SETSUKO NAGASAWA
… POUR QUE QUELQUE CHOSE DE PLUS LEGER SE REPANDE DANS L’ESPACE …
On pourrait dire de l’œuvre de Setsuko Nagasawa qu’elle tend vers une matérialité pure, qu’elle descend jusqu’à la limite de sa signification et que cette concentration est portée par le choix de la forme de la matière à travers une géométrie et la statique de l’horizontalité.
Cette première approche par laquelle les objets sembleraient se livrer sans mystère, dans la volonté d’une lecture directe, ne correspond pas à ce qu’il faut attendre de cette démarche. Car les objets ne sont rien en soi, même si l’on peut y trouver la beauté des choses achevées. Ils sont des lieux de rayonnement, leurs formes tendent à disparaître à travers une fonction qu’une lecture attentive nous laisse pressentir.
Attendre ainsi cette sorte de plancher au-delà duquel semble impossible d’aller est la condition pour un « aller ailleurs ». Et c’est à partir de là que se manifestent les scènes d’une présence active, afin que ce corps dépouillé soit le signe de son épanouissement, comme si le but est de faire oublier par l’accomplissement de son expansion, pour que quelque chose de plus léger, de plus impalpable se répande dans l’espace.
A peine quelques interventions sensibles dans la facture de l’objet : soudures incertaines, pressions légères jusqu’à la rupture, brillances délicates, tonalité retenue, et déjà l’espace reçoit comme un parfum, comme une sonorité, et les lui renvoie pour le signifier. C’est un grand privilège d’avoir pu ressentir à travers un médium précis ce point zéro ; d’en avoir trouvé la forme par un geste proche des moyens mis en œuvre, pour ensuite porter ailleurs, dans un accord plus universel, ce qui ne pouvait pas rester prisonnier de soi-même. Il fallait violenter avec douceur et sensibilité cette apparente définition formelle, pour qu’elle remplisse sa vocation spatiale et poétique, sans pour autant la corrompre par la moindre tendance anecdotique. Et c’est ainsi que Setsuko Nagasawa, telle une barque lancée sur un plan d’eau, laisse derrière elle le rayonnement de sa mouvance.
Philippe Lambercy
Ouverture tous les jours de 11h à 19h.
Exposition du 29 avril au 6 juin 2017.
Vernissage le samedi 29 avril de 18h à 21h.
Rencontre à 17 h avec Setsuko Nagasawa.