Histoire d’un recensement
Les œuvres, la plupart méconnues, du 1% artistique dans les lycées publics de la région Centre-Val de Loire viennent de faire l’objet d’un recensement mené par le service Patrimoine et Inventaire (SPI).
Soutenir les artistes, associer les arts à l’architecture et rapprocher artistes et société sont les principaux objectifs du 1% artistique, imaginé par Jean Zay pendant le Front populaire.
Mise en œuvre en 1951, « cette procédure prévoit de consacrer, à l’occasion de la construction ou de l’extension d’un bâtiment public, 1% du coût des travaux à la commande ou à l’acquisition d’une ou de plusieurs œuvres d’art conçues par des artistes pour être intégrées au bâtiment considéré »1 . Des bâtiments de l’Éducation nationale, auxquels elle était destinée, elle s’est progressivement étendue à de nombreux édifices publics, qu’ils appartiennent à l’État ou aux collectivités territoriales.
La Région Centre-Val de Loire est compétente en matière d’investissement et de fonctionnement des lycées depuis les lois de décentralisation de 1983. C’est pourquoi la direction générale éducation, culture et sports de la Région Centre-Val de Loire a demandé au SPI un recensement des œuvres du 1% artistique dans les lycées publics de la région.
Missionné pour ce recensement, Claude Quillivic, chercheur au SPI, a d’abord donné une estimation à partir de sources d’archives, puis il s’est rendu dans chacun des établissements scolaires et a ainsi découvert de nouvelles œuvres. Une couverture photographique professionnelle des œuvres complètera le recensement. Finalement les lycées de la région Centre-Val de Loire comptent plus de 133 œuvres du 1% artistique, une vingtaine environ dans chacun des six départements. Décors d’architecture (revêtements, reliefs, céramiques, mosaïques, sculptures monumentales, etc.), mobiliers (tapisseries, peintures, photographies, etc.) ou œuvres issues de nouvelles formes d’expression (installations, performances, œuvres collaboratives, etc.), la diversité est de mise même si la fonction décorative constitue une importante majorité du 1% artistique.
Ce recensement fournit une base de travail fiable et précise aux équipes chargées de gérer et de veiller sur le patrimoine bâti et mobilier des lycées. Il identifie également les œuvres les plus fragiles ou endommagées. Enfin, cette première connaissance des œuvres du 1% artistique pourra susciter des études, encourager leur reconnaissance et nourrir différentes actions de valorisation.
Les personnels des lycées et habitants ayant connaissance d’œuvres du 1% artistique ou les auteurs des œuvres peuvent nous contacter pour compléter nos informations : inventaire@regioncentre.fr.
1 Cent 1 % / [Philippe Régnier] ; [ouvrage conçu et dirigé par Dominique Aris et Cristina Marchi]. – Paris : Éd. du Patrimoine-Centre des monuments nationaux, 2012. – 207 p. : ill. en noir et en coul. ; 27 cm. – Bibliogr. Index. – ISBN 978-2-7577-0183-6.
Le « 1% artistique » avant et après la décentralisation :
Le « 1% artistique », communément désigné, est une procédure spécifique de commande d’œuvres à des artistes vivants relative à la décoration des constructions publiques. Entrée en vigueur en 1951 (arrêté fondateur du 18 mai 1951, modifié le 15 mai 1975), cette mesure de soutien à la création contemporaine s’inspire d’une initiative de Jean Zay, ministre de l’Éducation et des Beaux-Arts durant le Front populaire. Elle vise actuellement à consacrer à l’occasion de la construction, de la réhabilitation ou de l’extension d’un bâtiment public 1% du coût des travaux à la commande ou à l’acquisition d’une ou de plusieurs œuvres d’art contemporain pour les intégrer au bâtiment en question ou à ses abords. D’abord mise en œuvre à l’éducation nationale, la mesure a été étendue à d’autres constructions publiques de l’État, puis des collectivités territoriales suite à la loi de décentralisation du 22 juillet 1983 (loi n° 83-663, article 59). Faute de circulaire d’application, cette obligation a été partiellement ou diversement mise en œuvre dans les collectivités. L’arrêté relatif à l’obligation de décoration des constructions publiques, modifié par celui du 4 février 2005 (n° 2005-90), puis par la circulaire du 16 août 2006 fixant les conditions d’application, a permis la relance et l’expansion de la procédure.
Les caractéristiques essentielles de l’œuvre « 1% artistique » :
Les objectifs de la mesure sont premièrement d’ordre artistique, en veillant à l’intégration étroite de l’art contemporain sous diverses formes d’expression plastiques et esthétiques dans l’architecture et ses abords. Ce qui permet de créer une collaboration intéressante et innovante entre artistes et architectes. Ces objectifs sont aussi d’ordre pédagogique. En effet, mettre l’œuvre en dehors d’institutions spécialisées, au contact de l’individu, contribue à sensibiliser le public à l’art contemporain, et selon les lieux, dès son plus jeune âge. Enfin, par son caractère obligatoire, cette mesure offre aux artistes une certaine reconnaissance ainsi que des opportunités économiques en les aidant à vivre de leurs créations.
En Région Centre-Val de Loire :
Du fait du transfert de compétences liées aux lois de décentralisation, l’éducation nationale a cédé le parc immobilier des lycées et son équipement. La Région Centre-Val de Loire réunit ainsi dans ses lycées publics, ses Établissements régionaux d’enseignement adapté (EREA), son Centre régional d’éducation populaire et de sports (CREPS) et dans quelques établissements culturels ou sportifs construits sous sa maîtrise d’ouvrage, plus d’une centaine d’œuvres dont le recensement a été réalisé depuis 2014. Ce recensement, complété d’une analyse systématique des documents d’archives (Archives nationales et facultativement Archives départementales ou municipales), a permis d’identifier 103 œuvres du « 1% artistique » à leur emplacement initial pour l’essentiel, ainsi que 17 œuvres disparues. Le recensement révèle la grande variété des œuvres : sculpture, mosaïque, peinture, photographie, création graphique, installation, etc. La sculpture étant la forme d’expression plastique majoritaire. Ainsi, 108 artistes, ayant travaillé seul ou en binôme, ont créé ces œuvres du « 1% artistique » en région Centre-Val de Loire. Certains, renommés ou moins connus, ont réalisé plusieurs ouvrages, notamment Olivier Debré, Albert Féraud, Marcel Gili, Nicolas Untersteller, Michel Saint-Oliveou encore Wilson Trouvé. Enfin, les statistiques dévoilent des périodes de création inégalement représentées : 54 œuvres ont été réalisées de 1951 à 1971, 32 de 1972 à 1992 et 28 de 1993 à 2013.
L’ensemble de ces œuvres d’art contemporain forme un important corpus dont il conviendra de faire l’étude approfondie en même temps que faciliter leur conservation et leur mise en valeur.
-
Amboise, Lycée Léonard de Vinci : ensemble de deux tableaux, « La Loire, le soir » et « Amboise, le matin » par Olivier Debré en 1970.
-
Argenton-sur-Creuse, Lycée Rollinat : sculpture, « Gallaxy » par Daniel Szakonyi en 2000.
-
Bourges, CREPS : trois photographies (auteur non identifié).
-
Bourges, Lycée Jean Mermoz : sculpture, « La tectonique des plaques » par Béatrice Dacher en 2012.
-
Bourges, Lycée Marguerite de Navarre : 41 médaillons de femmes célèbres par Jean et Jacqueline Lerat en 1952.
-
Chambray-lès-Tours, Lycée agricole de Chambray-lès-Tours : décor adhésif sur verre, « Le rapport à la salade ? » par Julien Celdran en 2012.
-
Châteauroux, EPLEFPA de Châteauroux dit Naturapolis : décor mural par Dominique Foucher et Michel Dubosc en 1967.
-
Châteauroux, EPLEFPA de Châteauroux dit Naturapolis : sculpture par Marcel Brun en 1967.
-
Châteauroux, Lycée Blaise Pascal : buffet d’eau par André Bizette-Lindet en 1965.
-
Châteauroux, Lycée Blaise Pascal : sculpture, « Blue Blazes » par Daniel Szakonyi en 1994.
-
Châteauroux, Lycée Pierre et Marie Curie : bas-relief, « Cela s’appelle l’aurore » par Coulon Georges en 1957.
-
Chinon, Lycée François Rabelais : deux vantaux de porte en marqueterie par Michel Lefèvre en 1971.
-
Le Subdray, Lycée agricole du Subdray (EPLEFPA du Cher) : fabriques de jardin, sculptures « Auxiliaires et Parasites » par Carolyn Wittendal et Benjamin Jacquemet-Boutes en 2010.
-
Le Subdray, Lycée agricole du Subdray (EPLEFPA du Cher) : fabriques de jardin, sculptures « Auxiliaires et Parasites » par Carolyn Wittendal et Benjamin Jacquemet-Boutes en 2010.
-
Montargis, Lycée En Forêt : ensemble sculpté, « Les énigmes » par Louis Leygue en 1971.
-
Nogent-le-Rotrou, Lycée Rémi Belleau : sculpture, « Minotauromachie » par René Leleu en 1975.
-
Orléans, Lycée Benjamin Franklin : fresque, « La Famille » par Nicolas Untersteller en 1958.
-
Orléans, Lycée Pothier : deux décors muraux, « Les Sciences et les Arts » et « Les Sciences et la Vie » par Nicolas Untersteller en 1960.
-
Romorantin-Lanthenay, Lycée Claude de France : décor mural, « Le Bal du Grand Meaulnes » par Pierre Sabatier en 1967.
-
Saint-Jean-de-Braye, Lycée Gaudier-Brzeska : aménagement paysager et sculptures, « Nodus » par Damien Valero en 2011.
-
Tours, Lycée Albert Bayet : cloison, « Géométrie et Architecture » par François Clarens en 1970.
-
Tours, Lycée Grandmont : statue, « La jeunesse » par Antoniucci Volti en 1962.
-
Tours : Lycée Grandmont, groupe sculpté, « L’Indre et la Loire » par Michel Saint-Olive en 1962.
-
Tours, Lycée Gustave Eiffel : sculpture par Karl-Jean Longuet en 1967.
-
Tours, Lycée Victor Laloux : décor mural et ensemble de cinq bancs par Moon-Pil Shim en 2012.
-
Vendôme, Lycée André Ampère : photographie, « Paysages » par Thierry Fontaine en 2007.
-
Vendôme, Lycée André Ampère : sculpture, « Le cheval » par Christian Téchouèyres en 1977.
-
Vierzon, Lycée Henri Brisson : grille d’entrée décorative par Maurice Gardon en 1969.