Depuis très longtemps le fantasme de « La Borne » m’a fait rêver.
Ce mirage d’un endroit mythique où potiers et artistes se retrouvent dans l’ombre des grands chênes et des cheminées crachant la fumée noire des cuissons au bois.
Cet endroit où la terre est lourde et sombre, où chacun travaille dur sous un ciel rempli d’eau.
Je me suis beaucoup projeté dans cet endroit empli de calme, de solitude et de concentration, habité par ces artistes, maîtres de leur métier et de leur art.
Cela semblait si idyllique, en contraste avec le rythme fou et effréné des capitales de l’art.
Quand l’opportunité s’est présentée de venir passer du temps sur place, je me suis lancé et j’ai entamé un dialogue avec le lieu, avec les gens et surtout avec deux céramistes locaux ;
Hervé Rousseau, dont j’aime la force tranquille de ces formes, la brutalité de ces gestes et la beauté de ses cuissons et Lucien Petit, d’ont j’admire le questionnement permanent et la richesse des surfaces de ses objets.
Nous avons alors commencé à échanger et à explorer les possibilités de produire un travail spécifique à La Borne.
Après plusieurs repérages, j’ai commencé à travailler sur place dans les conditions primitives d’un petit atelier.
Un ensemble de sculptures dont les formes se sont imprégnées du lieu, sont arrivées dans la foulée.
Je suis parti de maquettes avec leurs formes géométriques, et de nouveaux types de socles sont arrivés naturellement. Ils permettent de montrer mes nouvelles sculptures anthropomorphes de façon unique en multipliant les différents angles de vues.
Des souvenirs de mes performances de 1986/87 « Kunstkamer » se sont mélangés à mes nouveaux objets figuratifs dans la lignée des « Vagues pour Palissy » et le tout a trouvé un nouveau souffle sous l’expérimentation de La Borne.
Quelques « Odore di Femmina » dans la série des sculptures qui m’ont rendu célèbre, attendent impatiemment la cuisson au bois et l’émaillage à la cendre, qui vont, je l’espère, donner un caractère unique et si typique de « La Borne » à mes sculptures.
Les premières pièces qui sont sorties des cuissons chez Hervé Rousseau et Lucien Petit sont très encourageantes avec leurs croûtes d’émaux à la cendre qui portent encore les stigmates de leur passage dans les flammes.
Pour l’exposition à La Borne j’espère terminer un ensemble d’une dizaine d’œuvres avec Hervé et Lucien.
Comme je ne suis pas sûr que notre aventure va aboutir j’ai proposé de mettre nos résultats en dialogue avec sept céramiques historiques Japonaises de ma collection, produites dans quelques grands fours traditionnels comme celui de Tokoname et de Shigaraki.
Cette confrontation me semble riche de perspectives possibles.
Histoire à suivre.
Informations pratiques
Ouverture tous les jours de 11h à 18h.
Vernissage précédé d’une conférence à 17h :
« Grés du Japon, fonctions et esthétiques »
Conférence de Christine Shimizu, conservateur honoraire du patrimoine, suivie d’une discussion.