Lus Dumont a plusieurs activités. Elle participe à des actions collectives, édite de petits fanzines et fait de la peinture. Cette dernière, la peinture, m’intéresse plus particulièrement, notamment la série «Delicatessen». Ces œuvres sont par ailleurs visibles à la Boîte Noire (Tours).
Ces peintures pointent trois manières de représenter des corps nus. Ce qui me frappe en premier lieu ce sont les mains rouges. Ces mains sont comme ébouillantées. Elles se séparent du reste du corps et attirent l’œil du spectateur. Les corps sans tête renforcent la présence des mains. Il ne reste que des mains sans tête. Les corps nus se confrontent aux marges du cadre comme aux vitres (réelles) de l’encadrement, ils sont comme poussés, tassés sur les rebords et sur les vitres. La combinaison des trois éléments, tel un corps acéphale aux mains rouges, révèle la place que nous réservons aux corps dénués des habits de la distinction sociale. À la fois seuls, un peu précaires, ces corps laissent apparaître une forme d’auto-érotisme un soupçon douloureux. D’autant que le titre de la série, «Delicatessen», nous renvoie explicitement aux célèbres écorchés d’un Rembrandt ou d’un Soutine. Il reste que la douceur de la facture picturale, donc de l’exécution, et ce malgré les coupes du corps, exprime une existence dépouillée plutôt qu’un corps écorché. Serait-ce une fragile allégorie de la période que nous subissons depuis un an — des corps privés de liberté de mouvement, des corps nus incarcérés ?
Lus Dumont s’investit également pour la causes des femmes et des minorités au sein de l’association Troubles, basée à Tours. L’artiste participe aux multiples actions et interventions que déploie le collectif. On retrouvera toutes les informations à cette adresse : https://www.facebook.com/collectiftroubles/
Sammy Engramer