En octobre 2014, les personnels du service d’imagerie du Centre hospitalier Jacques Cœur ont contacté l’École nationale supérieure d’art de Bourges pour explorer les possibilités d’intervention artistique dans les longs couloirs monotones et salles neutres du service.
Un dialogue s’est ainsi instauré entre professeurs, étudiants et personnels, donnant lieu en octobre 2015 à une convention de partenariat entre le Centre hospitalier et l’École, un partenariat fondé sur la volonté commune de développer des projets artistiques dans le contexte de l’hôpital.
Parmi la dizaine d’études développées, Yoko Iinuma, Elizabeth Yeojin Jung et Joon-Young Yoo, jeunes diplômées et étudiantes en 5e année de l’ENSA ont vu, après un processus de recherche, puis de présentation, leur projet validé à l’unanimité par le personnel soignant et administratif du service d’imagerie de l’hôpital.
Ce processus reprend, à l’échelle de l’école d’art, celui de lacommande publique du Ministère de la Culture et de la Communication : l’artiste doit en effet concevoir une étude préalable et la présenter au commanditaire avant de passer à la phase de réalisation. Antonio Guzmán, Nicolas Hérubel et Didier Mencoboni, les professeurs qui ont encadré cette action pédagogique hors-les-murs de l’école d’art au sein de leur Atelier de recherche et de création (l’ARC Le bras du pantographe) ont tenu à respecter les règles en vigueur dans ce type de projet.
Pour les étudiantes et jeunes artistes, cette action offre la possibilité de se confronter pour la première fois aux contraintes de la commande publique artistique. Il s’agit avant tout d’entrer en dialogue avec un environnement spécifique et d’en comprendre les règles et les usages.
Travailler à l’échelle d’un bâtiment public représente une chance de réaliser une première œuvre qui fera date dans la suite de leur parcours. Il est très difficile pour les jeunes artistes d’accéder, en situation professionnelle, à ces processus de commande sans aucune référence dans ce domaine.
Au plan de la professionnalisation, ce partenariat entre l’école d’art et l’hôpital est un très bel exemple de soutien à la jeune création. Au plan artistique, l’exercice est tout aussi passionnant. Ces œuvres répondent au contexte en cherchant à la fois à cohabiter avec les espaces, mais aussi à les questionner dans leurs fonctions. Entre l’œuvre et l’architecture, un dialogue s’instaure.
Pour paraphraser le sculpteur irano-américain Siah Armajani, elles ne sont pas ici pour rehausser l’architecture, pas plus que l’architecture n’est là pour les loger ; elles sont destinées à voisiner.
Nous espérons que ces œuvres puissent ainsi entrer en dialogue et « voisiner »avec leur contexte et tous ceux qui utilisent ces espaces au quotidien, patients, membres du personnel et visiteurs occasionnels.
Nous remercions particulièrement ces trois jeunes artistes et les professeurs pour leur implication, et les membres du personnel du service d’imagerie pour la qualité des échanges et du partenariat.
Mai 2016
Agnès Cornillault
directrice du Centre hospitalier Jacques Cœur
Antoine Réguillon
directeur de l’École nationale supérieure d’art de Bourges