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3 juillet 2017

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Organiser un événement artistique dans l’espace public. Guide des bons usages

Fichiers liés :

Collectif, sous la direction de José Rubio, Artcena, nouvelle édition actualisée, juin 2017

Bien que destiné en premier lieu aux acteurs du spectacle vivant, il nous semble que les artistes visuels pourraient être concernés par ce guide pratique (performances, actions éphémères…)

Destiné aux organisateurs d’événements, élus, compagnies, services municipaux, artistes et responsables techniques, il propose une méthodologie dans le respect de la réglementation, au service de la création artistique et centrée sur le dialogue et la collaboration entre tous les professionnels concernés. Son actualisation s’imposait au vu des évolutions de la législation mais aussi des problématiques de sûreté liées aux attentats. Dans ce contexte, il est effet essentiel de préserver la démarche des arts de la rue qui œuvrent pour le partage d’un acte artistique avec le plus grand nombre. Cette nouvelle édition a reçu l’aide du ministère de la Culture ainsi que le soutien du CMB-Santé au travail et de l’ISTS-Institut supérieur des techniques du spectacle d’Avignon.

Le guide est téléchargeable.


Depuis plusieurs décennies, les arts de la rue se développent avec une vitalité extraordinaire. Ce secteur artistique est devenu celui qui touche le public le plus large et le plus divers. S’il n’y a pas de fronton qui maté- rialise la place de ces formes artistiques comme ceux qui ornent nos mai- sons de spectacles et d’expositions (théâtres, opéras, salles de concerts, musées…), c’est que le cadre de scène est partout sur les territoires où la rencontre entre une œuvre et son public a eu lieu. On se souvient, on s’émerveille, on se raconte des années après l’image d’un spectacle en traversant l’espace urbain ou en parcourant certains sites naturels.

L’organisation spatiale de nos villes et de nos territoires doit permettre l’expression de ces propositions artistiques en favorisant leur accueil. La fragmentation des espaces pour satisfaire aux objectifs fonctionnels (circulations diverses, mobilier urbain…) ou pour générer des recettes pour la collectivité (terrasses, parking…) ne doit pas être un obstacle à la production d’événements artistiques. L’espace public doit accueillir ce qui peut devenir une fête des sens, de l’émotion, de l’esprit et du partage, et donc privilégier ces projets collectifs plutôt que de laisser le champ libre, au moins pendant un temps, à trop d’in- térêts individuels. La transformation éphémère des lieux non bâtis en site de représentation n’est possible qu’en préservant la mobilité, la réversibilité des installations pérennes, parfois trop invasives.

Présenter ces formes artistiques dans l’espace public ne permet certes pas de dépasser totalement les réticences à recevoir une œuvre artistique. Cela constitue cependant une tentative bien souvent réus- sie de modifier la structure sociale du public. Le théâtre de rue n’est pas uniquement populaire par la diversité du public qu’il sait capter ou convoquer. Il l’est aussi par les modalités de sa mise en œuvre. C’est le fait de mettre à contribution l’ensemble des acteurs de l’espace public qui renforce sa dimension populaire, qui lui permet de s’adresser à tous. Ce travail en commun additionne les forces de tous les intervenants : les artistes, les services des collectivités locales, les techniciens, l’en- semble des services publics qui œuvrent à la réalisation de ces pro- positions artistiques. La médiation avec le territoire passe par cette participation très pragmatique de nombreux intervenants.

Investir l’espace public par un acte artistique est souvent vécu comme l’exercice d’une liberté inaliénable. Notre société a cependant développé le besoin de se sentir en sécurité en toute circonstance. Les événements culturels, comme toute autre activité, sont soumis à des règles. Récemment, s’est ajoutée la dimension de la sûreté, qui vise à prévenir le risque d’attentat et nous conduit à interroger la liberté d’expression dans l’espace public. Prendre en compte les paramètres de sécurité et de sûreté avec l’ensemble des interlocuteurs en présence est un nouvel enjeu pour ce secteur artistique.

Après l’événement, dès le lendemain, l’espace occupé par la pro- position artistique retrouve ses activités habituelles. Il reste cependant ce moment de rencontre du public avec une œuvre sensible, poétique et porteuse d’humanité. C’est une graine plantée qui, en se développant, peut contribuer à faire rempart contre l’intolérance et le repli sur soi.