EXPOSITION DE SLIM CHELTOUT & MAUD VAREILLAUD-BOUZZINE
+ DJ SQUIRREL
Samedi 20 mai de 20h à 1h
dans le cadre de la Nuit Européenne des Musées
Eternal Gallery invite les noctambules dans une ambiance conviviale et festive, en transformant le petit pavillon d’octroi en discothèque éphémère. Les célébrations nocturnes, à l’image de Noël, ont toujours ce double effet de joie partagée et de rejet, comme si l’invitation à la fête devait nous divertir pour oublier la morosité et la misère. Les artistes Slim Cheltout et Maud Vareillaud-Bouzzine ont accepté de « faire diversion », en présentant des œuvres qui, de la distraction à la lucidité, jouent avec la toxicité du langage et des images.
Deux artistes qui dévitalisent les clichés
Si l’un est franco-tunisien, l’autre franco-marocaine, la double nationalité est certainement l’origine de la part autobiographique des œuvres de deux artistes : des problématiques liées au déracinement, à l’ambigüe poétique de la violence, aux représentations médiatiques des minorités. Slim Cheltout et Maud Vareillaud-Bouzzine sont tous deux attentifs aux bruits, crissements ou chuchotements de notre société. À partir de prélèvements dans l’imagerie et le langage politico-médiatiques, ils vont dépecer le trop visible, les évidences télévisuelles, des images trop vues, des mots trop entendus, galvaudés et dévitalisés de leur sens. Mais c’est par le détournement poétique, l’usage de médiums académiques et une vénéneuse légèreté qu’ils redonnent vie et sens aux paroles confisquées.
La « Douce France » de Slim Cheltout
Le travail de Slim Cheltout s’est construit sur les notions de circulations et de confrontations entre les différents territoires politiques et culturels. Il y a une certaine candeur dans ses œuvres, qui n’apportent pas de réponses, mais qui, comme le ferait un enfant, posent des questions simples et universelles avec une authentique sincérité. Ne pas prendre parti lui permet de mettre sur la table l’évidence de ces questions. Et cette posture enfantine se retrouve dans la facture même de ses travaux, des peintures bien exécutées mais proches de l’art naïf, des cabanes faites avec des draps imprimés, l’utilisation de jouets…, mais surtout des machines qu’il fabrique lui-même avec un aspect « bricolage » et qui, quand elles s’activent, laissent entendre les bruits de moteur, des grincements, avec une efficacité approximative. Lors de la Nuit des musées, Slim Cheltout investit l’esplanade de la place Choiseul, avec Douce, une micro-architecture en forme de toile de tente montée sur un berceau, dans laquelle les visiteurs sont invités à s’allonger. L’œuvre est frappée du drapeau français à l’extérieur et, à l’intérieur, animée par une succession d’écrans en mouvement, où apparaissent des mots. La partition de ces mots énumère, de manière objective, les termes les plus utilisés par les candidats aux élections présidentielles. Cette objectivité qu’exploite Slim Cheltout désamorce toute passion vis-à-vis du vocabulaire politique.
Le bal déglingué de Maud Vareillaud-Bouzzine
Maud Vareillaud-Bouzzine exprime un besoin urgent de traiter des questions sociales : la restriction de l’espace vital humain, l’illusion sécuritaire, l’attachement affectif à un certain urbanisme social, les mythologies qui se sont construites après le soulèvement des banlieues en 2005. Souvent, c’est par le truchement d’un art académique – la tapisserie, le vitrail, la porcelaine –, ou en s’emparant de modes de représentation institutionnels – la vidéo surveillance, la carte postale, le plan topographique –, qu’elle aborde sans concession des sujets cruciaux. « Simples et pourtant composées de plusieurs niveaux de lecture, ses œuvres ont une puissance évocatrice, une évidence que l’on voit peu » (Jérôme Diacre). Pour Eternal Gallery, elle propose de célébrer la Nuit des musées par une installation festive où elle invite le public à danser sur les sons de DJ Squirrel, dans une ambiance lumineuse particulière. Au plafond, tourne une grosse boule à facettes déglinguée ; il s’agit d’une accumulation de rétroviseurs cassés à coup de batte de baseball, dont les reflets miroitants sont irrégulièrement projetés, comme un bal qui aurait mal tourné.
La mortelle séduction de DJ Squirrel
Comme l’an dernier, Eternal Gallery transforme l’octroi en dancefloor éphémère. Fidèle à nos rendez-vous, DJ Squirrel partira du tube de Britney Spears, intitulé Toxic, dont la courte transition des violons sonne comme un cri d’urgence entêtant ; et ce n’est pas un hasard si l’émission de France Culture, « La Dispute », l’a reprise comme jingle. DJ Squirrel débutera son set par une écoute de sons blancs ponctués de différentes reprises de Toxic, comme un disque rayé et troublant. Puis il enchaînera, jusqu’à 1 heure du matin, avec l’intention de faire danser nos visiteurs.
Dans Toxic, la chanteuse américaine parle d’un homme comme d’une drogue à laquelle elle serait accroc. Tandis que « La Dispute », propose à des critiques de donner leur avis argumenté sur telle ou telle œuvre. C’est donc à une dispute musicale et lumineuse à laquelle convient les artistes Slim Cheltout et Maud Vareillaud-Bouzzine, à voir et à activer deux œuvres aux apparences douce pour l’une et festive pour l’autre, mais qui nous charment comme un produit toxique : séduisant, flatteur et mortel.
INFORMATIONS PRATIQUES
Eternal Gallery
Les Octrois, place Choiseul • Tours
20 mai 2016
20h > 01h
Entrée libre
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Cette exposition reçoit le soutien de la Ville de Tours, de la DRAC Centre, de la Région Centre – Val de Loire, du Département d’Indre-et-Loire, du Crédit Mutuel ainsi que du concours du pOlau, de la Compagnie Off