De tous les mots, c’est sans doute le mot « atelier » qui définit le mieux la démarche de Yo Marchand.
Un  territoire premier découvert en présence d’un père ébéniste d’art. Un lieu propice  à l’éveil et à l’accomplissement de soi. Un espace à vivre entre matières, formes et couleurs. De Montluçon à Casablanca, de Casablanca à Paris, Yo Marchand n’a cessé d’arpenter son atelier originel, de construire, de toile en toile, son périmètre imaginaire, de  jalonner ses partitions picturales de mille et une variations chromatiques.
Atelier de la mémoire en devenir. Atelier du geste créateur. Atelier du logos et de l’imprimé. Atelier de réflexion et de mise en abîme du temps.

« Au pied du mur » – ainsi commence d’ailleurs l’un de poèmes de Yo Marchand – il y a toujours une toile que l’artiste aura pris soin de préserver de toute interprétation hâtive,  une couleur, un médium et une texture nés d’un dialogue silencieux, une nécessité intérieure qui prend le pas sur toute préoccupation extérieure.
Il y aussi un réel bonheur dans l’acte de peindre, un pôle magnétique, celui de la  matière, que l’œil et la main dotent de leur propre syntaxe, une disposition d’esprit devenue espace ou levain du tableau. Aussi n’est-ce pas étonnant qu’en lectrice de Simone Weil, Yo Marchand  nous confronte à « l’évidence du beau », ou mieux encore à « la preuve expérimentale que l’incarnation est possible ».

Résolument fidèle à son éthique, l’artiste met chacune de ses toiles à l’épreuve du temps, scrutant et corrigeant sans cesse ses mélodies tactiles, visualisant le négatif et le positif de la surface à voir, parcourant d’une ou plusieurs entailles ses avancées dans la lumière. Travaillée au couteau, la toile devient dès lors une réalité autonome, une géologie intérieure témoin de la mise en œuvre de la peinture et de sa propre durée.  De la parabole du dessin à la parabole du regard, il n’y a pour Yo Marchand qu’une seul et même fil d’Ariane : l’acte de peindre. Il se pourrait même que ses œuvres de demain nous réservent déjà d’autres métamorphoses…

Informations pratiques :
Ouvertures les vendredis, samedis et dimanches, de 15 heures à 19 heures et sur rendez-vous.
Entrée libre.