L’île aux Lignes
Souvenir de Mwene Mutapa – Cartographie exotique d’une collection
Proposition de Nicolas de Ribou, composée de trois volets d’exposition d’œuvres issues de la Collection Famille Servais, de rencontres et d’un espace de recherche réalisé en collaboration avec Fabrice Sabatier (.CORP) et Dieudonné Cartier.
Avec les artistes Marcos Avila Forero, Fayçal Baghriche, Andrea Canepa, Bouchra Khalili, Daniela Ortiz, Paulo Nazareth et Rona Yefman
Et avec la collaboration des étudiants de l’Ensa : Alexandra Benhamou, Marine De-Garnier-Des-Garets, Anaïs Docteur, Joëlle Forestier, Jeanne Lacroix-Boettcher, Étienne Meignant et Manon Vallé
Conférences
Fabrice Sabatier le jeudi 5 janvier à 16h30 – galerie La Box
Françoise Vergès le mercredi 25 janvier à 11h30 – amphithéâtre de l’Ensa
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L’île aux Lignes – premier volet d’exposition de la proposition curatoriale de Nicolas de Ribou, Souvenir de Mwene Mutapa – Cartographie exotique d’une collection – regroupe les œuvres de sept artistes, issus de la collection Famille Servais (Bruxelles), abordant le déplacement à travers une réflexion sur la frontière et ses aspects politiques.
Les lignes qui se dessinent ici sont de différentes natures.
La première évoque la route, celle qui sépare la frontière algérienne fermée à proximité d’Oujda et l’enclave espagnole de Melilla au Maroc qu’empruntent quotidiennement les candidats à l’exil pour rejoindre l’Europe. Dans sa vidéo, l’artiste colombien Marcos Avila Forero met en scène le parcours de la reproduction en plâtre d’une embarcation Cayuco utilisée pour traverser la Méditerranée. Poussée à même l’asphalte durant plusieurs jours, cette sculpture s’use et disparaît au fil des kilomètres laissant subsister dans son sillage la fine trace de son passage déposé au sol.
Il est aussi question de voyage. Un voyage sur une carte que propose l’artiste franco-marocaine Bouchra Khalili dans la vidéo Mapping Journey #5. Le parcours d’un trait noir inscrit au marqueur indélébile telle une constellation sur la face papier du monde. Des fils qui s’étirent, parfois se croisent et se recroisent. Le voyage d’un homme contraint par des circonstances politiques et économiques à un déplacement long, et dont la main et la voix nous guident, entre mésaventures, emprisonnements et bonnes opportunités, vers une destination finale dont on ne sait jamais quand ou si elle sera atteinte.
La ligne se fait également pointillé. Celle d’une marche à pied, un périple, un pas devant l’autre, qui mène l’artiste brésilien Paulo Nazareth de son Brésil natal à New York où il est invité en résidence artistique. Parti deux mois auparavant, il arrivera plus de six mois plus tard, riche d’une expérience de migration – tout à fait légale – qui lui aura permis d’apprécier les réalités d’un continent dont il cherche à se confronter aux différentes identités. Son œuvre surgit de toutes les actions réalisées dans les pays traversés, les relations et les échanges vécus, et dont la photographie Untitled (News from the Americas) est issue.
Dans la vidéo Pippi Longstocking at Abu Dis le déplacement est d’ordre symbolique. L’artiste israélienne Rona Yefman, en collaboration avec la performeuse danoise Tanja Schandler, fait sortir le personnage de Fifi Brindacier de la fiction pour le projeter dans la réalité. S’inspirant de sa réputation de fillette la plus forte du monde et qui ne croit pas aux frontières artificielles, les deux artistes tentent de faire bouger l’énorme mur de béton qui opère en ligne de séparation infranchissable entre Israël et Cisjordanie. L’action et le comportement de Fifi Brindacier reflètent la volonté d’un changement politique promouvant l’unité et la paix.
L’activiste et artiste péruvienne Daniela Ortiz dévoile dans sa vidéo FDTD (Forcible Druging To Deport) un rapport de l’US Immigration and Customs Enforcement daté de 2011 mentionnant le nombre élevé de déportations perpétrées. Après avoir lu ce document face caméra, elle se fait injecter une dose de 55 mg de drogue régulièrement administrée depuis 2003 par les officiers exécutant les ordres de reconduites à la frontière. Elle poursuit par la lecture du traité de libre-échange entre le Pérou et les États-Unis signé en 2006, pointant ainsi une ligne de conduite où les marchandises circulent plus librement que les hommes.
Déconstruisant les systèmes et modèles conçus grâce à une réflexion sur les formes, les couleurs et l’apparence des choses, l’artiste péruvienne Andrea Canepa joue avec les principes organisationnels et les sens originels. Son installation Untitled (Flags) aborde la question des identités latino-américaines, en isolant les formes composant les drapeaux des différents pays et en les réorganisant par couleurs. D’une fusion de ces symboles, d’un effacement de ce qui les rendait identifiables, naît la potentialité d’une construction commune, d’une association déplaçant les lignes de contours imposées.
Les identités nationales sont également effacées dans la sculpture Souvenir de l’artiste franco-algérien Fayçal Baghriche. Un globe terrestre lumineux qui tourne si vite sur lui-même ne permet de distinguer ni les pays, ni les continents ou les démarcations qui les détachent de l’océan. La perception d’une image familière, la mappemonde et les symboles nationaux qui y sont rattachés est mise à mal. Les espaces géographiques et l’intégrité de chaque pays disparaissent pour rêver d’un monde au-delà des apparences et ré-imaginer une réalité commune, une ligne de partage.
Exposition du jeudi 5 janvier au samedi 4 février 2017
Vernissage le 5 janvier à 18h
Conférences
Fabrice Sabatier le jeudi 5 janvier à 16h30 – galerie La Box
Françoise Vergès le mercredi 25 janvier à 11h30 – amphithéâtre de l’Ensa