Le jeudi 16 mars 2017
Conférence de Karima Boudou à 17h – à l’amphithéâtre de l’Ensa
Vernissage de l’Ile aux Mythes à 18h – à La Box
L’île aux Mythes – troisième volet d’exposition de la proposition curatoriale de Nicolas de Ribou, Souvenir de Mwene Mutapa – Cartographie exotique d’une collection – regroupe les œuvres de huit artistes issus de la Collection Famille Servais (Bruxelles). Ils évoquent leurs histoires personnelles, mêlent croyances, origines culturelles et monde contemporain, en faisant souvent appel à des techniques traditionnelles et des récits ancestraux pour donner corps à leurs œuvres.
L’artiste Khadim Ali, né au Pakistan dans une famille de réfugiés afghans, s’inspire du livre des rois (Shâh Nâmeh), un poème épique composé entre 977 et 1010 par le poète persan Firdauci qui raconte l’histoire mythique de la Perse précédent la conquête islamique du VIIe siècle. L’artiste s’inspire de ses souvenirs d’enfance, de son grand-père lui racontant ces histoires, et utilise la technique neem rang suivant le style de la peinture miniature qu’il maîtrise parfaitement pour créer de grandes tapisseries de style traditionnel dont le sujet fait appel aux héros et légendes de ce panthéon séculaire.
Les perruques énigmatiques de l’artiste béninois Meschac Gaba sont nées de son projet de Musée de l’art et de la vie active (Mava). Ces coiffures réalisées en tresses africaines invoquaient au début des personnalités reconnues pour leur contribution aussi bien politique, scientifique que culturelle. Cette série s’est par la suite déclinée en représentation de gratte-ciel, de monuments et de voitures dont l’exemplaire présenté ici est une New Beetle (Coccinelle Volkswagen). L’ensemble illustre le conflit immémorial entre les anciens et les modernes, et oppose la tradition aux aspirations d’une société devenue consumériste.
Originaire de l’état de Maranhao, l’artiste brésilien Thiago Martins de Melodéveloppe une pratique picturale obsessionnelle, peignant les rêves précis de sa femme, des rêves prolifiques, politiquement très engagés et intensément narratifs. Associant des personnages historiques, des populations culturellement diverses et des entités spirituelles, paysannes, mythiques, indigènes et africaines du Brésil, il créé un champs de bataille sur la toile qui véhicule leur lutte et leur histoire mettant en scène le revers subi par ces communautés.
La pratique artistique pluridisciplinaire de l’artiste nigérienne Otobong Nkangaest définie par sa capacité à s’imprégner de l’accumulation de traces humaines et naturelles laissées dans les objets et les paysages. Avec un regard scientifique, elle observe objets et environnements qui déclenchent la mémoire, la pensée ou l’émotion. L’artiste s’abreuve de larges contextes historiques ainsi que des réalités actuelles en engageant un éventail très ouvert de la production du savoir : de la théorie politique à la philosophie, de la sociologie aux sciences naturelles.
L’artiste coréenne Yoon Ji Seon commence chaque œuvre en photographiant son visage dans une expression exagérée. Elle coud ensuite cette impression avec plusieurs couches de fils colorés, laissant seuls les yeux apparaître à travers les mailles, lui donnant l’aspect d’un masque traditionnel. Elle brouille les distinctions entre photographie, sculpture, peinture et artisanat, et entrelace le mode numérique pris par la photographie et l’émotion analogue ressentie par la couture. Rag Face évoque le statut de la femme dans la culture coréenne et la popularité croissante de la chirurgie esthétique parmi ses jeunes.
L’œuvre de l’artiste indien Shine Shivan interroge les constructions sociales et met en lumière le spectre sans fin des différences entre les sexes, les perceptions de la beauté, les interrelations personnelles et les désirs dans un va-et-vient permanent entre mythologie indienne et réalités contemporaines. La sculpture Flesh with the crowd surgit telle une divinité issue d’un pays imaginaire, tandis que le dessin Khoon Saja Lothda représente une foule de personnages mortifères à l’érotisme brutal.
Les œuvres tissées à la main de l’artiste thaïlandais Santi Wangchuen s’inspirent des traditions de sa famille et intègre la religion, les histoires, l’équipement et les outils de sa ville natale. Né dans une famille de tisserands traditionnels, il a acquis ces compétences dès son plus jeune âge auprès de sa grand-mère, et grâce à ses sculptures, il perpétue un savoir-faire et conserve une technique artistique sur le point de disparaitre à mesure que les communautés provinciales sont confrontées à une urbanisation rapide. L’artiste tisse ensemble des objets liés à des souvenirs intimes et des effets personnels qui appartenaient aux membres de sa famille.
Dans l’œuvre de l’artiste indonésien Entang Wiharso, ses expériences personnelles sont combinées à une analyse approfondie des conditions socio-politiques de son pays, le langage utilisé est composé de symboles et de personnages qui évoquent l’histoire et la mythologie en particulier de l’île de Java. Son travail présente des profils ambigus, semblables aux formes des géants des mythes de Java, et les associe à des éléments actuels. Sa sculpture murale en aluminium moulé Too Close marie une sensibilité pour la bande dessinée avec des récits moraux sur l’engouement, l’intolérance, la rétribution et l’amour.