se traduire, se laisser appréhender.

Ces livres sont le fruit d’un effort vers l’insaisissable qui fait naître l’émotion et le trouble, qui provoque le mouvement vers le livre parce qu’il faut, pour ne pas tout à fait les perdre, les inscrire dans la matière, celle d’un autre livre, comme pour en prendre la mesure, s’assurer de leur réalité en la livrant au monde, à la chair et au soleil du monde, aux regards.
Nul étonnement alors à ce que le miroir, ses jeux, habitent de mille manières ces livres-là.

Les livres sont notre commun partage, mais qui peut dire pourtant ce que les autres ont lu ? Un peu de ce mystère affleure dans ces livres. L’aveu d’une émotion si singulière ne saurait être trop obvie, sauf à la trahir. Ce qui est offert n’est pas pour autant donné. Les pages qu’il faudra tourner sont autant de voiles qu’il faudra lever.”
[Marie-Jeanne Boistard, conservateur à la bibliothèque de Blois]

Les livres sont muets François Righi
Les Michauts 18380 Ivoy-le-Pré
Tél. 02 48 58 91 19 françois.righi@wanadoo.fr
Les livres sont muets

Nombre de titres au catalogue : 53 / Nombre de titres par an : 0 à 3

Heures dispersées

Heures dispersées, Marie Grégoire, François Righi. – Ivoy-le-Pré : Les livres sont muets, 2014.

In-folio (26 cm x 24,5 cm) de 16 feuillets doubles dont 2 blancs, reliure à la chinoise, couverture muette, jaquette et chemise imprimées. Étui marouflé de papier du Japon bleu nuit à ramages moirés.

19 dessins et calligraphies de François Righi, imprimés en lithographie par Michael Woolworth à Paris, et 3 gravures en taille d’épargne imprimées par l’artiste. Les textes sont composés en Antique Olive de corps 6 et 9, et tirés par Émile Moreau à Henrichemont. Édition originale conçue par François Righi, limitée à 31 exemplaires (dont 3 hors commerce) sur papier du Japon Minota, tous numérotés et signés par l’auteur et l’artiste.

Les exemplaires de tête (1/28-3/28), sous coffret, accompagnés d’un cuivre gravé, sont épuisés.

L’exemplaire marqué HC3 est réservé à la Réserve des livres rares de la BnF.

« Ce livre est le cinquante-deuxième titre du catalogue de François Righi. Il est conçu dans la continuité de l’une des inflexions principales de son travail de création, qui tente d’inscrire l’un dans l’autre l’espace d’un lieu et celui d’un livre. La « matière travaillée du corps de ce livre » se trouve à Bourges, à l’hôtel Lallemant. Le plafond à caissons, alternant emblèmes et putti, qui coiffe l’oratoire de cette demeure de la Renaissance, constitue la référence iconographique des dessins. Ceux des cernes du temps suivent les quatorze caissons décorés de putti. Le frontispice rappelle les seize caissons emblématiques qui firent l’objet du livre Le miroir volatil, de Robert Marteau, gravé, imprimé et publié par François Righi en 2004. 

Les textes de Marie Grégoire placés au début et à la fin du livre forment un diptyque. Le premier, en ouverture, introduit au lieu à parcourir. Il suggère son ancrage historique, architectural et symbolique, où une allusion aux jeux d’enfants d’un autre temps n’a rien d’anodin. Le second clôt le livre, en est le chant profond. La voix d’un auteur s’adresse à son inaccessible lecteur, dans une proximité paradoxale. Deux temporalités progressent en parallèle : écrire, lire. Les images du livre construisent des parcours en miroir. Le texte leur fait écho dans son propre registre. Dans tous les cas il est question de cheminement, de traversée, d’un devenir qui transforme au fil du temps, des pages, des mots. »

Marie-Jeanne Boistard, conservateur

Le silence qui roule
Marie Alloy

Servir la poésie vivante en la faisant dialoguer avec des créations graphiques et picturales au cœœur d’ouvrages originaux de bibliophilie.

Les livres d’artiste de Marie Alloy sont tous accompagnés de nombreuses gravures originales (plus rarement d’aquarelles) créées et tirées par elle-même sur sa presse taille-douce. Ses créations accompagnent des poèmes inédits d’auteurs contemporains dans une architecture du livre et un choix de mise en page et de typographie uniques pour chaque ouvrage.
Les tirages sont limités entre 15 et 30 exemplaires signés par les auteurs et l’artiste.

De quel livre est-il véritablement question dans mon travail d’artiste-éditeur ?

« Cette interrogation vise non seulement sa ou ses dénominations mais principalement l’orientation générale de mes livres, le sens de ce que j’y cherche et y trouve. Je voudrai tenter d’apporter ici quelques réponses les plus justes possible.

Je réalise des livres d’artiste depuis 20 ans exactement et ma pratique, au fond, n’a guère changé. Si mon expérience a pu m’aider à progresser d’un point de vue technique, (papiers, typographie, techniques diverses d’impression, architecture du livre, mise en page, format…), elle reste, malgré cela, tâtonnante comme au premier jour.

La plupart du temps, le poème est premier, il est l’élément initial et moteur, celui qui appelle le travail du peintre ou du graveur pour qu’ensemble, poème et estampes se répondent.

Tous les poèmes n’ont pas cette nécessité. Beaucoup de poèmes se satisfont de vivre dans l’édition d’un tirage courant. Le livre d’artiste dans ce cas, ne répond pas à une nécessité mais plutôt à un plaisir ou à l’occasion d’une sorte de plus-value, de faire-valoir. Il est du côté de l’aventure du livre de création, et moins service du poème lui-même.

Mais, comme le rappelle si justement Jean Pierre Vidal, il y a des poèmes qui sont seuls, (sans être en exil), ils ont leur pleine nécessité en eux-mêmes et ne sont pas faits pour regagner un ensemble. A ceux-là le livre d’artiste peut apporter l’occasion d’une toute autre présence au monde, en les amplifiant, voire les valorisant, par leur dialogue avec « le visuel ». Chaque moment du poème voit ses forces décuplées dans un tel lieu, ou même parfois y puise un sens différent, prenant corps et racine dans l’œuvre devenue en quelque sorte sa complémentaire, voire lui devenant indispensable.

C’est ce déploiement du poème, cette alchimie particulière de la rencontre entre peinture (ou gravure) et poésie, qui donnent au livre d’artiste ses lettres de noblesse et le justifient aux yeux du monde. La justesse de cette rencontre est rare mais le plus souvent, elle provient d’une correspondance profonde, d’abord humaine, entre l’artiste et le poète. »
[Marie Alloy]

Éditions Le Silence qui roule Marie Alloy
37, route de Saint-Cyr 45650 Saint-Jean-le-Blanc
Tél. 02 38 88 96 67 marie.alloy@orange.fr
http://www.lesilencequiroule.com

Date de création : 1993 / Nombre de titres au catalogue : 30 / Nombre de titres par an : 1 à 3

Le livre d’artiste dans les mains de Marie Alloy

Nous avons posé quelques questions à Marie Alloy, des éditions Le silence qui roule, dans le cadre du dossier thématique « Bibliophilie contemporaine et/ou livres d’artiste » où quelques extraits ont été sélectionnés. Nous publions ici l’intégralité de cet entretien.

> Pour vous que désigne le terme de bibliophilie contemporaine ? Est-il synonyme de livre d’artiste ? Ce terme convient-il à votre activité ?

Non, à mon sens, ces deux dénominations ne sont pas synonymes même si elles se recoupent, comme c’est le cas dans mon travail.

Bibliophilie
Le terme de bibliophilie contemporaine fait référence à une tradition du “beau livre”, développée principalement dès la 1ère moitié du XXe siècle grâce à l’initiative d’éditeurs qui ont su orchestrer magistralement dans des ouvrages d’exception la rencontre entre des poètes et des peintres. Bien avant eux, on parlait plutôt de livre illustré, (par exemple pour Manet et Mallarmé et bien d’autres). Ces ouvrages de bibliophilie, à tirage limité, étaient imprimés en typographie au plomb par des imprimeurs chevronnés (atelier Mourlot par exemple) et accompagnés d’oeuvres originales d’artistes de renom, créées en lithographie ou à l’eau-forte ou toute autre technique (imprimées par ex. chez Lacourière et Frélaut) sur des papiers pur chiffon et signées à la main par l’artiste et le poète.

Ainsi l’éditeur Albert Skira (avec Picasso, Dali, Derain, Matisse, Masson et des auteurs comme Ovide, Virgile, Rabelais, Ronsard, Mallarmé, Malraux…), les éditions d’Aimé Maeght, (avec Kafka /Atlan, Tzara / Miro, Bonnefoy / Ubac, Reverdy / Braque, Calder / Prévert…), les éditions d’Iliazd, (André Frénaud, André du Bouchet, avec Giacometti, Max Ernst, Picasso…), les éditions de Tériade, (Théocrite, Gogol, Charles d’Orléans, Shakespeare, Jarry, La Fontaine et Chagall, Miro, Léger, Matisse…), les éditions de Pierre Lecuire (avec Nicolas de Staël, Lanskoy…), les éditions Louis Broder (Claudel, René Char, Crevel, Desnos, Apollinaire, Braque, Léger, Picasso, Arp…), ou encore Pierre André Benoit – la liste est longue et impressionnante et se poursuit de nos jours !

Sans prétendre faire ici un historique exhaustif, il est important de remettre dans son contexte l’apparition de ce double moyen de mise en valeur mutuelle de l’oeuvre de peintres et de poètes. Cependant ces ouvrages de bibliophilie de haute qualité n’auraient pas pu être réalisés uniquement par les artistes eux-mêmes. Ils ont pu être édités grâce à l’aide financière de marchands de tableaux et diverses entreprises de mécénat. Aujourd’hui, ce sont des sociétés bibliophiliques et des associations qui poursuivent cette tradition en récoltant les fonds de leurs membres et mécènes collectionneurs, tout en sollicitant la collaboration d’artistes et poètes pour créer des éditions dont la rareté et la qualité seront les garants de leur valeur esthétique autant que marchande.

Mon travail artistique, aux éditions Le Silence qui roule, ne se situe aucunement dans ce dernier contexte car je n’ai pas fondé de structure associative, et je suis seule responsable de mon projet éditorial. Il est cependant assimilable à la bibliophilie contemporaine par mon souci de créer des livres de grande qualité. Il reste qu’il est nécessaire de prendre conscience de l’évolution de cette notion qui s’est progressivement diversifiée depuis la seconde moitié du XXème siècle jusqu’à nos jours jusqu’à prendre des formes et objectifs multiples pour des publics très différents.

Livre d’artiste 
J’entends par “livre d’artiste”, un travail de création du livre lui-même en tant qu’objet poétique, intégrant dans sa conception l’œuvre graphique ou plastique d’un artiste (ou parfois plusieurs), celui-ci pouvant être à la fois l’architecte du livre et l’auteur des oeuvres visuelles (de toutes techniques) qui l’animent. C’est une notion beaucoup plus libre et plus souple que celle de bibliophilie contemporaine qui n’implique d’ailleurs pas nécessairement la présence de la poésie écrite. Ce peut être simplement le livre d’un artiste (avec ses écrits, photos, notes, sur des papiers ordinaires… etc.) comme on le voit dans les collections de livres d’artistes (conceptuels par ex.) qui sont de plus en plus recherchées à l’heure du tout numérique et du brouillage des repères artistiques. Il n’y a aucune norme pour définir le livre d’artiste, puisque c’est sa singularité même qui retient l’attention et lui donne sens, par son engagement dans les courants artistiques de référence ou, au contraire, par sa marginalité.

Mon travail tient donc à la fois du livre de bibliophilie et du livre d’artiste.
En effet ma recherche d’artiste peintre-graveur a besoin du rapport à l’autre pour développer son expression et le livre permet cette ouverture, ce renouvellement, en se mettant à l’écoute de la poésie et en la servant. Je cherche des correspondances, des échos, des rythmes, des images allusives, pour qu’un dialogue vivant et authentique s’instaure entre les estampes et le poème. De plus les livres que je crée et réalise emploient la plupart du temps les moyens traditionnels d’impression (typographie au plomb par un professionnel, Jean-Jacques Sergent, puis Vincent Auger), mise en page relativement classique, employant des papiers pur chiffon, et toute une mise en oeuvre matérielle et artisanale pour déployer le poème et l’estampe au meilleur d’eux-mêmes, pour les magnifier en quelque sorte et leur apporter de nouvelles dimensions interprétatives par cette unique création à deux voix.
Du fait que, jusqu’à présent, je suis la seule artiste peintre-graveur de ma maison d’édition, je réalise donc des livres d’artiste au sens de livres d’un même artiste accompagnant un poète. Mon souci n’est jamais de faire un ouvrage luxueux, mais de trouver, dans un ensemble harmonieux, une justesse poétique qui permette de rassembler le temps de la lecture et celui du regard, “d’entrer en connivence” dirait Pierre Dhainaut. Enfin je m’occupe entièrement du tirage des gravures et du montage du livre. Je suis donc également l’artisan du livre.

Rendre une visibilité à la poésie, mêler les territoires de la poésie et de l’art, entrecroiser les voix et les regards, les proposer au public, témoigner par ce partage amical d’une reconnaissance et d’une compréhension mutuelle, voilà ce que la poésie et la création artistique peuvent atteindre, non pour satisfaire un désir d’hommage mutuel mais pour toucher quelque chose de vraiment profond, comme un point de rencontre essentiel entre deux personnalités différentes. Cette manière de donner la réplique au poème n’est pas nécessairement l’épouser, ce peut être aussi se confronter, créer une tension qui permettra le questionnement et la remise en question. Miro disait “C’est en allant le plus loin possible
dans sa propre affirmation et sa propre écriture que l’artiste a une chance de rencontrer l’autre, l’écrivain venu d’ailleurs, d’ouvrir l’unité d’un espace à leur échange et leur accord”.
Ainsi le livre d’artiste de bibliophilie contemporaine (pour rassembler les deux notions) est-il, à mon sens, un espace de partage qui éveille l’esprit de curiosité, évite le repli sur soi. Il est, en fait, une manière poétique d’être présent au monde.

> Comment choisissez-vous les auteurs de votre catalogue ?

Je suis, depuis très longtemps, lectrice de poésie, (et pas seulement contemporaine ni française bien sûr). Lorsque j’ai créé mes éditions, j’ai cherché à entrer en contact avec des poètes très différents, ne serait-ce que pour forger ma pratique du livre et de l’estampe. J’ai vite compris qu’il n’était pas pensable de brasser l’ensemble du paysage poétique actuel et que certaines orientations ne me correspondaient pas du tout. Imaginer des gravures en écho à certains poèmes m’est parfois impossible, même si l’oeuvre poétique est forte. Aussi je travaille là où je sens une affinité possible avec mon travail d’artiste, peintre et graveur.

Lorsqu’une oeuvre m’interpelle, j’écris à l’auteur via son éditeur. Il s’en suit souvent un échange de courrier qui va permettre une connaissance mutuelle et la possibilité d’un travail en commun. Je vais également chaque année au marché de la poésie à Paris où il y a beaucoup d’opportunités de rencontres, à des lectures en librairie ou médiathèques. Parfois des poètes me contactent et m’envoient des manuscrits mais la plupart du temps je préfère rester dans le fil de mes propres intuitions.
Il est difficile de définir l’orientation de mes choix poétiques car ils évoluent et se sont transformés au fil des années, rien n’est figé, et cette remarque concerne tout autant l’écriture des poètes. J’aime que le livre offre aussi une possibilité de questionnement mutuel, qu’il ne soit en tous cas jamais illustration. Je vais plutôt vers une poésie secrète, resserrée sur l’essentiel, qui traduit l’expérience humaine dans son intimité, ses joies comme ses souffrances, mais aussi par le regard qu’elle porte sur le monde et la nature qui l’entoure. J’ai besoin qu’un poème donne à voir et à penser, sans artifices, au plus près d’une parole de vérité, et qu’il tâtonne, se cherche dans une dimension à la fois personnelle et universelle.

Je suis éditeur car je contribue à porter au jour la première version d’un poème, inédit jusque-là et lui donne une existence tangible, une présence au monde, je le valide en quelque sorte. D’où l’importance d’avoir une grande exigence dans la lecture des manuscrits que je reçois et, sans les juger, de défendre les choix que je suis amenée à faire en fonction de ma sensibilité. Certains auteurs ne sont pas nécessairement très reconnus, mais la plupart ont déjà un parcours personnel significatif.

La plupart du temps les rencontres dans le livre se font sans programmation rigide; le travail s’enclenche à son rythme, parfois assez vite ou au contraire peut mettre plusieurs années avant de trouver sa forme. C’est aussi une manière de résister par la lenteur et la réflexion à la tentation de produire plus et plus vite qui nous menace tous, même dans une toute petite structure. Toujours chercher la qualité, la justesse et non la quantité. Il peut m’arriver de ne faire qu’un livre par an. Il est important pour un artiste de préserver sa liberté, d’écouter ses propres rythmes, pour que continuent de se féconder, désirs, imaginaire et imprévisible. Comprendre que l’écriture poétique n’est pas une réponse, qu’elle vient souvent pour creuser ce qui reste enfoui au plus obscur de chacun. Quand elle parvient à saisir, en un bref instant, une sensation fugace, un souvenir dans sa fragilité la plus intime, elle donne à partager une solitude, un tremblement des certitudes. Les gravures que je crée cherchent à accueillir cette fragilité, à la relier au monde et à la nature, et apporter peut-être une autre lumière.

Il m’est important aussi de suivre un auteur et de créer de nouveaux livres d’artiste quelques années plus tard avec lui (voir photos ci-dessus) car la connaissance intime donnée par cette recherche commune dans le livre permet d’approfondir la relation dans le livre et de rebondir sur de nouvelles possibilités de résonances. Ainsi par exemple, avec Guillevic, Pierre Dhainaut, Jean Pierre Vidal, Antoine Emaz…

Projets :

Pour l’avenir j’envisage de différencier les livres que je crée, comme pour des collections, cela pour donner plus de lisibilité à mon travail d’artiste du livre.
Il y a (et il y aura bientôt) aux éditions Le Silence qui roule:

  • livre de bibliophilie et poésie contemporaine, (dominante des éditions)avec peintures et/ou estampes de ma création, et tous les critères classiques : beau papier, typo au plomb, estampes originales, tirage limité à 30 exemplaires numérotés et signés, formats particuliers, reliure éventuelle, mise en page respectant la lisibilité du poème…
  • les Cahiers du Silence : version numérique et économique, de petit format, permettant la diffusion du poème avec une ou deux reproductions de gravures et un tirage de tête. Actuellement 5 numéros parus.
  • livre de bibliophilie et poésie d’auteurs du passé – et toujours peintures et/ou estampes de Marie Alloy; mêmes critères classiques de réalisation.
  • livre d’artiste personnel : poème et estampe ou peinture de ma création (texte peut être manuscrit). Plus grande liberté de conception. Coût plus économique. Nombre de tirages beaucoup plus limité.
  • livre d’estampes : livre d’artiste sans texte ou juste un en présentation, selon l’ancienne tradition des graveurs.
  • Les duos du Silence”, le livre duos d’artistes: livre d’artiste confrontant et unissant les créations de deux artistes contemporains (dont moi-même), autour d’un poème d’un auteur vivant ou passé.
> Comment s’organise la diffusion et la vente de vos livres ? Quels salons privilégiez-vous ? Qui sont les acheteurs de vos ouvrages ?

La dernière étape concernant la diffusion, la communication, les rencontres, expositions et lectures qui vont permettre de faire connaître l’ouvrage, le donner à voir et à entendre, lui donner vie, est essentielle.
Je présente mes livres sur des salons de poésie ou de livres d’artiste, le plus incontournable pour la bibliophilie contemporaine étant le Salon annuel Pages à Paris en fin d’année.

Pendant une quinzaine d’année, les bibliothèques et médiathèques des régions où vivent les poètes et surtout la Région Centre-Val de Loire ont fait des acquisitions régulièrement, dont la ville d’Orléans qui a bien soutenu et honoré mon travail d’artiste du livre et le conserve dans ses collections du patrimoine. Mais depuis quelques années, les budgets de la culture ayant été sérieusement rabotés, les bibliothèques, à quelques rares exceptions près, ne peuvent plus faire ces acquisitions régulièrement. Elles le font parfois dans le cadre d’une exposition collective à visée pédagogique comme à Chamerolles par exemple l’année dernière avec la Bibliothèque départementale du Loiret.

Restent les amateurs passionnés de gravure et de poésie, les collectionneurs, qui achètent mes livres sur les salons spécialisés et suivent mon travail avec fidélité et enthousiasme. J’ai également une clientèle parmi les relieurs professionnels.
J’ai aussi longtemps déposé dans des librairies-galeries spécialisées mes livres d’artiste. Celles-ci ont fermé pour certaines et il est difficile de trouver actuellement de nouveaux lieux et partenaires éclairés dans le domaine du livre et de l’estampe mais aussi de la poésie contemporaine, du moins en France. Reste à inventer de nouvelles possibilités de montrer.

J’expose maintenant, depuis un an, mes livres d’artiste, parmi gravures et peintures, dans un lieu privé où j’organise des lectures-rencontres sur Orléans. Cela fait connaître les poèmes et les gravures du livre, cela permet l’échange et le dialogue : Cabinet des estampes de La Lionne, 17 rue de la Lionne, Orléans (visite sur rendez-vous : 0678460400).

[Marie Alloy, St Jean-le-Blanc, 8 mai 2015]

Éditions Le Silence qui roule
Marie Alloy
37, route de Saint-Cyr
45650 Saint-Jean-le-Blanc
Tél. 02 38 88 96 67
marie.alloy@orange.fr
http://www.lesilencequiroule.com

Date de création : 1993
Nombre de titres au catalogue : 30
Nombre de titres par an : 1 à 3